Né en 1927 à Aulnay-sous-Bois, Serge Wellens est mort le 31 jan­vi­er 2010, à La Rochelle. Ce Cahi­er des Poètes de Rochefort, à lui con­sacré, est donc posthume. Mais au moins avait-il pu en lire les tapuscrits des dif­férentes con­tri­bu­tions et il se réjouis­sait que l’ouvrage parût un jour. Ce jour est venu et, au-delà de la mort physique de Serge, ce dossier con­tribue à main­tenir en vie sa présence, son esprit, sa poésie.

 

Je l’appelle Serge, mais en réal­ité il s’appelle Serge Wellens. On voit par là com­bi­en cet homme est soucieux, dans son iden­tité même, de nous alert­er sur l’un des effets de sa poésie. Du S qui com­mence son prénom à celui qui ter­mine son nom, on a le temps d’entendre comme un froisse­ment à la fois léger et insis­tant de petit vent dans des branch­es, et plus pro­fondé­ment, pour moi, le froisse­ment du sil­lage que laisse en nous le pas­sage de la poésie de Serge Wellens. Ain­si recon­naît-on les poètes majeurs, aus­si dis­crets soient-ils : à ce sil­lage d’après Mozart qui est encore du Mozart, à cette rêver­ie ou à cette médi­ta­tion qui per­siste en nous après la lecture.
Ain­si me suis-je attaché à la poésie de Serge Wellens, à cette voix à la fois sim­ple et sub­tile, qui vibre au-delà des mots qu’elle prononce parce que ces mots sont justes et que, bien que tou­jours choi­sis dans le vocab­u­laire courant, l’inflexion d’une image, d’un rac­cour­ci, d’un para­doxe, les a dégagés de toute banal­ité pour en faire des signes.
Ce n’est pas par hasard que Serge Wellens a écrit sur Rute­beuf ou ren­con­tré, con­nu et aimé les poètes buis­son­niers de l’Ecole de Rochefort : comme celle du grand lyrique du XII­Ie siè­cle, comme celle de Cadou, sa poésie puise à la source de l’angoisse humaine, et la charge d’humanité con­fère déjà aux pre­miers poèmes une grav­ité sin­gulière : Avec leur tristesse et leur faim / leurs ten­ta­tions et leur fatigue // ils étaient là pour écouter / la parole du boulanger // C’était le mir­a­cle du pain / la mul­ti­pli­ca­tion des hommes. Mais même en 1952, époque du pre­mier recueil, il aurait été court de dire de Serge Wellens qu’il était un poète engagé ; à moins de pré­cis­er : « poète engagé en human­ité ». Mais c’est un peu court encore. Dans un entre­tien qu’il avait accordé en 2003 à la revue Frich­es, le poète déclarait : « Lorsque l’écriture poé­tique a pris pos­ses­sion de ma vie, j’ai su que j’entrais dans un autre monde, que tout ce que je vivrais désor­mais passerait par là et que j’allais en appren­dre de belles sur mon compte. Le lan­gage avait des droits que je n’avais pas, il lui arrivait de pren­dre l’initiative d’un poème dont je souhaitais, en pure perte, être l’auteur. Le titre de mon dernier recueil, Les Mots sont des chiens d’aveugle, ne sig­ni­fie pas autre chose. » Tout ce qu’écrit Wellens est à com­pren­dre à par­tir de cette juste et belle « déf­i­ni­tion » de la poésie : elle agrandit le champ visuel qui, désor­mais, capte l’homme et sa con­di­tion mais aus­si autre chose autour et au-delà d’eux, qui n’est pas moins impor­tant, mais plus caché, et qu’il faut révéler : Il arrive qu’une porte s’ouvre, là où tes doigts ne ren­con­traient que muraille ; qu’un chemin fasse les pre­miers pas. Ou encore : Qui tend l’oreille, entend la rouille.
Quand Wellens entre dans son poème, il sait bien que le lan­gage ayant des droits, il y entre  pour s’égarer, mais pas pour se per­dre dans les facil­ités gra­tu­ites du « stupé­fi­ant image ». Il y entre pour trou­ver et se trou­ver autrement, guidé en cela par les lignes de force de sa per­son­nal­ité pro­fonde : lucid­ité, générosité, mal­ice, foi religieuse, sens cri­tique, inquié­tude, pas­sion pour l’amitié et pour l’amour… Il y a beau­coup de con­vic­tions et de doutes chez Serge Wellens, et sa poésie ne les perd pas en route. Mais elle les restitue plus vibrants, comme soulevés (et sauvés ?) d’un lan­gage de moral­iste. Se con­fi­er au poème, c’est espér­er par­venir à dire vrai par sur­prise et dans l’émotion.
