Les expres­sions entre guillemets sont les paroles mêmes de Pablo Neruda

Sais-tu le nom de l’homme ?
Le nom
Écrit au front des pierres
De l’homme
« Au cœur interminable »
« Brûlant et étoilé ».

Sais-tu qu’il a pu vivre ici ?
Si peu de temps
De temps heureux.
Per­cé par la souffrance
D’un peuple
             Assassiné.

Nour­ri d’un « lait de pierre »,
Ressus­ci­tant la dig­nité amérindienne
Ses fleurs, ses vol­cans, ses oiseaux.
Glo­ri­fi­ant, dénonçant, accusant
L’homme,
« Cette pierre dans la pierre ».

Mâle douceur d’un chant
Aux paroles de tempête
Dans la fraternité
Pour ceux
De l’écume pacifique
Et des soli­tudes habitées cordillères.

Mots-graines, per­les-flammes,
Essaimant
Essaimant
Vers les repaires d’exils.
Vers eux
Qui n’en finiront jamais de mourir.

Pier­res de fureur
Con­tre tous les fascismes.
Véhé­mente épopée
Pour résister.
Espoir
Con­tre l’obscurantisme.

Col­lier d’amour
À celles qui ne sont que mémoire
À celles qu’il a aimées
À celles qu’il faut armer
Dans la cas­sure des ténèbres
Glacées.

Rêve d’une mai­son claire
À l’écoute du vent
Et des souf­fles de l’herbe
Des choses sim­ples et essentielles
Ni solitaire
Ni hostile.

L’heure est venue
Elle passe
Le sang des cumu­lus s’égoutte
Sur la mer
Et les tor­rents régurgitent
les peurs.
  
 

Pour la ren­con­tre de Condé sur Iton (27) où a vécu le poète,
Le Print­emps des poète, mars 2007.
In PENDANT QU’IL EST ENCORE TEMPS, Le Temps des ceris­es, 2012.

image_pdfimage_print