Qui se tient en bas, dans une chambre
yeux grands ouverts, et sans protection
à regarder lointain
le monde, et l’autre monde qui est aus­si le sien
com­mence un voy­age illimité
dans l’inconnu

sa vie devient sim­ple reflet d’astre
fine pous­sière d’étoiles
dedans l’obscur silence de la langue

et le nom qu’il ne parvient pas à prononcer
sur la ten­ture indéchiffrable du réel
ourle un vis­age tissé
aux ocre-vert de la terre, aux plaines étroites
du ciel, aux  bêtes et aux blessures
aux bleus d’eaux et de pier­res remémorées

per­du dans la pro­fondeur des origines
le regard sus­pend les mots
dont l’attente couronne  l’instant
vision de la chair, calme pensée
du vivant comme si
les choses et les voix étaient tout

amour, à l’ombre des sens
la soli­tude est une apothéose
une douleur de reine

et le temps a sa  flamme
dans la pri­va­tion où dansent les larmes
le cœur parle
le moin­dre souf­fle ranime l’esprit
cou­vrant  d’existences, de dons et de souvenirs
le rêve d’avant et d’après

l’éveil est aus­si l’exil
dans la vérité de l’en bas
la parole du corps a la nuit de l’âme

qui  se tient en soi, face au mystère
con­naît l’insecte et la plante, l’arbre et le roc
le nuage et le fleuve, le matin et le soir
adossé au miroir de la langue
il verse au puits de la vie
la source de la mort

la soli­tude est plus ter­restre que céleste
dans la cham­bre nue
sa lumière humaine fraie la trace.
 

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