Chaque revue a son espace, sa dis­po­si­tion. C’est comme les cafés.

Deux invités et puis… 150 pages de poésie (et autres divers gen­res) dont beau­coup d’auteurs ont déjà hon­oré nos colonnes virtuelles. Cette générosité pro­lixe est assez rare et mérite d’être soulignée, cer­tains poètes pou­vant, comme Philippe Mathy, livr­er une série de 26 pros­es inspirées sur l’automne, ou Serge Mus­cat de « Met­tre sa pen­sée à plat » en un essai de sagesse active et légère :  Surtout ne pas se regarder. S’oublier en vivant sa pen­sée. Dès que l’on se regarde dans une glace, tout est per­du. Impos­si­ble de se voir et d’être en même temps.

Et Mari­na Poydenot :
        Quel est le nom de cet oiseau
        qui chante dans le tilleul
        comme une source tou­jours fraîche ? (…)

la suite réserve de belles surprises.

 

Un pre­mier dossier con­cerne Éric Brog­ni­et. L’œuvre, nour­rie de mytholo­gie autant que de sci­ences dites exactes, est présen­tée par Paul Math­ieu avec con­ci­sion et clarté : Au tra­vers d’images résol­u­ment inno­vantes emprun­tées notam­ment aux sci­ences « exactes » — il faudrait dire un jour tout ce que la poésie doit à la physique et inverse­ment — Belle / comme un boson de Hig­gs, la fig­ure fémi­nine, avec entre ses lèvres son rubis / Son étoile de sang muet occupe une place cen­trale qui (…) affiche sa blessure de glaïeuls / Dans leur trou de ver­dure (…) Loin de se can­ton­ner à une sim­ple car­togra­phie de l’éros, il pousse à réfléchir au fonde­ment de tout cela qui fait la vie.  Dans une ori­en­ta­tion plus bio et bib­li­ographique, Patrice Breno longe l’œuvre « toute en con­traste » qui cherche « à dis­cern­er les valeurs essen­tielles qui aident à sur­mon­ter la douleur d’être ».

Suivi d’une dizaine de poèmes inédits com­posant une Rose noire d’antimatière :

A la nuit galac­tique, matrice des hautes énergies
         A la dévo­ra­tion qui nous engloutit
(…)

J’appellerai sur toi l’orage
Tout en te protégeant
Faisant de ta blessure un apaisement

 

Un ren­con­tre avec Thomas Scot­to mon­tre la diver­sité à l’œuvre dans ce comité de rédaction :

C’était un deux­ième, un troisième étage peut-être. C’était très haut !
Pour­tant, j’étais per­suadé que King Kong passerait son bras gigan­tesque  par la fenêtre pour me cap­tur­er pen­dant la sieste. Rien de plus facile pour lui : il l’avait déjà fait quelques jours aupar­a­vant dans une des pub­lic­ités pour les chaus­sure « André », au ciné­ma, avant Le livre de la Jungle.

Auteur et inter­view réjouis­sants et pro­fonds quand il faut.

Je me dis que tout auteur devrait faire un stage de deux ou trois ans dans le secteur « lit­téra­ture jeunesse ». Non, j’exagère bien sûr, ne me sen­tant aucune voca­tion maoïste. Allez, six mois, ça devrait suffire !

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Eric Pistouley

Débuts lit­téraires au Temps qu’il fait : Une poé­tique du livre, un essai qui explore l’instant où, avant d’en lire la pre­mière ligne, on prend un livre dans ses mains. Quand finit l’objet ? Où com­mence le texte ? His­toires de fron­tières, de pas­sages, de chevauche­ment, de jeu entre des ter­ri­toires. Suivi d’un clone de la Religieuse por­tu­gaise, Let­tres de Ré, d’une bluette sous pseu­do et divers­es col­lab­o­ra­tions dont celle depuis bien­tôt dix ans avec la revue Espace(s).