Emmanuel Baugue — Né en 1965 à Rouen. Études de littérature et de philosophie.
A vécu en Bretagne, en Champagne, en Normandie, en Tunisie. Rencontre absolue de la poésie à l’école, à 8 ans, avec le poème « Départ » de Pierre Reverdy. Pratique ensuite beaucoup la poésie épique (prophétique, engagée, dramatique, héroï-comique) et l’exercice du déchiffrement-traduction (latin, ancien français, anglais, espagnol, mallarméen). Ces quatre données sont comme les quatre coins de son espace poétique : le paysage, la profondeur sensible de l’image prise dans une dynamique de perte, la fonction politique de la poésie qui s’adresse à la cité et pas seulement à l’individu, la nécessité d’un déchiffrement, enfin, qui fonde l’acte de lecture poétique (on peut lire « poétiquement » l’annuaire téléphonique !).
La pratique du latin, langue à cas qui peut donc dé-linéariser la syntaxe, a fortement influencé une partie de son travail. Elle s’est combinée avec l’exemple de la contorsion mallarméenne et avec l’étude de la polyphonie médiévale (en particulier celle du poète et musicien Guillaume de Machaut) qui superpose et entremêle plusieurs textes et plusieurs voix dans une même linéarité musicale. Celle-ci se charge ainsi d’une profondeur mystique, non pas indéchiffrable mais indéchiffrable sur le moment (et parfois créatrice de bribes de sens nouveau) et soutenue par le chant.
Des années 😯 à aujourd’hui, trois types d’inspiration se succèdent ou se combinent : lyrisme intime (À jamais de ce monde. 1), dialogue avec d’autres poètes, dans une forme qu’il appelle « appui » (Golfe, Appui, R‑appuis), et poésie politique (Faim de mil, Le Mimosa coupé).