Grzegorz Kwiatkowski, sillon nouveau d’un avenir poétique polonais

Par |2024-03-07T08:47:23+01:00 6 mars 2024|Catégories : Essais & Chroniques, Grzegorz Kwiatkowski|

Poèmes présen­tés par Guil­laume Métay­er et traduits du polon­ais par Zbig­niew Naliwajek.

Grze­gorz Kwiatkows­ki est un jeune poète polon­ais né en 1984 qui tra­vaille sur la mémoire de la vio­lence his­torique en Europe cen­trale et dans le monde, en s’inspirant notam­ment de la tech­nique du col­lage et des biogra­phies funéraires d’Edgar Lee Masters.

Il donne ain­si à réen­ten­dre de manière frap­pante la parole  des vic­times et des bour­reaux. Déjà auteur de nom­breux recueils de poèmes, il inter­vient dans de nom­breuses uni­ver­sités, notam­ment aux Etats-Unis. Il a égale­ment une activ­ité musi­cale intense avec son groupe Tru­pa Tru­pa. Son pre­mier livre français, Joies, a été pub­lié à la rumeur libre édi­tions dans la col­lec­tion « Cen­trale /Poésie » avec une pré­face de Claude Mouchard (2022).

Grze­gorz Kwiatkows­ki, poète et chanteur.

Poèmes extraits de Joies, recueil pré­facé par Claude Mouchard et paru à la Rumeur libre  édi­tions (col­lec­tion « Cen­trale / Poésie ») .

essence

Rubin­stein le fou chan­tait dans le ghetto
alle gle­ich !
alle gle­ich !
tous sont égaux devant la mort
et cela nous met­tait de bonne humeur
mais on nous a trans­portés dans un camp
les enfants brûlaient dans un énorme trou
et on ali­men­tait le feu avec ordures et essence

ben­zyną

wari­at Rubin­stein śpiewał w getcie
alle gleich!
alle gleich!
wszyscy są równi wobec śmierci
i to nas wpraw­iało w dobry humor
ale wywieziono nas do obozu
w ogrom­nym dole pal­iły się dzieci
i ogień podsy­cano śmieci­a­mi i benzyną

foin

je me cachais dans un abri près d’un lac
aux envi­rons de Włodawa
par­fois on me don­nait du pain pour rien
par­fois un peu de lait
mais le plus sou­vent je buvais de l’eau dans des fossés
et mangeais du pois­son mort et du foin

siano

ukry­wałam się w bud­ce przy jeziorze
w okoli­cach Włodawy
cza­sa­mi dawali mi chleb za darmo
cza­sa­mi trochę mleka
ale najczęś­ciej piłam wodę z rowów
i jadłam śnięte ryby i siano

kinder­szenen

il aurait lais­sé sor­tir des pris­ons tous les nazis disait-il
« qu’ils courent dans leurs pro­priétés alpines
qu’ils aigu­isent les crayons et se met­tent à rédi­ger leurs his­toires et souvenirs »
autre­fois il pen­sait que le sen­ti­ment de cul­pa­bil­ité leur ferait éclater les cerveaux
mais il a un peu vécu :
« Seigneur
quel spectacle
comme ils pleuraient
kinderszenen
kinderszenen »

kinder­szenen

mówił że wypuszcza­ł­by wszys­t­kich nazistów z więzień
„niech bieg­ną do swoich alpe­js­kich posiadłości
ostrzą ołów­ki i zabier­a­ją się za spisy­wanie życio­rysów i wspomnień”
kiedyś myślał że z poczu­cia winy pękną im mózgi
ale pożył dłużej:
„Boże
jaki widok
jak płakali
kinderszenen
kinderszenen”

récolte

notre vrai méti­er c’est l’agriculture
pas le meurtre
mais je le reconnais :
les mas­sacres sur les marécages se déroulaient au rythme des travaux saisonniers
et quand il pleu­vait fort nous ne sor­tions pas pour la récolte 

plony

nasz prawdzi­wy zawód to rolnictwo
nie zabi­janie
cho­ci­aż przyznaję:
rzezie na bagnach odby­wały się w ryt­mie prac sezonowych
i kiedy były duże deszcze nie wychodzil­iśmy po plony

Danz le garde forestier

pen­dant la guerre nous ran­gions les corps comme du bois
mais après la guerre dans la forêt nous ran­gions du bois
comme des corps coupés frais

leśnik Danz

pod­czas wojny układal­iśmy ciała jak drewno
ale już po wojnie układal­iśmy w lesie drewno
jak świeżo ścięte ciała

monde

je suis allée dans la forêt avec mon enfant et lasse je pleu­rais avec lui
les larmes coulaient de mes yeux et l’enfant de sa petite main essuyait mes larmes
et j’ai tant regret­té de l’avoir mis au monde

świat

poszłam z dzieck­iem do lasu i razem z nim bezrad­na płakałam
łzy ściekały mi z oczu a dziecko wycier­ało mi łzy rączką
i tak bard­zo żałowałam że przy­wołałam je na świat

leçon d’esthétique dans une fos­se commune

l’officier Schu­bert
le descen­dant de Schubert
s’en allait aux fusil­lades et
sif­flotait les chan­sons de son aïeul

lekc­ja este­ty­ki w masowym grobie

ofi­cer Schubert
potomek Schu­ber­ta
jeźdz­ił na rozstrzeliwania
i wyg­wiz­dy­wał sobie piosen­ki przodka

Grze­gorz Kwiatkowsi, Joies, recueil pré­facé par Claude Mouchard et paru à la Rumeur libre  édi­tions (col­lec­tion « Cen­trale / Poésie ») .

Présentation de l’auteur

Grzegorz Kwiatkowski

Grze­gorz Kwiatkows­ki (1984) habite à Gdan­sk. Il est poète et mem­bre (chanteur et paroli­er) de « Tru­pa Tru­pa » (jeu de mots sur les mots polon­ais désig­nant une troupe et un cadavre), un groupe psy­chédélique post-punk qui acquiert une dimen­sion internationale.

Bibliographie

Przeprawa (Pas­sage), 2008
Eine Kleine Todesmusik, 2009
Osłabić (Affaib­lir), 2010
Radoś­ci (Joie), 2013
Spalanie (Com­bus­tion) , 2015
Sową (Par un hibou), 2017

Poèmes choi­sis

Autres lec­tures

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Guillaume Métayer

Né à Paris en 1972, Guil­laume Métay­er est chercheur au CNRS, tra­duc­teur et poète. À côté de poèmes (notam­ment Libre jeu, Car­ac­tères, 2017, pré­face de Michel Deguy), et d’essais cri­tiques (tels que Niet­zsche et Voltaire, Flam­mar­i­on, 2011 ; ou, sur la tra­duc­tion, A comme Babel, pré­face de Marc de Lau­nay, La Rumeur libre, 2020), il traduit du hon­grois, tant les poètes et écrivains con­tem­po­rains (István Kemény, Kriszti­na Tóth…) que mod­ernes et roman­tiques (Gyu­la Krúdy, Atti­la József, Sán­dor Pető­fi…), ain­si que de l’allemand (Poèmes com­plets de Niet­zsche, Les Belles let­tres, 2019 ; Kaf­ka ; poésie con­tem­po­raine autrichi­enne) et du slovène (Aleš Šte­ger). Il est mem­bre du comité de rédac­tion des revues Po&Sie et Place de la Sor­bonne et ani­me un ate­lier d’écri­t­ure poé­tique à Sor­bonne université.

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