Fabien Marquet, Le Poète anonyme (Poèmes de la dernière modernité), extrait

Par |2022-11-06T12:07:15+01:00 28 octobre 2022|Catégories : Fabien Marquet, Poèmes|

Descen­dre.
En quel lieu sûr descendre.

Pour recevoir un legs des lumières vives.
Pour que flashs
Ou manchettes
Écrans pub­lic­i­taires – avec leur lot de pixels
Dernier Cri –
Ne lais­sent plus sur la rétine
Qu’un sou­venir d’ahuri…

Oui
Pour un crâne per­foré                                                         
Le jour passe
Les épaules s’affaissent
Le corps vidé
Ne tient plus que par la tête – sans qu’on sache comment –
Sus­pendu comme un poids
Il avance…

*

Lumière de ma lampe économe lumière molle ma lampe

Quelle idée de lait ce soir ren­fer­mes-tu donc ?
Quelle Puis­sance nourri­cière gît der­rière ta paroi ?
Je chuchote
– Pour ne pas te froisser –
Et la musique à tes côtés monte vers toi
Et redescend afin de te bercer
Lumière de ma lampe économe lumière molle…

*                                                                            

Le soir
Autour de nous les pre­mières lumières s’allument écrasées
Par le ciel nocturne
Sur le bitume encore fumeux

Quelque part
L’or­age gronde
Comme un ouvrier
Tout noir de poix

Mais on sait déjà que la terre va pleur­er ses eaux perdues
La radio
Est à deux doigts d’an­non­cer la nais­sance d’une catastrophe
Ou d’une révolution

Ouf ! Quelle journée…

Tant de bruits qui ont passé en rafale
De soleils virulents
Dans le clapote­ment des sirènes :

Le cœur a per­du pied dans un mirage d’asphalte…

A l’autre bout
La main tremblote 

*

Rien à midi
Pas même sa lumière blanche et mauvaise
Qui a fait de moi
Sa bête somnolente

Par l’air dense ce soir
Le monde avec elle pour­ra transiter
Et venir se presser

Sen­si­ble au bord d’une mémoire béante
Que j’aurai devant moi – occupé à fouir…
Fouir
Et à me dérober

Peut-être ferai-je bouger les lignes…

∗                                                                                                                                        

Écoute-le… main­tenant
Il passe sur la route et se démultiplie
Gron­dant tout feu tout flammes
Dans une embardée

Se perd comme un tonneau
Au roule­ment de tambour

Puis il disparaît…

Sous les dernières gouttes
Les feuilles lass­es tout à l’heure crépitantes
A laiss­er interdit
Fab­riquent un bruit moelleux :

Le temps a été sec et lourd
Caniculaire

 Le Poète anonyme (Poèmes de la dernière moder­nité), édi­tions Unic­ité 2022

Présentation de l’auteur

Fabien Marquet

Biogra­phie :

Né en 1974 en Isère, Fabi­en Mar­quet vit actuelle­ment à Per­pig­nan. Il a étudié les let­tres et la philoso­phie. A exer­cé divers petits boulots. Touché à l’en­seigne­ment avant de se con­sacr­er au théâtre et à l’écriture.

Bib­li­ogra­phie :

En revue :

Europe, A l’In­dex, Les Cahiers du Sens, Les Cahiers de l’U­ni­ver­sité de Per­pig­nan (PUP), Les Impromptus.

Chez un éditeur :

-Par la fenêtre je me suis fait feuil­lage, Édi­tions Unic­ité (2017)

-La Main sur l’essieu, Encres Vives col­lec­tion Encres blanch­es (2017)

-Cent noms d’oiseaux que je n’ai pas appris, Encres Vives (2015)

-Chemin n’est que pous­sière (suivi de La rose Cray­on­née), inédit

-Renais­sance et je me dis ce mot sera bien le dernier, inédit

Son tra­vail (Par la fenêtre je me suis fait feuil­lage, Chemin n’est que pous­sière) inter­roge le rap­port de dépen­dance de l’homme (des villes) à la nature, leur prox­im­ité. Le motif du jardin, lim­ite de l’e­space urbain, y occupe dans son ambiguïté une place cen­trale, à la fois comme miroir et comme lieu d’é­man­ci­pa­tion (par le biais notam­ment des  images dont il est le creuset).

On peut retrou­ver un aperçu de son œuvre sur son siteLe temps de l’a­madou(https://letempsdelamadou.com)

 

Autres lec­tures

image_pdfimage_print
Aller en haut