Apol­o­gis­ing to uni­corns is prob­lem­at­ic. They rarely under­stand our pur­pos­es. Ten­der­ness will often be seen as the manip­u­la­tive ges­tures of a fear that seeks death — for itself and oth­ers. Uni­corns sleep most com­fort­ably in heavy traf­fic where the hum of self-absorbed com­muters leaves them invis­i­ble. To find a uni­corn in a for­est is like falling asleep in Eng­lish and wak­ing up flu­ent in Pash­tun. Some­one may well have done it. Uni­corns sense above all our uncer­tain­ty of our­selves, our not belong­ing, our poor tal­ent for let­ting the mirac­u­lous be. Stripped back to pri­mal des­e­cra­tion, our hearts still yearn for uni­corns. We trail our cloud­ed mir­rors in the waters of sky-stretched ponds. Although they will nev­er look to us for food or shel­ter uni­corns are reluc­tant to aban­don their leg­end of our exis­tence. Our one vir­gin­i­ty is that we are not yet born.

 

 

 

S’excuser auprès des licornes

 

S’excuser auprès des licornes pose prob­lème. Elles com­pren­nent rarement nos inten­tions.  La ten­dresse sera sou­vent prise pour les gestes manip­u­la­teurs d’une peur qui cherche la mort – pour soi et pour les autres. Les licornes dor­ment très con­fort­able­ment au milieu d’une intense cir­cu­la­tion où le bour­don­nement des ban­lieusards plongés dans leurs pen­sées les rend invis­i­bles. Trou­ver une licorne dans une forêt équiv­aut à s’endormir en Anglais et se réveiller en par­lant couram­ment le Pash­tun. Il est bien pos­si­ble que quelqu’un l’ait fait. Les uni­cornes sont sen­si­bles par-dessus tout à notre incer­ti­tude de nous-mêmes, notre défaut d’appartenance, notre pau­vre tal­ent à laiss­er place au mir­a­cle. Dénudé jusqu’à la désacral­i­sa­tion pri­male, nos cœurs per­sis­tent ardem­ment à désir­er les licornes. Nous train­ons nos miroirs ennu­agés dans les eaux d’étangs s’étendant jusqu’au ciel. Même si elles ne penseront jamais à nous pour se nour­rir ou s’abriter, les licornes sont réti­centes à aban­don­ner la légende de notre exis­tence . Notre unique vir­ginité est que nous sommes encore à naître.

 

 

Tra­duc­tion en français : Mar­i­lyne Bertoncini

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