(after Valen­tine, by Car­ol Ann Duffy)

For Valerie Filtz (not her real name), a stu­dent of Colum­bia Uni­ver­si­ty, who was drugged and date-raped on the eve of Valentine’s Day.

The US Depart­ment of Jus­tice esti­mates that 1 in 5 col­lege women will be raped at some point dur­ing a five-year col­lege career; 62% of rape vic­tims say they were assault­ed by some­one they knew.

 

 

Not a red rose or a satin heart.

He gave me an onion. Said it was the moon
wrapped in brown paper, or some­thing like that.
Then promised to be careful.

He was dead drunk by then. Said he would stay,
if any­thing went wrong. Write me a card, perhaps.
Mar­ry me, even­tu­al­ly? Of course.

Said I could decide what to do with it when it came.
Said I loved too lit­tle, and longed too much.

Wiped my tears, asked why I was crying.
Asked, what are the chances, any­way ?

But I wouldn’t let him. I didn’t want
to for­get the sound of his voice, its arrest­ing touch.
The bash­ful way it called my name. Or the way his fingers
once had with mine, wan­der­ing but respectful,
their gen­tle clutch. His face uncon­tort­ed, plain:
the fierce­less smile of our first kiss.

Not the knife-edge of his breath

that kissed me again, above the din.
Only silence, then the hands that hit me
once, to let him in.

 

D’après le poème Valen­tine, de Car­ol Ann Duffy

Pour Valérie Filtz (nom fic­tif), étu­di­ante à l’université de Colom­bia, qui fut droguée et vio­lée le soir de la Saint Valentin.

 

Le Min­istère Améri­cain de la Jus­tice estime que une étu­di­ante sur cinq  sera vio­lée au cours de ses cinq années d’études uni­ver­si­taires : 62% des vic­times de viol déclar­ent qu’elles ont été vio­lées par une per­son­ne qu’elles connaissaient.

Ni rose rouge ni cœur de satin.

 

Il m’offrit un oignon. Dit que c’était la lune
envelop­pée de papi­er kraft, ou quelque chose comme ça.
Puis il promit d’être prudent.

Il était déjà ivre mort. Dit qu’il resterait
si quelque chose n’allait pas. M’écrirait une carte, peut-être.
M’épouserait, pour finir ? Bien sûr.

 

Dit que je pou­vais décider moi-même ce qu’on ferait quand ça arriverait.

Dit que j’aimais trop peu mais désir­ais bien trop.

 

Essuyait mes larmes, demandait pourquoi je pleurais.
Deman­da, quels sont les risques, de toute façon ?

Mais je ne voulais pas le laiss­er. Je ne voulais pas
oubli­er le son de sa voix,  sa caresse séduisante.
La façon pudique dont il dis­ait mon nom. Ou la façon dont ses doigts
se com­por­taient avec les miens, baladeurs mais respectueux,
leur étreinte déli­cate. Son vis­age lisse et  sans grimace :
le sourire sans vio­lence de notre pre­mier baiser.

 

Pas le tran­chant de son souffle

m’embrassant de nou­veau par-dessus le vacarme.
Seule­ment le silence, puis ses mains qui me frappent
une fois,  pour le laiss­er me pénétrer.
 

Tra­duc­tion de Mar­i­lyne Bertoncini

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