Je n’étais par­mi vous qu’un oiseau de passage

je n’étais près des hommes
qu’un oiseau
je n’étais qu’un oiseau qui pas­sait dans leur vie.

Michel Héroult

 

   Michel Héroult écrivait des « poèmes foudroyés », poèmes por­tant signes et sym­bol­es au cœur de ce qui nous entoure. Il avait soif d’absolu, regar­dait au loin une échelle élancée vers l’étoile. L’homme frater­nel avait com­mencé sa route poé­tique aux côtés de Pierre Bou­jut et de La Tour de Feu, sous l’œil des alchimistes passés. Cela organ­ise un par­cours per­son­nel, n’en dou­tons pas. Par­cours en con­ti­nu­ité puisque le poète édi­teur fit vivre longue­ment La Nou­velle Tour de Feu, sous l’égide du Soleil Natal, à la fois con­ti­nu­ité et rup­ture avec son aînée. Dans le livre qu’il édite en son athanor, un autre poète, Jean-Luc Max­ence, pro­pose un choix de poèmes fait avec l’auteur peu avant sa dis­pari­tion, une antholo­gie de fort belle fac­ture parais­sant dans une col­lec­tion vite devenu impor­tante aux yeux de qui aime la poésie des pro­fondeurs : « Poètes trop effacés ». On lira là des poèmes venus des deux recueils les plus sou­vent cités de Héroult, Les poèmes foudroyés et Les élé­gies pre­mières, d’autres issus de Poèmes pour éclair­er la mer. Puis des inédits. L’ensemble est présen­té par Max­ence en un texte empli d’émotion et de justesse, le lecteur com­pren­dra aisé­ment pourquoi en lisant ce beau texte intro­duc­tif à la poésie de l’homme Michel Héroult. Le vol­ume est actuelle­ment la meilleure manière de décou­vrir l’atelier de Michel Héroult, out­re ses recueils.

La poésie de Héroult est une poésie solaire, mais d’un soleil blessé en dedans de la vie même. Une poésie tra­ver­sée par la fra­ter­nité, la beauté, avec un ésotérisme claire­ment affir­mé, ain­si que des élans maçon­niques de grande force. Elle n’est cepen­dant pas une poésie d’ini­tiés, plutôt la poésie de qui ayant entrap­erçu beau­coup tente de don­ner à lire ce que les mots peu­vent en dire. Et ce n’est pas aisé. C’est aus­si une poésie de la colère, devant les folies de la vie présente et la volon­té d’une par­tie du monde con­tem­po­rain de se retir­er  de ce qui fait le réel du monde, le cœur, au prof­it de ce qui n’incarne qu’une illu­sion, l’agitation pré­da­trice. Héroult regar­dait devant lui et il voy­ait un futur entremêlé de passé. Une réal­ité en somme. Étrange­ment, ce livre affir­mant un poète « effacé » vient à point nom­mer pour don­ner à lire un de nos grands poètes.

 

 

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