Aus­si, pour s’égarer sans se per­dre, Serge Wellens n’écrit-il pas de ces poèmes emportés par le rythme, par l’ivresse des métaphores, par la flu­id­ité mélodique : ni Claudel, ni Perse, ni Aragon, Wellens ne célèbre ni ne chante. Comme en témoignent la brièveté des vers (y a‑t-il même ici ou là quelque alexan­drin égaré ?), les espace­ments qui les aèrent, ses poèmes sont plutôt de l’ordre de la sculp­ture. Minces poèmes, en général ver­ti­caux, ils font des nœuds et des encoches dans une matière noble chaleureuse à l’homme : ce ne peut être que du bois, et, con­nais­sant sa han­tise de l’arbre, je le ver­rais volon­tiers en sculp­teur de branch­es, ces par­ties de l’arbre les plus sen­si­bles au vent : frag­iles, elles peu­vent cass­er, fortes, elles don­nent les feuilles et les fruits. De ce  poète enrac­iné en terre et en ciel, on peut se deman­der, comme il se le demande lui-même : Va savoir si c’est de l’homme / va savoir si c’est du bois. Comme l’arbre encore, Wellens n’a rien à cacher / il peine à faire son ombre / c’est une longue patience / un très ancien métier.
Poète enrac­iné en terre, oui : là où se fait le plus hum­ble de la vie, là où il faut creuser pour faire sour­dre, con­tre le dés­espoir, les pro­fondes raisons de vivre : car il y a une source per­due / sous le sol d’une cave // On entendait cogn­er son cœur. Là où seul le poète peut redonner dig­nité à ce qui rampe et se traîne, comme à un scarabée : Dans la car­rosserie / d’un moins que rien  de scarabée / traî­nant dans moins que rien / sa moins que rien de vie / la lune / se trou­ve belle / et trem­ble. Mais comme l’arbre qui peine à faire son ombre, Wellens sait que le poème est lui aus­si à la peine pour trou­ver de quoi sauver ou au moins trans­fig­ur­er le mal­heur humain, et que le poète, d’autant plus s’il est frater­nel, ne peut avancer qu’en s’écorchant aux épines qui partout pointent dans la vie ordi­naire : sur cette terre / où tout ce qui vit / ne vit que de meurtre // Ce matin / les nou­velles du monde sont mau­vais­es. Dès le pre­mier recueil de 1952, Serge Wellens gar­dait de  l’année 1943 cette image : Le Mal­heur de porte en porte / couleur du ciel et de la terre / couleur du temps / cri­ait le nom de ses enfants. La poésie de Wellens ne sur­plombe pas l’humanité, elle monte à tra­vers elle en quête des quelques raisons d’espérer, ou des quelques raisons de ne pas dés­espér­er com­plète­ment, qui éviteront le noir absolu. Et ces quelques raisons sont-elles-mêmes trem­blantes, frag­iles, voire sus­pectes, au point qu’elles ne sont jamais affir­mées mais plutôt émis­es comme si elles étaient prêtes à être remis­es en cause. On le voit par exem­ple à la con­clu­sion inter­rog­a­tive de ce beau poème qui évoque un moment de répit de la guerre dans l’année quar­ante : De guerre lasse la guerre / pose ses valis­es / sur le seuil du jardin / mar­que le pas / se tait / s’endort // Coc­cinelle / coc­cinelle / fera-t-il beau dimanche ? Et ce doute sur les raisons d’espérer peut s’étendre au poème lui-même, à  sa néces­sité, à son exis­tence même : sans très bien savoir si / je suis l’ombre ou le chien / d’un poème dont il reste / à prou­ver l’existence.
Mais pen­dant le doute, la poésie con­tin­ue, elle tient tou­jours ouvert son petit com­merce de bou­gies dans l’obscurité.
Serge Wellens dit l’ombre mais tout autant ce qui l’éclaire. Quête d’élévation et de trans­parences, telle est aus­si et surtout cette poésie qui refuse de laiss­er résoudre par l’absurde / la mésal­liance des objets / et la muti­la­tion des mots. Pour­tant, sur quoi pren­dre appui pour se libér­er de ce qui ne demande qu’à rabaiss­er, à hum­i­li­er, quand chaque aube, il faut aller son train, ras­er les murs en quête de quelque graf­fi­ti, faire les poubelles dans les faubourgs de l’indicible. Désem­paré comme un écho qui aurait per­du la mémoire ? Bien enten­du, Wellens n’a pas de réponse toute prête, mais il sait par exem­ple com­bi­en la vigueur irriguante de l’amour peut soulever hors de l’opaque, de la résig­na­tion au non-sens sou­vent agres­sif de la vie : j’étais un mou­ve­ment / de l’opaque dans l’ombre / hiv­er fumée sans feu / j’étais seul et de trop, écrit-il dans « Une leçon de ténèbre », avant d’écrire (entre temps l’amour d’une femme est venu) : On vient tu viens la nuit / s’effrite sous tes racines / ma ray­on­nante / mon coudri­er. Alors, oui, l’amour élève, allège, dégage dans la vie des espaces d’où l’on peut regarder ciel et oiseaux. Des espaces où, enfin, quelque chose de pur peut advenir. Et l’amitié, la nature, l’art d’une vie sim­ple dédiée à l’essentiel aident aus­si à mon­ter dans « cette voie qui cherche à guérir de la lèpre et de l’obscur » (Monique W. Labidoire). Par­mi tous les poèmes de Serge Wellens, l’un me paraît emblé­ma­tique de cet accord pro­fond et jubi­la­toire avec le monde qui nous est par­fois autorisé :

