à Frédéric Jacques Temple

tu es
comme l’aveugle
si tu n’ouvres ton regard qu’à la vie

comme l’aveugle
si tu scrutes obstiné­ment la mort

qui voit le tout
seul
pénètre la beauté du vrai

et par­court d’un pas léger
l’axe de l’univers

***

 

au feu
tu as jeté ton corps
et les hail­lons de tes actes

ain­si allégé
tu t’es mis en chemin

seul un bol fêlé
pour boire au ventre
des vallées

et ton cœur sans désir
pour toucher
l’infini

***

 

va
ceci est le chemin de l’esprit

de matines à complies
plus haut
toujours
va

de l’écheveau du fleuve
qui aspire au dégel
par un bosquet d’argousiers
puis un maquis de chênes verts
tu gravis
recru d’épines
des lacets indécis

jusqu’au vaste pierrier


résonne un silence

toute vie
élude le regard

vois pour­tant

le ciel
caresse le front
du néant

***

 

tu as marché
toute une vie
et des pier­res s’est élevé
un chant d’oiseaux

tu as marché
encore une vie
et les bêtes sauvages ont prononcé
des mots d’hommes

pour ta dernière vie
tu as marché
ô
l’obscur silence des étoiles
 

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