Les édi­tions Gal­li­mard ont fait paraitre un immense vol­ume des œuvres de Max Jacob (1876–1944), en octo­bre 2012. Cer­tains espéraient une Pléi­ade, c’est un Quar­to, col­lec­tion déjà riche en poètes. Le maître d’œuvre de cette réal­i­sa­tion se nomme Anto­nio Rodriguez, fin con­nais­seur de Jacob qui nous sert une intro­duc­tion riche et des notes passionnantes.

Après une pré­face sous forme de poème signée Guy Gof­fette, nous entrons directe­ment au cœur du sujet par les mots de Rodriguez, qui narre la vérité faite légende, c’est-à-dire l’évènement mys­tique qui, en 1909, redéfinit Max Jacob de fond en comble. Max avoua à ses amis avoir vu le Christ. Une appari­tion. Les quoli­bets pleu­vent. Men­songes. Mys­ti­fi­ca­tion. On l’accuse de vouloir attir­er à lui quelque cou­ver­ture par le jeu de l’illumination. Mais cer­tains, comme Picas­so, comme Mar­cous­sis, croient pro­fondé­ment que de cet acte fon­da­teur rap­porté par Max Jacob, une œuvre est à venir.

Cette vision fon­da la vie du poète qui avait com­mencé bien avant de penser à une œuvre cohérente. Cette œuvre, il s’attela à la com­pos­er, en ten­ant compte des lignes de force qui s’érigeaient à la sur­face de son siè­cle. « Ten­sions de l’identité, de la plu­ral­ité, la perte de la sub­stance et le doute sur l’appartenance », voilà com­ment les définit Anto­nio Rodriguez.

Max Jacob mar­cha vers le chemin de la con­ver­sion et lui, juif, devint catholique avant de mourir à Dran­cy. Poète, romanci­er, essay­iste, con­teur, ce sont essen­tielle­ment les édi­tions Gal­li­mard qui pos­sé­daient les droits de Max Jacob. Mais les pub­li­ca­tions étaient éparpil­lées et cer­tains textes étaient devenus indisponibles. D’où cette édi­tion colos­sale redonnant vigueur à l’entreprise intérieure de Max Jacob pour qui l’émotion, tel Reverdy, était maîtresse, et la joie con­tenue dans chaque ligne, durable. Rodriguez a opéré un tra­vail de recherche minu­tieux, allant retrou­ver des paru­tions d’époque réservées aux intimes. Il aug­mente ce Quar­to d’inédits, comme ces pré­cieuses Médi­ta­tions sur le Chemin de Croix, datées de 1939, et qui éclairent d’une façon vigoureuse et solide la vision théologique du poète.

La col­lec­tion Quar­to donne une place impor­tante aux doc­u­ments icono­graphiques con­cer­nant l’auteur. Rodriguez s’est adjoint les ser­vices de Patri­cia Sus­trac, Prési­dente de l’Association des Amis de Max Jacob, afin d’apporter à cette édi­tion des con­nais­sances nou­velles sur le poète. L’ambition de ce pres­tigieux objet est d’asseoir la posi­tion majeure de Max Jacob dans le nou­veau siè­cle. Aux vues de l’éclat de son inspi­ra­tion, de la pro­fondeur de sa vision et de la joie trans­mise à chaque ligne écrite, nous espérons que cette ambi­tion fleurisse aux qua­tre vents de la terre aujourd’hui secouée.

 

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