Thierry Sinda

Par | 18 mai 2014|Catégories : Blog|

Orig­i­naire du Con­go, pro­fesseur de let­tres, poète, cri­tique, de ciné­ma au mag­a­zine “Ami­na” et auteur d’une thèse sur la négri­tude. Il a pub­lié un drame poé­tique “Voy­age en Afrique à la recherche de mon Moi Enivré” aux Edi­tions Atlanti­ca (www.atlantica.fr)

Antholo­gie des poèmes d’ amour des Afriques et d’ Ailleurs ( Orphie 2013).

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Thierry Sinda

Par | 1 septembre 2013|Catégories : Blog|

Dans un paysage édi­to­r­i­al et poé­tique français dans lequel la part de la poésie d’Afrique noire est restreinte, la paru­tion de ce vol­ume est un bol d’air qui force le respect. On remerciera dont Thier­ry Sin­da, pro­fesseur de lit­téra­ture et de ciné­ma africain, cri­tique de ciné­ma et prési­dent du fes­ti­val Print­emps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs, fes­ti­val dans lequel cette antholo­gie s’inscrit. Sin­da nous offre un sacré voy­age dans les pays de la négri­tude et de la néo-négri­tude. Ce qui est affir­mé avec justesse, dès les pre­mières pages, dans les mots de George Pau-Langevin : « Cette antholo­gie se veut le recueil des meilleures expres­sions poé­tiques sur l’amour qui ont illu­miné les qua­tre dernières années de ce Print­emps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs. Ces poèmes s’inscrivent dans ce puis­sant courant de la lit­téra­ture fran­coph­o­ne qu’ont représen­té avec tal­ent Aimé Césaire et Jacques Rabamananjara ».

L’édition du fes­ti­val était par­rainée par Jacques Rabé­manan­jara et Mar­tial Sin­da, et c’est sur leurs textes que s’ouvrent l’anthologie, juste après la présen­ta­tion du maître d’œuvre Thier­ry Sin­da, lequel affirme avec force et justesse que « le fleuve de la poésie africaine ne s’est nulle­ment tari après Sen­g­hor et Césaire ». Il faut vrai­ment n’avoir jamais mis la plume sur le con­ti­nent africain pour affirmer une bêtise pareille et l’on sait gré à Sin­da de remet­tre les pen­d­ules à l’heure. Vien­nent ensuite les très beaux Chants pour une jeune con­go­laise de Mar­tial Sin­da, avec cet extrait que je choisis :

 

Reine-femme-nue-noire
Toi seule fais la fierté,
Toi seule est l’Annonciatrice
De la Paix et du Bon­heur africains enveloppés
Dans un gouf­fre rouge.

 

Il est à not­er que cette pre­mière par­tie du vol­ume, comme l’ensemble de cette antholo­gie, est accom­pa­g­née de présen­ta­tions pré­cis­es ain­si que de pho­togra­phies des dif­férents poètes. Tout cela fait de cette antholo­gie un opus qui fera date.

La sec­onde par­tie est con­sacrée aux « Poètes invités d’honneur du fes­ti­val ». Le lecteur y décou­vri­ra ou redé­cou­vri­ra les poésies de René Maran, Léon-Gontran Damas, Raoul-Philippe Dana­ho, Aimé Césaire, Joseph Zobel, Léopold Sédar Sen­g­hor, Annette Mbaye d’Erneville, Paule Nardal, Kok­ou-Paulin Joachim, Bernard Dadié, Jean-Bap­tiste Tiémélé, Sébastien Matin­gou, Flavien Ranai­vo, F‑X Mahah, Vital Heur­te­bize, Jacques Ran­court, Franck Del­la Motte et Le Quang Sinh.

Hon­neur ici à la négri­tude sur son ver­sant féminin, avec cet extrait d’un poème d’Annette Mbaye d’Erneville :

 

Tu es homme, ce soir !
Tu es homme, mon fils !
          Par la lame tranchante
          Par ton sexe éprouvé
          Par ta peur refoulée
          Par la terre des Ancêtres

 

La troisième par­tie de l’anthologie est con­sacrée aux « Poètes des Afriques » et s’ouvre sur une superbe pho­to de Michaël Udofia, pho­to mon­trant la file des poètes marchant sur un trot­toir, valise à la main. Une pho­to qui fait sens dans l’histoire d’ensemble de la négri­tude. Le lecteur trou­vera ample­ment son bon­heur à la lec­ture des textes signés : Marie-France Dana­ho, Louis-Philippe Dalem­bert, Fer­dy Ajax, Daniel Ille­may, Romuald Chery, Solal Valentin, Ozoua, Denise Cheva­lier, Enide Dar­ius Gor­di­en, Iver­lene Wor­rell-Dial­lo, Sey­dou Beye, Amadou Eli­mane Kane, Nanou Youla Yansane, Sophie Cerceau, Alain-Alfred Mouta­pam, Eve­lyne Pèlerin Ngo Maa, M’Boka Kiese, Léopold Con­go Mbe­m­ba, Hen­ri Pémot, Thier­ry Sin­da, Shom­ing, Fredy Jaofera, Francine Ranai­vo, Antsi­va, Houria, Ben Nod­ji, Touh­fat Mouhtare, Habib Osmani, Fati­ma Chbibabe-Ben­naçar, Ines Oue­lasti, et Monia Boulila dont on peu lire des poèmes dans nos pages.

Par­mi bien des per­les, on peut lire ce poème de Fati­ma Chbibane-Ben­naçar, Au bord de la volup­té :

 

J’ai déchiré le silence
De la nuit sélène
Qui, par sa clarté,
Rav­it ton regard
Eclip­sant ma présence.
 

Moi, jaloux de la lune,
De mes mains brûlantes,
De mes ten­dres caresses
Et sen­suelles étreintes
Je t’ai fait offrande
Pour que ton corps en naufrage
Me trou­ve à son secours.
 

De ma bouche suave
Coule un souf­fle brûlant
Qui donne aux rêves
L’espoir de se réaliser
La joie et le confort
Et retient ton corps
Au bord de la volupté.
 

J’ai semé avec confiance
Mille et une étoiles
Sur les chemins du désir
Où pren­nent source
Les riv­ières fécondes
Dans le clair-obscur
De nos plaisirs partagés.
 

Aux pre­mières lueurs de l’aube,
J’ai levé, à la cadence de mon vent,
Les voiles de ton navire tanguant
Qui chavi­ra avant de s’échouer
Sur la grève blanche
D’un rivage aux mille splendeurs
Nées dans les arcanes de nos cœurs.
 

Une qua­trième par­tie pro­pose des « Poètes d’ailleurs », avec tou­jours ce même souci de la richesse poé­tique : Gio­vani-Michel del Fran­co, Téo­dia Téodoro, Aude-Mar­guerite Schmitt, Rénal­do Guer­riero, Dêva Koumarane et Jaimé Galdos.

Les dernières pages de ce beau livre com­por­tent un index, des doc­u­ments inédits et des annex­es. Hon­nête­ment, cette antholo­gie a voca­tion à fig­ur­er dans la bib­lio­thèque de tout ama­teur et de toute ama­trice de poésie.

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