 

Le vent courant jouait de l’orgue
dans les figu­iers de Barbarie

La mer trin­quait à notre table
puis s’en allait à reculons
en nous faisant des révérences

 

La lune venait boire à ta bouche
comme à la fraîcheur d’un puits
Notre ami­tié por­tait le nom
intraduis­i­ble des fontaines.

 

Mais tout bon­heur est funam­bule, et en équili­bre pré­caire. Toute clarté peut se cor­rompre d’un pas­sage d’aile ou de nuage. Touch­er, palper la paix ne sig­ni­fie pas être en paix. Et même la foi en Dieu n’offre pas la grande lessive qui puri­fierait le monde. De poème en poème, voire à l’intérieur d’un même poème, le va et vient entre le clair et l’obscur est de règle chez Wellens, tout est sujet à inter­ro­ga­tion. Et Dieu lui-même, plus sou­vent inter­pel­lé que glo­ri­fié dans les poèmes. Que pour le croy­ant Dieu existe, c’est évidem­ment incon­testable, mais Serge Wellens sem­ble sou­vent lui deman­der pourquoi Il nous accorde si peu de sa présence dans nos vies si malmenées :

 

Père je crois en toi
aus­si évidemment
qu’en cet arbre solitaire
qui débor­de mon regard

Mais donne-moi d’apercevoir
quelque trace de ta bonté
n’importe où sur cette terre
où tout ce qui vit
ne vit que de meurtre

 

Faut-il, en regar­dant vers Lui, vers  son ciel, voir surtout du vide, et seule­ment par­fois, par hasard, une trace légère et fugace de sa présence ? Toi / ciel sans précé­dent // vide / Pour que / la fêlure d’un vol / récuse le néant. Ou alors ce vide appar­ent n’est-il pas plutôt un appel en creux, pour que l’attention atteigne son parox­ysme et décèle la fêlure du vol ? Avoir la foi n’est pas pos­séder Dieu, mais le chercher con­tinû­ment. Et le trou­ver par­fois cru­ci­fié dans et par nos mis­ères comme dans les hail­lons d’un épouvantail :

 

Entre l’étoffe déchirée
et la dou­blure décousue
il por­tait une espèce
de man­teau de lumière
qui déroutait la foudre

 

L’hiver l’ayant traversé
il n’en demeure
que bois mort mis en croix
dont les oiseaux chantent la gloire
dans le petit matin précoce.

