Prière

Par | 5 octobre 2014|Catégories : Blog|

Seigneur : offre-moi des suicidés 
le calme du vis­age satisfait 
le courage avec lequel il salu­ent le vide
tous les refus des rendez-vous
que l’amour leur a imposé dans l’oubli des rues 
et s’il te plaît, n’oublie pas
ce bais­er empoi­son­né au chloroforme
Accorde-moi une place dans son ciel déchiré
Et si tu peux 
offre-moi une mort moins héroïque
sans notes en bas de page.

 

Poème traduit de l’espagnol (Colom­bie) par Rémy Durand

 

 

Ple­garia

Señor: dame  de los suicidas
la placidez del ros­tro satisfecho
el arro­jo con que  salu­dan al vacío
toda  neg­a­ti­va  a las citas 
que el amor les impu­so en el des­cui­do de la calle 
y  por favor, no se te olvide
aquel  beso enve­ne­na­do de cloroformo
Con­cédeme parte en  el  cielo desgarrado
Y si te es posible
con­fór­mame con una muerte menos heroica 
sin notas explica­ti­vas a pie de página.

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Prière

Par | 15 juillet 2012|Catégories : Blog|

 

Si un jour, aux derniers instants de ma vie, je dois expi­er les péchés de la mag­nifique jeunesse, son out­re­cuid­ance radieuse, ses rires ouverts, son ingénue malveil­lance, sa démarche de despote, ses déci­sions sans scrupule, ses obsti­na­tions et ses dédains, – et que ces puis­sants méfaits de l’irréflexion vien­nent plaider con­tre moi, veuillez, ô Des­tin, oppos­er à ces images d’un crime ravis­sant toutes les détress­es de votre créa­ture ! Évo­quez sa patience suf­fo­cante, sa con­stata­tion du mal­heur lente et sûre comme l’envahissement d’un insi­dieux venin, les tem­pêtes de l’esprit et du corps, com­primées par de faibles mains appuyées sur un cœur bondis­sant. Con­sid­érez dans son mar­tyre spir­ituel cet être qui gît les yeux clos, dis­lo­qué comme la vic­time d’un acci­dent bru­tal qui ne néces­site plus ni atten­tion ni sec­ours. Dénom­brez les coups de couteau de la hideuse décep­tion dans l’imagination humaine acharnée au plaisir, qui, comme vous, est divin, robuste et créa­teur. Aus­cul­tez ce désert songeur où alter­nent le rêle et le silence. Api­toyez-vous sur la douleur qui appelle non seule­ment la mort, mais une mort dis­graciée, et recevez, ô Monde, ce poids de rêve piét­iné dans le par­adis sans con­science de votre vaine éternité !

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