Lhomme aux semelles de vent

 

_ Non, ce nest pas vrai.

Rimbe na jamais dit que tu pou­vais par­ler pour lui

Depuis ton Hôtel Lautréa­mont 5 étoiles,

Depuis lauto­com­plai­sance de lUni­ver­sité

Et les ham­burg­ers de Utah.

_Non, non… Messieurs!

Tout dabord:

Je vais rêver cette nuit que

Tes yeux sont ceux de Rimbe

Comme la bon­té dune femme qui ment

Et à qui je ne lui demande quun men­songe.

 

1–    

D’accord, on décharge le charriot :

Juste quelques bouteilles de vin et les coqueli­cots de Rimbaud.

On a grandit sans se ren­dre compte, et main­tenant on attend sur le chemin.

On était au moins près des gens et de leur terre,

Bien que que toutes nos habi­tudes soient corrompues.

 

Au début le peu­ple était céleste,

Le soleil nous éveil­lait et nous rendait idiots l’après-midi.

On était les raisins bril­lants de l’été,

Avec notre écorce on désha­bil­lait le vent.

 

2-

Ce n’est pas dif­fi­cile de comprendre

Ce qui est éter­nel n’a pas besoin d’abattre du sang.

Ils ne s’étonnent que de ce qu’ils n’osent pas :

Et je trou­ve la mer, je vois mon visage

Dans le lézard miroir…

Et mal­gré la nuit froide

Je ne vais pas mourir pour être ici.

Bien que la com­mu­nion soit ajournée

Je peux tuer Dieu en écrivant “il est mort”

Sur une chaise.

 

 

Paul Ver­laine

 

Dans la mon­tagne quelqu’un a lais­sé sa vie

Pour rem­plir de lumière la chambre.

Comme  brouil­lard de lune, c’est sa chanson…

Pour ces étrangers-là que dans la blessure

Se batis­sent. Der­rière, il est resté la honte

Civil­isée, la plume bourgeoise

Qui avec men­songe a déguisé le brouillard

La réal­ité de la saveur sordide :

L’irruption du roi aux yeux bleus

Traduit Blake dévoilant en enfer

Ce que la mer et le lion por­tent d’éternel.

Déploy­ant des intens­es feuilles de bois.

 

 

 

 

Tra­duc­tion : Lil­ian Tauzy

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