(extraits)     

 

En chemin
lorsque tu crois­es cette odeur de miel
avec la douceur qu’elle t’inspire
ce n’est que quelques pas plus loin
qu’elle te con­traint à revenir sur le lieu

Comme une découverte
à la fois évi­dente et heureuse
lorsque tu crois retrou­ver ici
les troènes de l’enfance

 

*

 

Tu voudrais revivre ce moment
de l’enfance dans l’été
quand au matin le soleil
réchauf­fait déjà les pavés de la cour

Tan­dis que tu sortais
des trois pièces de la maison
pour pénétr­er l’air tiédi
la lumière bienveillante
le silence des oiseaux

Et qu’il te sem­blait alors
qu’à peine neuf heures passée
le monde t’appartenait

 

*

Tu retrouves
sur ce chemin de pierre
bien plus que la réalité
qui sur­git des spectres
de lumières solaires

Et tes yeux ne voient plus guère
les arbres     l’eau     le ciel
hachuré du vol des oiseaux
mais au plus pro­fond de toi
l’ombre
de ceux qui t’accompagnent

 

*

 

Arpen­tant le sentier
tu pens­es pos­er ton regard
sur les traces du monde

Tour­nant tes yeux
sur le bas-côté du chemin
pour rechercher      tu ne sais
quel inouï trésor

Ce cail­lou étonnant
un insecte inconnu 
de toi seul
le plumage d’un faisan
qui ponctue la paille raz des blés

Mais c’est en toi
dans l’écho des chu­cho­tis du monde
que ton regard se tourne

 

*

Seul 
devant  l’immensité du ciel
la lumière
ou le som­bre augure des nuages
te grif­f­ent     te lézardent le cœur

Que tu regardes     tes mains
ton vis­age     ton corps
le miroir s’incline
comme au jour
finis­sant de l’été
 

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