In mem­o­ry of Mar­garet Maher, house­maid & con­fi­dante of Emi­ly Dickinson

 

My mis­tress filled my valise with her vowels —
the bat­tered trunk that jour­neyed with me
from the shad­ow of Slievenamon.
Now she is dead.
She made me promise to feed them to flames.
I can­not yet bring myself to do the deed.
I try to dis­miss their wild whispers
but they bang their fists against the walls
and stamp their syllables.
They long to live in the mouths and minds of strangers.
When I should be scrub­bing, cook­ing, sweep­ing, cleaning,
I am tor­ment­ed by the quar­rel between the promise
to my mis­tress and the bequest she left behind.
The soft grey wool of my mind is marked by dropped stitches.
All day, I mum­ble and fum­ble, spill soup on my apron,
catch my fin­gers in the mangle.
Though I keep my chest clasped shut,
I can­not qui­eten their pleading.
Their sti­fled screams shake me from sleep.
I stum­ble to the chest, raise the lid, scratch a match.
The flame stares at her scrib­bled papers.
Pinch­ing the spark between fin­ger and thumb,
I quench it and lift the papers from dark­ness, one by one.

 

*

Valise de Souvenirs

En sou­venir de Mar­garet Maher, ser­vante et con­fi­dente d’Emily Dickinson

 

Ma maîtresse a rem­pli ma valise de ses voyelles –
la malle usée qui voy­ageait avec moi
depuis les ombres de Slievenamon.
Désor­mais elle est morte.
Elle m’a fait promet­tre de les livr­er aux flammes.
Je ne peux me résoudre à le faire.
Je tente d’ignorer leurs mur­mures sauvages
mais ils cog­nent les murs de leurs poings
et tapent leurs syl­labes du pied.
Ils désirent ardem­ment vivre dans les bouch­es et les esprits d’étrangers.
Je suis tour­men­tée par cette querelle entre promesse
à ma maîtresse et legs qu’elle m’a laissé.
La douce laine grise de mon esprit est mar­quée de mailles tombées.
Tout le jour je bafouille et cafouille, ren­verse la soupe sur mon
tablier
coince mes doigts dans l’essoreuse.
Bien que je tienne mon cof­fre bien fermé,
je ne peux apais­er leur prière.
Leurs cris étouf­fés me tirent du sommeil.
Je trébuche vers la malle, soulève le cou­ver­cle, grat­te une allumette.
La flamme regarde fix­e­ment ses papiers griffonnés.
Pinçant la lueur entre mes doigts,
je l’éteins et tire les papiers de l’ombre, un par un.

 

(tra­duc­tion Mar­i­lyne Bertoncini)
 

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