 

Alors, au Dieu de Wellens, inutile de bâtir des cathé­drales : peut-être est-Il en bas, par­mi nous, à partager notre sort par amour. Qui donc en ferait autant ? Qui donc mérit­erait d’être célébré par les oiseaux ? C’est mêlé à nous que Dieu trans­fig­ure par instant notre con­di­tion en l’habillant d’un « man­teau de lumière ». Il ne faut d’ailleurs pas oubli­er que chez Serge Wellens, foi et mal­ice font un sin­guli­er bon ménage, et que l’inversion de l’au-delà et de l’ici-bas procède peut-être ce ces deux forces con­jointes. Sur la van­ité de l’au-delà, on pour­rait enfon­cer le clou avec la fin du poème « L’arbre au fond de la riv­ière », où sur­plom­bant la mis­ère humaine, l’oiseau / très haut dans le ciel / désert jusqu’à l’absence / étant seul à voir cela / se prend à douter de ses ailes / et tombe Mais il est pru­dent de ne pas trop con­clure sur un tel sujet, tant il est vrai que sont mys­tères aus­si bien la foi que la poésie.
Quoi qu’il en soit, pas plus que Dieu, Wellens ne le prend de haut. Il est remar­quable qu’un poète aus­si exigeant dans sa vision à la fois con­crète et méta­physique du monde aus­si bien que dans son art d’écrire, con­cis, incisif, ait su con­serv­er avec son lecteur une rela­tion famil­ière, d’homme à homme.
Ceux qui ont le bon­heur de con­naître Serge Wellens en chair et en os savent qu’entre l’homme et le poète il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papi­er à cig­a­rette. Non pas qu’il écrive comme il par­le : il y a de la réclu­sion, de la soli­tude et de l’art dans l’acte de poésie, mais les mots de ses poèmes ne sen­tent pas le ren­fer­mé. Mots de tout le monde, un peu usés, avec quoi il faut faire, et par­mi lesquels le lecteur se sent accueil­li comme si, en ouvrant la cou­ver­ture du livre, il avait ouvert une porte pour retrou­ver dans la parole de l’un l’humanité de tous. Il faut dire qu’aucun des poèmes de Wellens n’est écrit pour bâtir un mon­u­ment à la poésie, aucun n’est sculp­té en objet-poème plus ou moins arro­gant. Pas de culte de la forme : nous ne sommes ni chez Théophile Gau­ti­er ni chez Mal­lar­mé, nulle part nous ne ren­con­trerons d’ « aboli bibelot d’inanité sonore ». Le poème de Wellens est parole puisée dans la parole de tous, resser­rée, creusée, décalée mais tou­jours recon­naiss­able. Son art poé­tique est hum­ble : Les mots sont des chiens d’aveugle // Je les entends venir / Leur odeur les précède // Ils me lèchent les mains / en signe de soumis­sion. Mais ces chiens guides ont à la fois le pou­voir de créer le poème et de l’excéder vers la quête inlass­able d’un autre sens de la vie. Les chiens d’aveugle ne s’arrêtent pas dans les poèmes, ils vont à tra­vers eux vers ce que nous ne voyons pas.
Dans un dépouille­ment de plus en plus sen­si­ble, les plus récents poèmes de Serge Wellens sont entrés dans l’exploration de la vieil­lesse. Les chiens d’aveugle emmè­nent le poète au plus pro­fond de la lucid­ité, là où se fait la pleine lumière sur les épreuves de l’âge. Cette lumière blanche qu’on ren­con­tre dans les hôpi­taux, Wellens en fait sa page pour don­ner tout son relief à l’appréhension du pire : Le vieux dit encore du cadavre / c’est mon dou­ble / mon dou­ble froid / et le cadavre / fait sem­blant de dormir / à l’intérieur du vieux // Un jour ce sera le con­traire. Ou encore : C’est au plus pro­fond / de l’épais des arbres / que le bou­vreuil cloue ton cer­cueil. L’extrême rigueur de l’écriture et de la lucid­ité font de ces poèmes des aveux de force bien plus que de faib­lesse ! Et même dans cette écri­t­ure de l’épreuve, le lyrisme sans excès, voire sans éclat (mais tou­jours poignant) du poète ne cède pas. Pas plus que ne cèdent la générosité ni l’humour.
Et c’est ain­si que Serge Wellens reste un arbre, qui con­tin­ue de dessin­er à con­tre ciel l’exigence d’une parole ver­ti­cale, ram­i­fiée en ses mul­ti­ples reg­istres, et qui, en nous accueil­lant, « fait de [nos] yeux des oiseaux. »

Con­tri­bu­tion au numéro 3 des CAHIERS DES POETES DE L’ECOLE DE ROCHEFORT con­sacré à Serge Wellens sous le titre « Serge Wellens ou la Con­cor­dance des temps. »

Bib­li­ogra­phie de Serge Wellens :

