Cette mince pla­que­tte me désarçonne : je ne sais trop par quel bout la pren­dre. Dois-je m’ar­rêter au jeu de mots que je lis dans le titre, La vie envie ? Mais quoi donc ? Le titre reste énig­ma­tique. Qu’est-ce que la vie en vie ? Qu’est-ce qu’une vie vivante ? Mais la vie peut-elle être morte ?

 

La vie me sem­ble, à bien lire ces poèmes, reliée à des choses hum­bles du réel comme une brou­ette ou comme des palis­sades (qui ne vivent pas). Vie et réel sem­blent intime­ment liés. Mais sur le plan formel les choses ne sont pas aus­si sim­ples. Ça com­mence par un poème aux vers soigneuse­ment comp­tés : huit hep­ta­syl­labes. “Curieuses”, plus loin, est un qua­train d’alexan­drins… Mais entre les deux, il y a un texte réduit à un ver­set d’une longueur cer­taine (20 syl­labes !) comme un quin­til d’alexan­drins (“La vie se trans­porte”). Et, ensuite, la même dis­par­ité est évi­dente : depuis un neu­vain d’oc­to­syl­labes (“Assail­lie”) à ces ver­sets plus ou moins longs. Comme si les aspects divers de la vie avaient pour reflets des vers de longueur dif­férente réu­nis en stro­phes plus ou moins longues ou des ver­sets. La même diver­sité se remar­que dans la façon d’ap­procher le réel et la vie. Au prosaïsme et au par­tic­u­lar­isme de la brou­ette ou des palis­sades s’op­pose la général­ité du qua­trième poème (“La vie n’est pas la vie / elle enfouit l’humeur / mais ne se courbe pas”). Et ça va et vient entre l’é­clopé et l’u­ni­ver­sal­ité… Jean­py­er Poëls sait que la mort est inac­cept­able. Aus­si décrit-il la vie au rabais, comme celle d’un éclopé, avec un réal­isme insouten­able. Quant au reste, il fait preuve d’une vision dialec­tique orig­i­nale où les ani­maux fam­i­liers (chat­te ou chien) jouent leur rôle…

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