j’appelle
une présence sans visage
j’appelle doucement
sans supplier
immobile
les yeux ouverts

 

 

la voix transmet
les ombres

au sol
les variations

 

 

tout
ce que disent
les formes

ce qui flotte
abandonné
dans la respiration
le sommeil

 

les ombres se déplacent
empor­tent les glaciers

reste une pomme
une pomme et un livre
les deux intacts

 

 

force vive
la pluie
lave les heures
efface les jours
les oublis

 

 

par ce chemin
la couleur arrive
l’herbe en fuite
les branch­es tendues

la pau­vreté
de leurs signes

 

des figures
voilées de mauve
vacillent
se touchent
en tombant

creux som­bres
rêves inachevés

 

 

au plus près
le livre et le ciel
ne rien déplacer
ne rien clarifier

 

 

l’immobilité
abolit la distance

la chaise
est la nuit

 

mon attente
une puissance
une révélation

une écoute
où se retire
l’eau

invis­i­ble
le mot prononcé

 

 

 

Extrait de Voir venir la patience, Mon­tréal, les édi­tions du pas­sage, 2014.
 

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