It isn’t the body
That’s a stranger.
It’s some­one else.

We poke the same
Ugly mug
At the world.
When I scratch,
He scratch­es too.

There are women
Who claim to have held him.
A dog fol­lows me about.
It might be his.

If I’m qui­et, he’s quieter.
So I for­get him.
Yet, as I bend down
To tie my shoelaces,
He’s stand­ing up.

We cast a sin­gle shadow.
Whose shadow?
It’d like to say:
“He was in the beginning
And he’ll be in the end,”
But one can’t be sure.

At night
As I sit
Shuf­fling the cards of our silence,
I say to him:

“Though you utter
Every one of my words,
You are a stranger.
It’s time you spoke.”

 

 

L’Homme intérieur

Ce n’est pas le corps
Qui est un étranger.
C’est quelqu’un d’autre.

Nous four­rons le même
Vilain museau
Au nez du monde.
Quand je me gratte,
Il se grat­te aussi.

Il y a des femmes
Qui pré­ten­dent l’avoir tenu dans leurs bras
Un chien me suit d’un endroit à l’autre
Qui est peut-être le sien.

Si je me tais, il se tait plus encore.
En con­séquence je l’oublie.
Toute­fois, me pen­chant pour lac­er mes chaussures,
Il se met debout.

Nous pro­je­tons la même ombre.
L’ombre de qui ?
J’aimerais bien pou­voir dire :
“Il était dans le commencement
Et il sera dans la fin.”
Mais on ne peut pas être certain.

La nuit
en m’asseyant ainsi
pour mêler les cartes de notre silence,
Je lui dis :

“Quoi que tu prononces
Cha­cune de mes paroles,
Tu es un étranger.
Il est temps que tu parles.”

 

Tra­duc­tion en français d’Elizabeth Brunazzi
 

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