Il faudrait une hor­loge de tous les temps
Celui de l’éphémère pour qui
la journée de l’homme est l’éternité
celui de la comète qui raie le ciel
sans laiss­er de cicatrice
celui du gril­lon samouraï de la prairie
celui de la sauterelle por­teuse de sabre
celui de la vipère au goupil­lon mortel
celui de l’alerce et du séquoia
qui sont adultes à mille ans
et enfin celui de l’homme

Cette hor­loge au cad­ran immense
aurait des mil­liards d’aiguille
adap­tées à chaque vivant
qui ne ver­rait rien que la sienne
De gauche à droite cette aiguille
remon­terait d’abord la pente
pour ensuite la redescendre
cha­cune à sa pro­pre vitesse
A six heures serait la naissance
A douze heures serait l’apogée
A dix-huit heures serait la mort

Ah mieux vaudrait sans doute
une hor­loge d’au­cun temps.

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