Je ne veux pas refermer
Le silence

D’un claque­ment d’oubli
Asséchant
La margelle des jours

Je ne veux pas la mort

  *

Puisqu’en lui tu te fonds
J’invite ton silence
Qui irrigue
Qui humecte
Le pon­tage des nuits

Il n’est pas l’oued de nos déserts

Il est la brume triomphante
La pleine brume
Qui nous nourrit
Comme un soleil

Il est le lac de ton mystère
Dans l’orbe de poussière
Lavant
Creu­sant des puits sans fond
Sous le col des amphores

Je viendrai m’abreuver
Calmement
Jusqu’aux éclabous­sures du silence

*

Entré dans ses bras
Même le poème
Abdique son orgueil
Et ne se défend pas

*

Et dans son embrasure
Je me souviens
— Sans peur -
Du cri silencieux
Des rochers de Pétra

Du cri noir des corbeaux
Fendant
Du haut du ciel
Les éclats feuilletés
Des falais­es nacrées

De ces cris musculeux
Fédérant
Les secs échos
D’espace
Et de silence

La pous­sière était rose
Comme l’agrégat des grenades
Hurlant le mot « désert »
Dans les car­touch­es sourdes
Du soleil

J’aime la matité
De ton silence

*

Dans son verjus
J’ai allumé des feux de camp
Tout autour de l’attente

J’ai rincé toutes mes volontés
— Sauf une -
Dans l’âpre étang
De ton silence

Faisant d’apnée
Un souffle

Et des sursauts
                     Des soubre­sauts ténus
— Reliefs de vie en filigrane -
Les poumons réguliers
Par lesquels tout respire

Au loin
Par je ne sais quelle étreinte
Tu col­mates mon cri

 

Recueil inédit. Extraits
 

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