Wald — butoh dance Anem De Nit

Par |2021-09-06T19:58:58+02:00 6 septembre 2021|Catégories : Essais & Chroniques, Wald|

L’oeu­vre de Pina Bausch et May Be de Maguy Marin (Créteil ‑1981) mènent cet artiste plas­ti­cien à la per­for­mance. Ce tour­nant est égale­ment motivé par “un désir latent de bouger lit­térale­ment” son “expres­sion artis­tique, c’est-à-dire de met­tre en jeu” son “pro­pre corps” et par  “une sorte de butô plus spir­ituel que néces­saire­ment som­bre et tor­turé”. Wald se pro­duit d’abord sur scène puis il choisit la per­for­mance de rue (danse-théâtre solos, duos) relayée par la video.

Il présente Amen De Nit : “Notre chemin est né d’un désir. C’est une ten­ta­tive quo­ti­di­enne, un fait. Nous tra­vail­lons dans l’e­sprit du tanzthe­ater / danse-théâtre, influ­encés par des univers comme ceux de Samuel Beck­ett, Josef Nadj, Tadeusz Kan­tor, Maguy marin et des voies sprir­ituelles comme Kazuo Ohno… Nos per­for­mances de rue et d’in­doors sont sou­vent exé­cutées en silence et avec une lenteur ponc­tuée de longs arrêts sur image pour accentuer la sus­pen­sion du temps.

Nous avons évolué très sen­si­ble­ment et involon­taire­ment vers un théâtre du mou­ve­ment dit pau­vre. Parce que la vie nous y a menés petit à petit, hors de tout finance­ment et de moyens tech­niques. Et cela nous con­vient. Nous per­for­mons dans la rue là où per­son­ne ne nous attend, nous réal­isons nos vidéos hors de toute con­trainte de ren­de­ment. Notre chem­ine­ment est libre. Nous vivons en har­monie totale avec ce que nous sommes, acteurs de nous-mêmes.

Qu’est-ce que le théâtre et la danse ? sinon le geste, lui aus­si pro­fondé­ment énig­ma­tique, de se dépouiller et s’offrir aux autres ? (Nico­las Thevenot).

“Can­dle­mate ! Butoh”, Art instal­la­tion on silence, Barcelona, April 2021, Butoh can also be a dia­logue and an exchange with a space and, or a cir­cum­stance (Wald), Anem De Nit Val­o­bra Wald. “Can­dle­mate ! Butoh”, Instal­la­tion artis­tique sur le silence, Barcelone, avril 2021, Le Butoh peut aus­si être un dia­logue et un échange avec un espace et/ou une cir­con­stance (Wald), Anem De Nit Val­o­bra Wald.

∗∗∗

 

Tra­duc­tion de l’auteur

in vio­let
(excerpt)

I do not know what I do
I do not know what I say
I do not know exactly
I do not know what I mean
so why
shade­less nee­dles spread around
light stoned by desire and metal
mir­rors bot­tom­less holes
a bro­ken sign
some­thing pass­es into violet
only a few waves years
to live if that’s isn’t it
noway wake up from daydream
chased by packs of flu­id colours
big crash in uncol­ored eyes
shoot of desire still on board
real hur­ri­cane break­ing out
mer­cy hun­dred days more
mud­dled bou­quet of curses
switch on stum­bling fantasy
seal­ing on crumbly or quit
so fick­le and loud give up
breath honky-tonk ruined shouts
mete­orites of impossibilities
through impermanence
what the hell what about
toward unbalance
between the dark and the dark
hard­ly any­where far away
in a corner
young col­ors give up
death of flowers
they tilt and get confused
walk­ing along the thought
los­ing our rag turn­ing sour
there is no freedom
just a tiny graze of blue
with­drawn melodramas
where is infinity
what is about when end
just a song with­out music nor words
silent on lips and braid­ed fingers
rolling sound in closed skulls
snags crash­ing down the clouds
tak­ing urgency toward gap­ing wild space
com’n into the ocean knees
dear love affair com’n into fire
forests rags and eyes so far
com’n with deep vio­lets and shadows
the trucks clomp­ing in memory
our deserts twist­ing facts and reality
some­how somehow
shot your brain with blue
or yel­low or vio­let more
your desire on the rooftop
sex fir­ing cries and prospects
secret doors wide beautiful
I am not sure
here is the secret door
open­ing on flour­ished prospects
I am not sure
flames in your reality
a doll with­out arms
with­out body
just an eye
with its ears of wheat eyebrow
my bad sex in my fic­tion award
I shout beyond the roof of clouds
my spicy desires
my life in a new deep silence
walkin’ in a deep walkin’ in a deep
my so hun­gry bird
I am this walk­ing man
light legs and ham­mer feets foring ahead
life sud­den­ly becomes a seri­ous affair
I eat its so red cherries
what under the steel of facts
I do not know around never
your body talk about your age
I send you the flow­ers of barcelona city

