Nous sommes au Cen­tre Georges Pompidou
Sur le parvis du centre
En haut sur la gauche
En regar­dant d’en bas
Le parvis est en pente
Et pavé de surcroît
Pavés aux arêtes vives
Le pied s’étrangle
Sauf à être bien chaussé
Pavés en gran­it gris d’on ne sait où
Prenons un indi­vidu lambda
Une femme du monde
Un homme de peine
Un pousse-cail­loux un pédicure
Qui n’a rien à voir
Avec la con­sonne spi­rante latérale palatale voisée
Deman­dons-lui de se planter
En haut sur la gauche
En regar­dant d’en bas
Du parvis de Notre-Dame
Des longs tuyaux
Char­geons-le d’un sac de fin sable d’or
Décrivons la chose
Le hap­pen­ing si vous voulez
L’individu plonge la main dans le sac
En retire une poignée d’or fin
Pousse un cri d’or frais
Cherche en elle un grain
De sa folie non
Mais un grain d’or
Un seul un fin
Un seul très dif­fi­cile à saisir
Il va devenir fou
Tomber raide
Sur le car­reau de gran­it gris
Demandons-lui
De dépos­er le grain
Sur le pre­mier pavé du parvis
En haut sur la gauche
En  regar­dant d’en bas
Deman­dons-lui de déposer
Un deux­ième grain
Sur le deux­ième pavé
Du parvis en haut
Sur la gauche
En regar­dant d’en bas
Peu plus à droite néanmoins
Un grain d’or sur chaque pavé
Doit être, demeurer
Mal­gré les courants d’air
Les pas­sants désœuvrés
Les rôdeurs les bonimenteurs
La pluie
Notre indi­vidu progresse
Grain à grain c’est pénible
Parvient au pavé trois
Y dépose le grain
Difficile
Car l’or est fin très dif­fi­cile à saisir
Invis­i­ble dans la main
Une fois déposé le grain invis­i­ble encore
Vous avez droit à la loupe
On est pas des chiens attention
Si le grain du un
S’est envolé
Inter­dic­tion de continuer
Or le grain s’envole
Celui du un du deux du trois
C’est la loi
Que le souf­fle impose
Que le manque accroît
Le parvis n’est pas grand
Le grain est rare
Les pavés innombrables
Tout de même comptons
Deux cents mètres
De large
Sur cinquante mètres
De descente
Abrupte
Donc souf­flons, soufflons
Souf­flons un peu
Deux cents mètres que mul­ti­plie cinquante
Atten­dez j’écris les chiffres dans un coin
De ma feuille
Pour cal­culer être certain
De ne pas me leurrer
D’être en vie
Un zéro de trop c’est vite dit
La sur­face est de
Dix mille mètres carrés
C’est trop je n’y crois plus
Un pavé c’est un cube
Un cube plusieurs carrés
Un car­ré mesure
Vingt cen­timètres de côté
Il n’ira pas au bout
Un thé un bon goûter
Lui don­nerait-il du courage
Dans un mètre car­ré de pavés de parvis gris
Je vous fourre vingt-cinq grains
Vingt-cinq fois dix mille
L’arithmétique c’est l’enfance de l’art
Deux cent cinquante mille carrés
Joli traintrain
D’entrée de jeu
S’amenuise
Un grand nom­bre de choses
Ne sen­tent plus la rose
A rai­son de trente sec­on­des par pavé
Cent vingt-cinq mille min­utes que l’on obtient
Pour fleurir le parvis de grains
Vivre une vie
De sable d’or cru
Invis­i­bles à l’œil nu
Dès le pre­mier grain
Si déli­cat soit le geste
Con­tenu le souffle
La mer des grains toujours
Trois fois par huit chaque jour
Pour arriv­er ici
A la fin de nulle part
Au bout de ce voyage
Qui n’a pas commencé

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