Un oiseau trem­ble de n’être par­mi les feuilles
Qu’un souf­fle      silence alerte

Nous sommes témoins de ce silence
Gar­di­ens de sa douleur     désarmés
Devant si frag­ile beauté
Que le ciel est refusé
Au vent mes­sager de ses alarmes

L’oiseau — tu sais
L’oiseau
Qui se tient
Sur le mur en ruines
L’oiseau qui se tait    tremblant
De n’avoir que des ailes
Alors que l’arbre
Seigneur du jardin
A tant de feuilles à jeter

Le pre­mier oiseau de la journée
Per­ché si loin que je l’en­tends à peine
Déploie son chant minuscule.
Un voisin ouvre les volets. Roule­ments de tambour
Voilés par le deuil anticipé de toute joie.
Je vois le vol­ume des ombres
Envelop­per les blocs de la cité.

Ciel ! Que c’est beau, la lumière
Sa pro­ces­sion autour des tours,
Le vent furieux de ne trou­ver au labyrinthe
Que l’issue d’un ver­tige immobile.
Ici on ne badine pas avec les rigueurs de la géométrie,
Tout est si haut qu’on se sent bas,
Petit, réprou­vé, désespéré
De ne pas être un oiseau
Libre de nich­er dans les ruines.

Ain­si le ciel ne se dépar­tit pas
De son immensité.
Pas de flèche pour faire tomber l’oiseau
Qui bat d’un cœur ailé dans la nécropole
De l’aube.
 

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