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Cécile A. Holdban, extraits inédits de Toucher terre

2019-11-18T15:35:42+01:00

Les cer­ti­tudes nous main­ti­en­nent sur un socle pré­caire, flammes debout que bien­tôt les feuilles recou­vrent, amenuisent, étouf­fent. Nous restons sans appui sur la terre nue, glacée, au seuil du ver­tige et de l’obscurité.

Notre seul via­tique : l’espérance secrète du printemps.

 

 

 

Les migrateurs

Novem­bre noir, novem­bre gris
poème sans ciel sans ailes sans bruit
la rue se noie la rue est sombre
le vent tourne dans les manteaux
les vis­ages gom­més par la pluie

(en toi indi­vis­i­ble je reconnais
le goût de l’eau)

on dit que la joie
com­pose dans sa lumière franche
de trop faibles poèmes

(je ne peux taire le chant
qui le matin monte à ma gorge
ourle mes lèvres fleu­rit ma main)

on dit que la joie
est un leurre pour les oiseaux
que la vérité se situe
dans des zones entre gel et ombre
dans l’opacité de la rue

(je te sais, et je suis la source
comme la source
sait l’océan)

Novem­bre noir, novem­bre gris,
dans l’aube humide sur les ruelles
j’ai vu la joie ordon­nant sa clarté
vers ce vol loin­tain que ton regard suivait.

 

 

 

Templum

les augures déchiffrent le vol des oiseaux dans un car­ré don­né de ciel.
baguette de coudri­er, bois de cerf, trompette de cuivre
tra­cent dans les airs l’angle d’une vision inaccessible

Sois l’espace entier, la fenêtre où voir est sans limite
l’horizon : on le mesure à ce qui tremble
par delà les lignes pos­si­bles. Le tem­ple est transparent

 

 

 

Hirondelle

fends et strie le ciel de l’arc de tes ailes
présage, pul­sa­tion, boomerang
ailes noires, cœur rouge, ven­tre blanc
emporte dans la nue les couleurs du conte
et reviens, plumes empen­nées d’orage
de foudre, illu­min­er la nuit

 

 

 

Vivre c’est
enten­dre cette musique qui s’élève
par­fois avec la douleur

Vénus annonçant la nuit

nos mains

(comme un pressentiment
             le mou­ve­ment suspendu)

sont ten­dres
et dis­ent en se retirant :

grâce soit ren­due à nos os de flûte
par qui la musique fut ailée.

 

Présentation de l’auteur

Cécile A. Holdban

Hon­groise d’origine, après une enfance en France,  Cécile A. Hold­ban décide à l’adolescence de pour­suiv­re sa sco­lar­ité dans un inter­nat hon­grois, dans la cam­pagne bavaroise dont elle con­serve la nos­tal­gie. Elle com­pose à cette époque ses pre­miers poèmes en hon­grois, sa langue mater­nelle qui l’a bercée à tra­vers chants et poésies que lui con­taient sa mère et sa grand-mère.

Elle suit, pen­dant qua­tre ans, aux Langues ori­en­tales, des études de lin­guis­tique au cours desquelles elle s’initie à la civil­i­sa­tion fin­landaise et au quechua, et, surtout, entre­prend ses pre­mières tra­duc­tions du poète hon­grois Weöres Sándor.

Sen­si­ble aux arcanes de la nature, cette pas­sion­née de botanique est aus­si une grande voyageuse dans l’âme, dont les itinérances l’ont con­duite en Europe de l’Est, en Amérique du Sud et en Asie.

 

Cécile A. Holdban

En 2011, Angèle Paoli, la créa­trice du site « Terre de Femmes », pub­lie pour la pre­mière fois un de ses poèmes.

En 2012, elle pub­lie un pre­mier recueil aux édi­tions L’Échappée Belle, Ciel pas­sager, que suiv­ra un recueil de haïkus en 2013, aux édi­tions La Part Com­mune, Un nid dans les ronces.

En 2013, elle pub­lie plusieurs tra­duc­tions de Weöres Sán­dor en revue (Vari­a­tions…), et sur des sites en ligne con­sacrés à la poésie (Terre de Femmes, Poezibao…).

En 2014, elle traduit une antholo­gie de Jószef Atti­la, avec Fran­cis Combes et Georges Kas­sai, aux édi­tions Le Temps des Ceris­es, Le Men­di­ant de la beauté, ain­si qu’un recueil de textes inédits de Karinthy Frigyes aux édi­tions du Son­neur, Tous sports con­fon­dus.

Actuelle­ment, elle pré­pare un vol­ume con­sacré à Weöres Sán­dor pour la col­lec­tion de poésie « Orphée » aux édi­tions de La Dif­férence, ain­si que deux recueils de poésie, dont l’un a pour thé­ma­tique l’exil, l’arrachement au pays natal, et l’autre la vie et les écrits d’une poétesse néo-zélandaise mécon­nue du début du vingtième siè­cle, Emil­ia Wandt.

Depuis 2015, elle codirige la revue de poésie Ce qui reste.

En 2016, elle pub­lie Une robe couleur de jour/Napszín Ruhában. En juin 2016, elle reçoit le prix A. Ribot.

Elle a égale­ment pub­lié poèmes, textes et tra­duc­tions dans de nom­breuses revues (Thau­maEuropePaysages écritsLa femelle du requinTer­res de femmesRecours au poème…).

En 2017, elle pub­lie L’Été et Viens dans mon poème. Elle est récom­pen­sée par le prix Yvan Goll, qu’elle partage avec Anne Mala­prade. Le prix lui est décerné lors du fes­ti­val du Marché de la poésie le 9 juin 2017. Le 10 juin 2017, elle reçoit le prix Cal­liope du Céna­cle Européen de la Francophonie.

Autres lec­tures

Un nid dans les ronces de Cécile A.Holdban

     Voici un recueil de haïkus, mais pas seule­ment de haïkus. Les ter­cets de Cécile A.Holdban sont fidèles à l’esprit et aux règles du fameux genre poé­tique japon­ais mais s’en échap­pent aussi […]

Cécile A. Holdban : Toucher terre

La poésie de Cécile A. Hold­ban touche à l’intime mais demeure en per­ma­nence auréolée d’une forme de mys­tère. La poète creuse l’énigme de la vie.  « Il restait une fleur/sur terre/pour l’éclairer », écrit Cécile A. […]

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