à Gwen

 

La forêt resserrée
Sait ce qu’elle doit à ses sentiers

Elle écarte l’ombre
Muette en sa clarté

Ce qui la men­ace ne l’accable pas

 

 

Sa force venue
Des nuits accomplies
Boues levées

Les fruits à terres
Ne craig­nent rien que le visible

 

 

Saisir encore le jour

Nos tra­ver­sées
Sous l’égide des nervures

 

 

Si l’essence demeure inaudible
La bru­ine illu­mine le limbe

Ici la chute est bienveillante

 

 

Ce rien de vent
Cèlera la rai­son de son silence

 

 

Forêt
Pas moins profonde
Moins nocturne
Sous l’élagage

Quand tout serait éclairci
Par l’outil
Ou l’oubli
Elle con­serverait sa nuit

 

 

La pro­téger serait lui faire affront

Elle ne se relèverait pas
D’être à l’abri des incendies

 

 

Les pièges bâtis­sent la con­so­la­tion des forêts

 

 

Partout
Tout autour
Forêt intérieure

 

 

Le cer­cle des chênes
Des châtaigniers
Accueille nos march­es invocatrices

 

Nos voix se mêlent
Au tra­vail des insectes
Con­vo­quant présence et absence

 

 

Ami
Aux paroles d’humus

Régénère notre forêt

 

 

Esseulée
La forêt cherche refuge
Dans l’imaginaire des haies

 

 

Rien ne sem­ble si haut
Si pro­fondé­ment creusé

 

 

Ensevelie
Forêt primitive
Fait ce qu’elle peut
Pour ne plus écarter la terre

Revenir aux hommes
Seulement
Dans la mémoire de leurs mots

 

 

Réminis­cence des feuillages

Chant de l’intime
Enlace la forêt dermique

 

 

Con­naître ses désirs
Les irriguer
Porter toutes ses ombres dans son sang

Enfin
Pou­voir dire la forêt

 

 

Entre nous
Les branchages
Resser­rent leurs liens

Dis­sémi­nent la lumière

 

 

La forêt dépossédée
Porte son nom
Encore

Ne le cèdera pas

 

 

Ce qu’il reste d’elle
De visible
De corps

Une empreinte

Par­mi les souches
Prend sa part d’horizon

 

 

S’efface peu à peu
L’appréhension de l’orée

Sans vie sauvage
Ni ombre ni pluie

 

 

Cha­cun de ces arbres fait l’aveu
Aux oiseaux
Aux vents
De son origine

 

Dès la naissance
Les racines éri­gent des circuits
Pour nous espérer

 

 

Soudain entre les branches
Vision d’un voyage

 

 

Sur le soir
Le sen­tier se retire
Prend le large

Mais l’ornière demeure étroite

 

Octobre/Novembre 2013

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