Long et pâle vis­age. Le peintre
a recon­nu celui qui erre par­mi les mots
des mono­logues, les buis­sons secs, hachés de traits
blessant ciels et gravures. Plume sur le cha­peau. Voyage
à tra­vers siè­cles et brouil­lards. Quinte de toux.
Qui donc d’un œil hagard hors des miroirs s’incarne,
se dés­in­car­ne, et sans réponse. Il croit savoir

qui est le spec­tre et qui est l’Autre, comme
à la fin de la nuit, dans l’aube humide les paysages
recon­stru­isent leurs jeux et gon­flent leurs volumes.
Nez aquilin. Les yeux surtout, le vis­age inter­roge. Est-ce
le som­bre, le tac­i­turne, le stratège ? Il entend

marcher dans la voix, l’eau clapote au milieu d’un rêve.
Puis une nuit, est-ce un théâtre ? son gilet vert.
Un Dane­mark de neiges, de sang, de solil­o­ques. Devant lui,
l’homme assis le regarde. Par­fois aussi,
l’espace d’un instant nous voyons, croyons voir
ce dou­ble périlleux qui nous hante.
Craig­nant au moment du som­meil qu’il ne verse
le poi­son doux des mots à notre oreille.

Ses mains fines et longues. Pour tenir un cigare.
Je songe à Mal­lar­mé. Main­tenant je regarde
à mon tour, assis dans un coin d’atelier. Les jours
se sont enfuis. L’hiver
sème ses con­fet­tis moins sur la ville
que sur nos vies par les hautes verrières,
plus une étoile, hiv­er sec et voix blanche,
trot­toirs blancs. Que suis-je donc sous le nuage épais,
que sais-je ? que vaut notre savoir ? de la bouilloire
alors s’élève, près de la table
par­mi tant de pinceaux, un sif­fle­ment moqueur.

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