Cette antholo­gie est le fruit d’un mag­nifique pro­jet, né à Berlin, qui reprend en par­tie la méth­ode de tra­duc­tion pra­tiquée en RDA. Aurélie Mau­rin et Thomas Wohlfahrt expliquent dans leur pré­face : « Lorsqu’une mai­son d’édition voulait faire traduire un recueil de poèmes vers l’allemand, elle demandait à un bureau de tra­duc­tion de procéder à une tra­duc­tion lit­térale. À l’aide de ce pre­mier jet et du texte orig­i­nal, un poète en fai­sait une adaptation ».

L’anthologie regroupe des textes de six poètes français et de six poètes alle­mands qui se sont ren­con­trés à Berlin dans le cadre du poe­siefes­ti­val, en 2011. Il se sont traduits mutuelle­ment, avec l’aide – pré­cieuse – de tra­duc­teurs, qui leur ont fourni les tra­duc­tions lit­térales mais aus­si per­mis d’échanger et tra­vailler ensem­ble. Enfin, les poèmes ont été enreg­istrés et l’anthologie est donc accom­pa­g­née de deux CD.
En plus de ses poèmes, chaque auteur a lais­sé le réc­it de son expéri­ence. Dorothée Volut racon­te : « Chaque poème de Judith me fait l’impression d’une bar­que qui, si je lui donne tout mon poids d’écoute, pour­ra se met­tre à gliss­er soudain dans ma pro­pre langue ». Et Judith Zan­der : « Nous avons été les plus lentes. Con­scien­cieuses passeuses ».

 

Deux extraits

Extrait d’un poème d’Ulrike Almut Sandig (traduit par Lin­da Maria Baros, avec l’aide de Myr­i­am Ochoa-Suel)

 

ich werde vom Flir­ren der Bäume im Licht nichts
sagen, auch nicht von den Bäu­men an sich.

kein Wort von der Buche im Hin­ter­hof der Ärztin
deren Tochter im Schlafz­im­mer stirbt, kein Wort

 

je ne dirai rien sur le frémisse­ment des arbres dans la lumière,
ni sur les arbres eux-mêmes.
 

pas un mot sur le hêtre dans l’arrière-cour de la mai­son du médecin
dont la fille se meurt dans une cham­bre, pas un mot

Ulrike Almut Sandig est née en 1979. Elle fait par­tie de l’équipe édi­to­ri­ale de la revue lit­téraire EDIT. Elle pub­lie des recueils de poésie et de nouvelles.

 

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Extrait d’un poème de Tom Schulz (traduit par Albane Gel­lé, avec l’aide de Stéphanie Lux)

 

in der Straβe der Tauben
reg­nete es aus den Fenstern
ein Mann verkaufte seinem Hund
die Freiheit

ich ging hinunter
ans Meer
da war keins wie
eins

 

 

rue des pigeons
la pluie sort des fenêtres ouvertes
un homme vend la liberté
à son chien

 

je descends vers la mer
elle n’est pas là
elle est là

Tom Schulz est né en 1970. Il vit à Berlin. Il a déjà pub­lié plusieurs recueils.

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