Arc-bouter sa pen­sée à un monde tu.
En extraire labour après labour d’im­per­cep­ti­bles crêtes,
       Dor­sales éparpillées.
Des mon­des sans voix. Portés par leur vacuité.
Le silence est-il-je ? Insen­sé ? Infini ?
Se meut-il par frag­ments, idéo­gramme, expérience ?
A‑t-il une âme, un cen­tre ou n’est-il qu’évaporation ?

Je le sens comme un troisième langage.
Celui du signe intem­porel d’une présence au monde.
Celui d’un irra­tionnel éro­tique qui me pousse à chavirer.
Celui qui tra­verse l’im­men­sité par énigmes,
Dis­paraît et resur­git là où on ne l’at­tend jamais.

Ce silence à une épais­seur, une texture.
Je le bois sat­iné, tan­nique et infusé.
Il n’ex­iste pas de mot pour le décrire.
On dira qu’elles ont bu au cal­ice des Dieux,
Qu’Op­un­tia, Yuc­ca, Hysope, Mélisse
Ou Agaves à Sisal sont autant de manifestations
                  De son identité.

Entrelacs et bourgeonnement.
          Quand naît-il si ce n’est au car­refour délié
             De mon ignorance ?
L’im­men­sité suc­cède à l’immensité.
Le fleuve sec­ond s’é­pand en tress­es hyalines.
L’à-venir s’é­ploie sous mes yeux clos,
                       Le signe est là.

Arc-bouter sa pen­sée à un monde tu.
En extraire, mon­ades après monades,
              Tous les sucs, tous les bruits.
            Du râle au cri déployé,
     Du spasme à l’écartèlement.

Mille arrim­ages pour un octroi.
Epigone, laquais ou Phénix des interstices,
La voie est au-delà.
 

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