José Antonio Ramos Sucre, La substance du rêve

Par |2021-05-06T07:34:30+02:00 6 mai 2021|Catégories : José Antonio Ramos Sucre|

Cet ouvrage des PUL nous fait décou­vrir l’u­nivers très per­son­nel du poète vénézuélien José Anto­nio Ramos Sucre (1890–1930), un auteur très peu con­nu en dehors de son pays d’o­rig­ine. Il s’ag­it pour­tant d’un écrivain d’une grande orig­i­nal­ité, au style unique, rigoureux et inquié­tant, comme nous pou­vons lire dans la pré­face de Gus­ta­vo Guerrero.

Ramos Sucre, issu d’une illus­tre famille ‑celle d’An­to­nio José de Sucre, le lieu­tenant du lib­er­ta­dor Simón Bolí­var- était un auteur inclass­able, qui se situ­ait à dis­tance des prin­ci­paux courants lit­téraires de son époque. Le lan­gage est util­isé de façon très libre, énig­ma­tique par­fois, et les textes sont bâtis sous des formes qui rap­pel­lent sou­vent des mono­logues dra­ma­tiques pour évo­quer la force du destin.

Le poète vénézuélien arrive au lecteur comme l’héri­ti­er de cer­taines de grandes tra­di­tions lit­téraires de l’Eu­rope du XIXe siè­cle : roman­tisme, mod­ernisme notam­ment, mais égale­ment l’a­vant-gardisme des années vingt. Il appa­raît égale­ment comme un réno­va­teur de l’écri­t­ure poé­tique de son temps. Il est vrai aus­si que dans son œuvre réson­nent les échos des « déca­den­tistes » européens, et que Ramos Sucre mon­tre une farouche volon­té de pour­suiv­re un monde idéal, loin du matéri­al­isme. C’est ain­si que ses écrits sont revê­tus d’une aura presque mys­tique par­fois, où une parole tout à fait ent­hou­si­aste ‑à l’in­star de celle des mod­ernistes- côtoie un sen­ti­ment de mis­an­thropie très profond.

José Anto­nio Ramos Sucre, La sub­stance du rêve, Press­es Uni­ver­si­taires de Lyon, Col­lec­tion Ida y Vuelta, 2020, 15 €

Son univers fab­uleux est présen­té dans des poèmes en prose qui pro­posent un véri­ta­ble réc­it hors du temps, et qui sont con­stru­its par­fois dans la tra­di­tion moral­iste des réc­its ori­en­taux. L’in­tro­duc­tion de François Del­prat nous pré­cise que Ramos Sucre accorde sou­vent un grand soin pour dévelop­per une expres­sion inso­lite, en util­isant des mots rares et dotés d’une plu­ral­ité des sens.Le lecteur est com­plice de la quête spir­ituelle de l’au­teur, qui par­court un chemin douloureux ou son âme est déchirée entre l’hor­reur du monde et la fas­ci­na­tion de la beauté.

La sub­stance du rêve est une antholo­gie qui présente env­i­ron la moitié des textes écrits par Ramos Sucre, divisés en trois livres : La Tour de Tim­on, Les formes du feu et Le Ciel d’é­mail. Ces poèmes en prose sont suiv­is de quelques notes très intéres­santes des tra­duc­teurs, qui insis­tent sur la beauté d’un style qui fait la part belle à l’imag­i­naire. L’éru­di­tion lin­guis­tique que nos révè­lent ces pages fait que chaque parole a dans son sil­lage un vaste monde de réso­nances, selon l’af­fir­ma­tion de Car­los Augus­to León.

En ma qual­ité de tra­duc­teur et de lin­guiste, ‑mais la remar­que se veut exclu­sive­ment per­son­nelle- j’au­rais aimé prof­iter d’une ver­sion bilingue qui m’au­rait per­mis d’ap­préci­er davan­tage le tra­vail minu­tieux de la tra­duc­tion en français. Mais il s’ag­it en somme d’une une édi­tion très soignée qui se déguste avec un plaisir intense, en faisant décou­vrir au pub­lic français la créa­tiv­ité d’un auteur dont le lan­gage développe une richesse tout à fait indéniable.

 

 

Présentation de l’auteur

José Antonio Ramos Sucre

José Anto­nio Ramos Sucre était un poète, pro­fesseur, diplo­mate et éru­dit vénézuélien. Il était mem­bre de la famille Sucre du Venezuela et arrière-arrière-neveu d’An­to­nio José de Sucre.

© Crédits pho­tos Wikipedia

Trizas de papel (1921)

Sobre las huel­las de Hum­boldt (1923)

La torre de Timón (1925)

Las for­mas del fuego (1929)

El cielo de esmalte (1929)

 

 

Poèmes choi­sis

Autres lec­tures

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Miguel Angel Real

Né en 1965, il pour­suit des études de français à l’Université de Val­ladol­id (Espagne), sa ville natale. Il tra­vaille en 1992 à l’Agence France Presse à Paris. Agrégé d’espagnol, il enseigne au Lycée de Cornouaille à Quim­per. En tant qu’au­teur, ses poèmes ont été pub­liés dans les revues La Gal­la Cien­cia, Fábu­la et Saigón (décem­bre 2018) (Espagne), Letralia (Venezuela), Marabun­ta, El Humo et La Piraña (Mex­ique), ain­si que dans l’an­tholo­gie de poésie brève “Gotas y hac­ha­zos” (Ed. PÁRAMO Espagne, décem­bre 2017). Les revues français­es “Le Cap­i­tal des Mots”, “Fes­ti­val Per­ma­nent des mots” “Lichen”,“La ter­rasse” et “Revue Méninge” ont égale­ment pub­lié cer­tains de ses poèmes en français, orig­in­aux ou traduits de l’es­pag­nol. Il a pub­lié en avril 2019 un recueil per­son­nel, Zoologías, aux édi­tions En Hui­da (Séville). Les édi­tions Sémaphore pub­lieront bien­tôt son recueil bilingue Comme un dé rond. Il fait par­tie du comité de rédac­tion de la revue poé­tique espag­nole Crátera. Il se con­sacre aus­si à la tra­duc­tion de poèmes, seul ou en col­lab­o­ra­tion avec Flo­rence Real ou Marceau Vasseur. Ses tra­duc­tions ont été pub­liées par de nom­breuses revues en France (Pas­sage d’en­cres, Le Cap­i­tal des mots, Mange-Monde), Espagne (La Gal­la Cien­cia, Crátera, El Colo­quio de los Per­rros) et Amérique (Low-Fi Arden­tia, Por­to Rico, La Piraña, Mex­ique). Dans cette dernière pub­li­ca­tion il dirige deux sec­tions de tra­duc­tion nom­mées « Le Piran­ha Transocéanique » (https://piranhamx.club/index.php/le-piranha-transoceanique) et « Ven­tana France­sa » (https://www.piranhamx.club/index.php/quienes-somos‑2/ventana-francesa) Tra­duc­tions pub­liées: — “Fauves” (Edi­to­r­i­al Corps Puce), poèmes de l’au­teur équa­to­rien RAMIRO OVIEDO (Traduit avec Marceau Vasseur, décem­bre 2017) — “Erra­tiques”, poèmes d’ANGÈLE CASANOVA, pho­tos de PHILIPPE MARTIN. Edi­tion bilingue. Édi­tions Pourquoi Viens-Tu Si Tard, octo­bre 2018 — “Les travaux de la nuit”, de PAUL SANDA. Édi­tion bilingue. Ed. Alcy­one, décem­bre 2018.
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