Demain j’irai vers toi, ô cité des Seigneurs,
A tes portes de bronze je présen­terai mon cœur,
Passe­port de chair dont les lignes sanguines
Tra­cent en fil­igrane le nom de Palestine.

Mes yeux qui, si longtemps n’ont point vu tes lumières,
Lais­seront leurs regards errer sur tes splendeurs,
Et mon âme si longtemps privée   de tes prières
Vers Dieu élèvera son can­tique de bonheur.

Mes genoux fléchi­ront sous l’or de tes coupoles
Et mon front s’abîmera sur ton sol sanctifié,
Mes mains s’épanouiront en de blanch­es corolles
Pour touch­er pieuse­ment tes murs ressuscités.

Car tu fus, ô ma ville, un lieu choisi par Dieu
Pour dire aux mor­tels qu’ils sont frères sur la terre,
Car tu fus, ô ma ville, un corps élu par Dieu
Pour souf­frir dans ta chair les stig­mates de la guerre.

On t’a dit que la paix en ton nom s’est logée,
Mais sais-tu qu’à Gaza, à Naplouse et dans d’autres cités,
L’honneur de mourir pour ma terre bien-aimée
Arme de pier­res blanch­es mon peu­ple désespéré?

Demain j’irai vers toi ô cité des prophètes,
J’irai droit devant moi, j’irai dans les sentiers
Où les cyprès se meurent en l’absence des rosiers,
Où les hommes sont las des ter­restres conquêtes.

Sous mes pas revivra la divine aventure
De ces princes appelés au ser­vice divin,
Seigneurs dont l’âme altière con­nut toutes les blessures
Avant de s’affirmer la force des humains.

Comme eux je m’en irai vers la Terre Promise
Con­duisant tout mon peu­ple vers les lieux où Moïse
Les yeux encore brûlants des saints commandements
S’en alla pour l’histoire et la fin des tourments.

Comme eux je gravi­rai le chemin du calvaire,
Porté par une foule ardente et téméraire,
Et sur le Gol­go­tha de pierre, je trans­met­trai aux miens
Le mes­sage d’amour du Christ palestinien.

Comme eux, je suiv­rai l’ange dans les cieux sanctifiés,
Je vol­erai très haut vers les blancs minarets,
Au Dôme du Rocher, mon verbe mélodieux
Dira le nom de Mahomet et la puis­sance de Dieu.
 
Demain, j’irai vers toi  ô cité du pardon,
L’enfant qui te quit­ta pleu­rant ton abandon,
L’enfant qui s’en alla dans les nuits solitaires
Ne sera plus cette ombre sur les routes étrangères.

Car tout est devenu pour moi pur comme un poème,
Et je reviens à toi à l’âge des goûts suprêmes,
L’esprit illu­miné par ta sainte splendeur,
A  tes portes de gloire, je présen­terai mon cœur
Passe­port de chair dont les lignes divines
Tra­cent en fil­igrane le nom de Palestine.

 

                       
                                       
            Poème extrait d’Alchimie

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