David John Con­stan­tine est né en 1944 à Sal­ford, dans le Lan­cashire, au nord ouest  de l’Angleterre. Il fait ses études à la pres­tigieuse uni­ver­sité d’Oxford (Wad­ham Col­lege) et est actuelle­ment Fel­low du Queen’s Col­lege. Poète, tra­duc­teur, pro­fesseur uni­ver­si­taire de langue et de lit­téra­ture alle­man­des, cri­tique lit­téraire, édi­teur, romanci­er et depuis quelques années, auteur de nou­velles, dont cer­tains recueils ont ren­con­tré un vif suc­cès auprès du pub­lic et de la cri­tique. Il vit actuelle­ment à Oxford avec sa femme Hélène, en gar­dant tou­jours un lien avec les Îles Scilly.

Hölder­lin, Brecht, Goethe, Kleist fig­urent par­mi les auteurs alle­mands qu’il a traduits ; les deux pre­miers restent des influ­ences majeures dans son tra­vail et sa con­cep­tion de la poésie. Entre 2005 et 2009 parais­sent ses tra­duc­tions du Faust de Goethe en deux par­ties, pub­liées par Pen­guin. Sa tra­duc­tion des Poèmes choi­sis de Hölder­lin a gag­né le Euro­pean Poet­ry Trans­la­tion Prize (Blood­axe, 1996). Il a aus­si traduit deux poètes fran­coph­o­nes, Hen­ri Michaux et Philippe Jac­cot­tet (Blood­axe). Coédi­teur depuis plusieurs années de la revue Mod­ern Poet­ry in Trans­la­tion, il est aus­si mem­bre du jury de divers prix lit­téraires (dont le célèbre T.S. Eliot Prize), et coré­dac­teur respon­s­able des com­mis­sions pour la mai­son d’éditions Car­canet, spé­cial­iste en poésie.

Un de ses qua­tre recueils de nou­velles, Tea at the Mid­land and Oth­er Sto­ries (Com­ma Press 2012), a reçu le pres­tigieux Frank O’Connor Inter­na­tion­al Short Sto­ry Award en 2013, et par­mi ses nom­breux recueils de poésie, Some­thing for the Ghosts (Blood­axe, 2002)  était par­mi les  ouvrages nom­inés pour The Whit­bread Poet­ry Prize.

Par son lan­gage à la fois clas­sique et éclec­tique, David Con­stan­tine est un poète tout en retenue, ce qui n’exclut pas un engage­ment très fort, se récla­mant d’un human­isme proche de la vision d’Hölderlin :

« Nous habitons un monde dont le sens – que ce soit religieux ou exis­ten­tiel — ne nous est pas révélé : nous devons le créer de par nous-mêmes ».

Proche des poètes et des voyageurs de toute époque, de l’Antiquité jusqu’à nos jours en pas­sant par le botaniste du 18e siè­cle, Joseph Pit­ton de Tourne­fort, Con­stan­tine se décrit comme étant « dans les marges » de la lit­téra­ture anglaise, « pas excen­trique, mais pas dans le main­stream non plus, et cer­taine­ment pas au cœur (où est-ce, en fait ?) ». Et mal­gré son appar­te­nance et sa recon­nais­sance envers son héritage cul­turel et sa langue mater­nelle, il dit être redev­able envers les poètes étrangers, surtout Hölder­lin et Brecht, et devoir beau­coup à sa con­nais­sance d’autres langues. « Je crois que voy­ager à l’étranger  – dans les deux sens du terme, fig­u­ratif et réel – est une expéri­ence enrichissante qui devrait être oblig­a­toire pour tout poète. C’est ain­si qu’on revient vers sa pro­pre langue, avec un regard et une vivac­ité intérieurs renou­velés. »

Le tout dernier recueil, Elder (Blood­axe Poet­ry), sor­ti en févri­er 2014 à l’occasion des 70 ans du poète, a déjà reçu tous les éloges de la cri­tique. C’est un livre où l’on trou­ve non seule­ment des accents élé­giaques et per­son­nels mais aus­si une cer­taine angoisse face à  l’utilisation abu­sive et destruc­trice de la terre par l’homme, le tout com­pen­sé par les grands thèmes : la  célébra­tion de l’amour, l’espérance et le désir des êtres humains de bien vivre le temps qui leur est alloué.

« Puisant dans les sen­si­bil­ités des poètes européens – Goethe, Hölder­lin, Brecht —  dont il a une con­nais­sance intime, ce recueil human­iste et grave pèse la vie de l’individu con­tre le vacarme et le défer­lement du vaste monde et se place plutôt en faveur des forces sub­tiles  et com­plex­es du pre­mier… » Sarah Crown, The Guardian

La présente suite de sept poèmes, Îles, extraite d’un de ses pre­miers recueils (épuisé)  Watch­ing for the Dol­phins (Blood­axe, 1983) évoque des scènes, des per­son­nages et des sou­venirs d’enfance du poète lorsqu’il habitait une des Îles Scil­ly (situées au sud-ouest de Land’s End en Cornouailles). Ces îles, réputées pour leurs rochers et le dan­ger qu’ils représen­tent pour tout bateau ou navire qui s’en approche trop, ont été la cause et le témoin de beau­coup de tristesse par­mi la pop­u­la­tion locale (cf. poèmes 2 et 4). Le poète con­tin­ue à entretenir un lien fort avec elles, comme en attes­tent les poèmes 3 et 7, tan­dis que ‘Marée du print­emps’ offre une scène d’effroi devant la mer mon­tante qui ne peut que nous rap­pel­er le déchaîne­ment des forces de la nature telles qu’elles se man­i­fes­tent partout dans le monde à l’époque actuelle. 

Pour celles et  ceux qui com­pren­nent l’anglais, voici un lien vers une courte vidéo (6 min­utes) du poète lisant le poème éponyme du recueil ’Watch­ing for Dolphins’.

http://vimeo.com/1092834

Delia Mor­ris

 

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