Les chevaux s’approchent
quand on se couche dans l’herbe
quand on confie au sol
le soin de nous déplier
ils sont curieux de nos songes
& de notre dépendance
intrigués par ces rives
nous tirant vers l’exil
ils paissent non loin
du cœur intermittent
prenant garde d’y préserver
le halo du ciel
ils soufflent & leur souffle
rappelle la voix des morts
ils soufflent & l’âme
s’écarte comme une praire
ils soufflent & l’âge des arbres
se mêle à l’âge des enfants
la page à peine tournée
ils se sont éloignés du vent
comme happés par le reflux de la vie engorgée
comme hélés par d’autres plaintes telluriques
les chevaux nous ont laissés
au bord du lit défait
& nous peinons à revêtir
la chemise du jour
& nous hésitons à reconnaître
aux lignes de nos paumes
la trace des racines
amoureusement broutées
extrait de Les Belles Choses – Paul Dirmeikis – Editions de L’Eveilleur (2014)