Pour notre âme, les hommes sont des cristaux :
ils sont la nature transparente.

Novalis

 

La poésie est trans­parence de l’in­vis­i­ble. Elle est dans la recherche char­nelle de la trans­parence aux lèvres sen­suelles, au galbe des formes de la femme ronde, même si le plus sou­vent elle n’ap­pa­raît qu’en formes décharnées d’anorex­ique. Si la beauté est fille de l’in­vis­i­ble, elle occupe toute la place en sa rose iri­des­cence nacrée. Pour le voy­ant, la beauté est irradiante.

Son impact est per­cus­sion et tumulte. Elle foudroie dans sa furtive ful­guriance. Rétive comme l’a­mande en sa coque dure, elle n’of­fre son lait que l’e­space-temps d’un regard éclair. Ses lèvres fasci­nent, son touch­er brûle les doigts de désir.

Ses feux nour­ris­sent, sa cosse recèle l’essen­tiel. Sous la verdeur de ses apparences, elle masque la réal­ité de son tré­sor, la source tou­jours cachée. Le poète ne cherche qu’à en bris­er l’é­corce, à en déchir­er le voile. Il veut embrass­er ses lèvres entrou­vertes dans sa con­tem­pla­tion, il brûle d’at­tein­dre le secret de sa lumière, ― son éblouis­sant mystère.

Au cœur de la frag­ile vision de jaspe et de cor­naline, il meurt d’en­fon­cer un doigt dans sa bouche, de caress­er son noy­au invi­o­lable dans l’ob­scur. Sa lumière est pour le voy­ant révéla­tion de son secret. Sa trans­parence met à jour la chair de l’in­vis­i­ble,    ― elle provoque le poète aux trem­ble­ments sacrés de la parole.

 

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