I

 

Les branch­es chargées de fruits ont craqué,
nul n’est venu les ramasser.

Qu’un autre, main­tenant, se tienne au verger.

 

 

II

 

On aura con­stru­it notre mai­son de feuilles,
de grands rêves, de pier­res que l’on crut vives.
Puis le temps, la pluie, le vent,
puis l’âge…

On a aimé repren­dre, poursuivre,
restau­r­er et transmettre.
Puis la faute, le geste qui blesse
et non la main ten­due, les mots que l’on ravale
quand il nous fal­lait dire…

On aura plan­té, aimé, vu naître
rameaux et fleurs, pouss­es et feuilles
sur­gir au print­emps clair
et chuter, si purs, dans la couleur d’automne.
Puis tout qui va, s’élague et se disperse…

Si ce qui fut demeure, jamais nous ne le saurons
car jamais notre main ne tien­dra cette rêne.

À toi donc de faire, mon Dieu,
qu’en cette cabane mal fichue de nos jours
la lumière revi­enne, se pose et puis traverse,
et nous par­donne un jour et nous recueille enfin.
 

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