- J’écris pour te don­ner de mes nou­velles, Cahiers de Rochefort, 1952

- A la mémoire des vivants, Cahiers de Rochefort, 1955
— Mar­guerite, Cahiers de l’Orphéon, 1957
— Les dieux exis­tent, Mil­las-Mar­tin, 1966
— Médus­es, Mil­las-Mar­tin, 1967
— San­té des ruines, Librairie Saint-Ger­main-des-Prés, 1972
— La Pâque dis­per­sée, L’Arbre, Jean le Mauve, 1981
— La con­cor­dance des temps, Folle Avoine, 1986
— Les rési­dents, Folle Avoine, 1990
— La con­cor­dance des temps, Cette antholo­gie qui reprend le titre du recueil paru en 1986, rassem­ble des poèmes parus entre 1952 et 1992. Folle Avoine, 1997
— Les mots sont des chiens d’aveugle, Folle Avoine, 2004
— Il m’arrive d’oublier que je perds la mémoire, Folle Avoine, 2006
— Poèmes de l’inconfort, Folle Avoine, 2010
— Tout doit dis­paraître, six poèmes posthumes, Folle Avoine, novem­bre 2012
 

Ce texte est l’une des con­tri­bu­tions parues dans les :

 

Cahiers des poètes
de l’École de Rochefort-sur-Loire — n° 3

Serge Wellens ou la Con­cor­dance des Temps. Beau titre d’un de ses ouvrages que son édi­teur, Yves Prié de Folle Avoine pub­li­ait en 1997, regroupant les poèmes des années 1952 à 1992. Esprit et coeur s’épaulent et se con­fondent dans l’âme d’homme libre de Serge Wellens. Ce numéro 3 des Cahiers des poètes de l’École de Rochefort1 reprend ce titre. Serge ne fut pas de l’École de Rochefort. Il ne le revendique pas. Mais on peut le situer dans la 2e vague de poètes issue de cette même famille lyrique, celle qui suit la mort de René Guy Cadou. Ce numéro que nous avons élaboré avec Olivi­er Delet­tre a mis du temps à naître, mais il est là devant nos yeux éton­nés pour (re)lire un immense poète. « Quand je ne fai­sais pas l’école buis­son­nière, je venais en classe avec mes buis­sons » écrit-il. Ce sont des buis­sons ardents que vous allez (re)découvrir dans ce numéro. Les amis de Serge Wellens se sont penchés sur la mémoire de ses mots AVEC BONHEUR ET JUSTESSE.

 

Serge Wellens, frère en poésie de Rute­beuf, incar­ne « l’amitié de l’amitié » selon François Hug­lo. Pierre-Dominique Par­ent retient son humour par­ti­c­uli­er pétri de « grande human­ité ». Pour Jean-François Mathé, le poète reste un arbre « qui con­tin­ue de dessin­er à con­tre-ciel l’exigence d’une parole ver­ti­cale ». Roland Hal­bert souligne l’enfance heureuse qu’il vécut dans le monde du cirque. Alain Rich­er rap­pelle l’émerveillement « trag­ique et tonique » qu’il eut en décou­vrant la Provence. Soiz­ic Audrin dit l’homme de la joie qu’il fut. André Doms racon­te le com­pagnon des bêtes qu’il était. Pas­cal Com­mère fixe « les mots con­crets de son lex­ique » et la rare unité d’une oeu­vre rel­a­tive­ment courte. Colette Nys-Mazure évoque l’empreinte que l’École de Rochefort a lais­sée comme traces et remet en per­spec­tive la con­cor­dance des temps dans La Mémoire du ciel. L’Orphéon, satel­lite de Rochefort ne peut se com­pren­dre sans cela.

Son art poé­tique est l’humilité même et per­met l’expression d’une authen­tique fraternité.

 

1- Ce cahi­er numéro 3 ne s’intitule plus Cahi­er René Guy et Hélène Cadou parce que nous n’avons pas trou­vé les appuis matériels et moraux indis­pens­ables pour men­er à bien une telle entre­prise. L’in­térêt pour Cadou demeure, mais en nom­mant ces cahiers, Cahiers des poètes de l’É­cole de Rochefort-sur-Loire, nous nous ouvrirons aux autres poètes, à d’autres pos­si­bil­ités, d’autres études et d’autres soutiens.

Livre relié à la chinoise
145 pages — 21,3 x 21,3 cm
ISBN 978–2‑84273–945‑4
25 €
Édi­tions du petit véhicule

 

http://editionsdupetitvehicule.blogspot.fr/

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