 

∗∗∗

dans le violet

je ne sais ce que je fais
je ne sais ce que je dis
je ne sais exactement
je ne sais quoi signifier
ok pourquoi
aigu­illes sans ombre disséminées
lumière droguée de désir et métal
miroirs trous sans fond
signe cassé
quelque chose vire au violet
seule­ment quelques années de vagues
pour vivre si pos­si­ble n’est-ce pas
aucun espoir d’échap­per au rêve éveillé
traqué par des meutes de couleurs fluides
sacré crash dans des yeux incolores
shoot de désir tou­jours à bord
véri­ta­ble oura­gan pétant
accordez-moi d’autres cen­taines de jours
bou­quets de malé­dic­tions en pagaille
allumez l’imag­i­na­tion trébuchante
scellez sur du fri­able ou renoncez
aban­don si insta­ble tapageur
souf­fle de bas­tringue cris ruinés
météorites d’impossible
dans l’impermanence
bon sang de quoi parle-t-on
vers le déséquilibre
entre le som­bre et le sombre
à peine quelque part mais loin
dans un coin
les couleurs jeunes renoncent
mort des fleurs
elles s’in­cli­nent et se perdent
marchant le long de la pensée
per­dant nos hail­lons devenant aigres
de lib­erté aucune
juste une écorchure étroite de bleu
mélo­drames effacés
où se trou­ve donc l’infini
qu’en est-il quand cesse-t-il
une pau­vre chan­son sans musique ni mots
silence sur les lèvres et doigts tressés
bruit roulant dans des crânes clos
obsta­cles chutant des nuages
urgence vers l’e­space béant et sauvage
viens dans cet océan de genoux
chère his­toire d’amour viens dans ce feu
forêts de nippes et d’yeux si lointains
viens avec des vio­lets soutenus et des ombres
trucks renâ­clant dans la mémoire
nos déserts tor­dent les faits et la réalité
d’une manière ou d’une autre
trouant votre cerveau de bleu
ou de jaune ou plus de violet
votre désir tout en haut
le sexe enflam­mant pleurs et projets
portes secrètes beauté vaste
je ne suis pas sûr
là se trou­ve la porte secrète
don­nant sur de rich­es perspectives
je ne suis pas sûr
des flammes dans votre réalité
une poupée sans bras
sans corps
juste un œil
avec ses sour­cils d’épi de blé
mon prix de sexe nul dans mon film
je crie au-delà du toit des nuages
je crie mes désirs épicés
ma vie dans un nou­veau et pro­fond silence
allant dans le plus profond
mes oiseaux si affamés
je suis cet homme qui marche
les jambes frêles le marteau des pieds forant de l’avant
soudain la vie devient une affaire sérieuse
je mange ses ceris­es si rouges
qu’y a‑t-il sous l’aci­er des faits
je ne sais rien de ce qu’il y a autour
votre corps par­le de votre âge
je vous adresse les fleurs de Barcelone

 

“Con­tin­u­ous intro­spec­tion” is a Tanzthe­ater con­cept (the­atre dance) with an obvi­ous strong butoh dance accent. The char­ac­ter is search­ing deep with­in him­self for some­thing intan­gi­ble he trans­lates into a ges­tur­al mono­logue con­front­ed with the over­whelm­ing urban archi­tec­ture. Anem De Nit Val­o­bra Wald. “Con­tin­u­ous intro­spec­tion” est un con­cept de Tanzthe­ater (théâtre de danse) très proche de la danse butoh. Le per­son­nage cherche au plus pro­fond de lui-même quelque chose d’in­tan­gi­ble qu’il traduit par un mono­logue gestuel con­fron­té à l’ar­chi­tec­ture urbaine écras­ante. Anem De Nit Val­o­bra Wald.

