Tout a été écrit, tout a été chanté.
Et ce que l’on écrit ou chante encore
compte de moins en moins, s’entend plus faiblement
à tra­vers le vent marin dans les pom­miers et à travers
le pépiement affamé des petits étourneaux dans les nichoirs,
au-dessus de la tête des poètes. Plus tu vis,
par­les et écris, plus il te devient clair
que tu es sur une île, anci­enne et usée,
sous laque­lle s’en trou­ve une autre,
plus proche du feu, plus proche du vrai peut-être,
mais plus loin de ces mots que nous échangeons
et jetons ici au vent de la Baltique.

 

 

Extraits de Öölin­nud – öömõt­ted [Oiseaux de nuit — pen­sées de nuit] (1998).
Traduit de l’estonien par Antoine Chalvin.

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