I bitch

when I was there but when
In dead leaves or hashes
prob­a­bly I was nowhere
open­ing emp­ty doors then quit
rum­bling into my own pit
from nowhere came flashes
No attempt I came off anywhere
show­ing its look of good smoke devil
’cause it was so abstract and thin
that more­over I could not hear
that bitch killed my lone­ly heart
per­haps it’s been searching
through my wide non­sense song
Or putting its hands into that slit
Open­ing liq­uid doors then quit
per­haps it was stone and toxic
whis­per­ing kind mud­dy conversation
so well how are you my fair target
hav­ing its face of mag­net­ic shotgun
’cause it looked so concrete
and I couldn’t feel good if I will a rush
that bitch killed my uncer­tain heart
whatcha gonna do in front of that
I don’t believe in my careened way
I don’t see the dance of the sun
no step with light no care­free fun
I’m iced by a trem­bling steam day
no def­i­nite colour but a gold shit
an emer­gency as a mad­man crown
’cause I know exact­ly noth­ing about it
’cause I’m my own fuck­ing bitch
in my old wag­on shak­ing hard
I wan­na join my lucky desert

 

∗∗∗

ce truc

étais-je là mais quand
cerné de feuilles mortes ou cendres
sans doute nulle part
forçant portes ouvertes puis ouste
gron­dant dans ma pro­pre fosse
aucune réminis­cence 
je ne ten­tais rien de rien
sen­tant le bon dia­ble flou
parce que c’é­tait si abstrait et ténu
que je ne pou­vais non plus comprendre
ce truc m’a brisé dans la solitude
prob­a­ble que ça fouillait
ma chan­son vaste et insensée
que ça posait les mains sur ma boue
ouvrait des portes liq­uides puis stop
sans doute était-ce drogué toxique
mur­mu­rant sym­pa­thique et torve
bien bien com­ment va mon cher idéal
à sa fig­ure de shoot magnétique
ça sem­blait si concret
je ne pou­vais me sen­tir bien à vouloir foncer
ce truc m’a brisé dans l’incertitude
que vas-tu faire devant ça
renier ton chemin qui gîte
man­quer la danse du soleil
aucun pas lumineux aucun plaisir
figé dans ce jour de vapeur tremblante
sans couleur nette pour­tant merde d’or
l’ur­gence d’une couronne de fou
ne sachant absol­u­ment rien
étant moi-même ce putain de truc
dans ma vieille bétail­lère dure­ment secoué
je veux attein­dre mon désert fétiche

 

Présentation de l’auteur

Wald

Wald (pseu­do­nyme de Patrick Con­ty) est né le décem­bre 1951 à Tunis. Il est artiste, per­formeur et pein­tre. Il vit à Valence, en Espagne

Bib­li­ogra­phie

Pub­li­ca­tions antérieures

Textes et dessins in revue Phréa­tique, nn°20 à 26, Paris 1982–1983
Cin­tre des Nuits poèmes, éd. Arcam, Paris 1981, sous le nom de Patrick Conty
Oiseaux de la nuit long poème in revue Phréa­tique n°28 , Paris 1984
Cli­vages poèmes, éd. Poésie-bis , Paris 1985
Runes poèmes, autoédi­tion, Paris 1986
Fresques poèmes, autoédi­tion, Paris 1986

Autres activ­ités littéraires

L’A­conit revue éphémère de poésie imprimée en lith­o­gra­phie, Paris, co-rédac­­teur, 1 n° en 1978, 1 n° en 1979
Per­for­mances sur le mot et le geste, in cafés et expo­si­tions, Paris, décen­nie 1980–1990
Béryl poèmes, cas­sette audio col­lec­tive, poésie, Paris 1986
Feuille revue éphémère de poésie, Paris, rédac­teur, 6 n° en 1987

Inédits

Zones textes divers, notes sur le théâtre, 1990 à aujour­d’hui. Stras­bourg, Lori­ent, Barcelona
Sans déje­uner poèmes, 2005–2006
Brefs-Blues poèmes et chan­sons, 2006–2009
Chan­sons pour Mar­go chan­sons, 2008–2012, cer­taines co-écrites avec Bibi Valobra
Le louk­oum sans qual­ités poèmes, 2005–2013
Dock stock poèmes, en Anglais, 2012–2013
Mes champs déglin­guiques poèmes, 2017–2019
Auto­di­a­logue théâtre, 2018-… en cours
In vio­let poèmes, en Anglais, 2019-… en cours

La revue Recours au poème lui a con­sacré un arti­cle dans son numéro nº210 sep­tem­bre-octo­bre 2021, rubrique Essais & Chroniques, inti­t­ulé Wald – butoh dance Anem de Nit avec la pub­li­ca­tion de 2 poèmes en anglais.

La revue La page blanche l’a accueil­li dans sa rubrique Dépôt-La Serre de juil­let 2023 à févri­er 2024.

Autres lec­tures

Wald — butoh dance Anem De Nit

L’oeu­vre de Pina Bausch et May Be de Maguy Marin (Créteil ‑1981) mènent cet artiste plas­ti­cien à la per­for­mance. Ce tour­nant est égale­ment motivé par “un désir latent de bouger lit­térale­ment” son “expres­sion artis­tique, c’est-à-dire de […]

image_pdfimage_print

Sommaires

Aller en haut