J’ai sou­vent payé, chère­ment par­fois, ma fran­chise et ma sincérité. J’aurais gag­né à faire semblant.

 

Je ne suis pas armée pour le men­songe, cela me rend très vul­nérable au quotidien.

Tout ce qui est énon­cé prête à con­séquences. Il n’y a pas de « paroles en l’air ». Ces paroles mal­heureuses qui font mouche témoignent, non d’une  mal­adresse ponctuelle, mais d’un pro­fond manque de con­sid­éra­tion pour l’interlocuteur.

 

Com­ment inter­préter une atti­tude dés­in­volte, sinon comme un déficit chronique  de la capac­ité d’attention à autrui ?

Je crois plus à la sincérité des actes et du com­porte­ment qu’à celle des con­vic­tions proclamées et affichées. Les actes ne trichent pas et révè­lent l’identité pro­fonde des individus.

 

Ma sym­pa­thie va d’emblée à ceux qui sont de plain-pied dans la vie.

Lors d’une pre­mière ren­con­tre, pour savoir à qui j’ai à faire, je me fie plus à l’intuition d’un regard qu’aux paroles pronon­cées. De même le con­tact d’une sim­ple poignée de main en dit long. Celle de l’engeance des flagorneurs et des hyp­ocrites  est entre toutes reconnaissable.

 

On ressem­ble sou­vent à sa voix. Cer­taines son­nent faux.

On peine à recon­naître sa voix enreg­istrée. Pour­tant elle nous révèle à notre insu.

 

Notre voix change avec nous, dans les dif­férents âges de notre vie. Cer­taines gag­nent en souf­fle et en présence, pren­nent de la pro­fondeur comme les êtres qui les portent.

Une vie de mesquiner­ie donne à cer­tains hommes âgés une étrange voix de fausset.

 

Par­mi les voix qui m’insupportent, les cri­ardes et les suraigües. J’avoue  ma réti­cence à aller vers les per­son­nes qui en sont pourvues.

On m’affirme que la poésie de tel poète que je trou­ve insignifi­ante doit être enten­due dite et arrangée à plusieurs voix, mais je reste per­suadée que si elle ne sup­porte pas l’épreuve de la lec­ture en tête à tête, elle n’est qu’une dis­trac­tion par­mi d’autres.

 

Décou­vrir à la radio la voix de cer­tains écrivains est par­fois si déce­vant que cela m’invite à recon­sid­ér­er ma bien­veil­lance première.

Selon le neu­ropsy­chi­a­tre et psy­ch­an­a­lyste Boris Cyrul­nik, l’essentiel d’une con­ver­sa­tion passe plus par les signes de l’émotion que par l’information stricte­ment séman­tique de la parole. C’est dire si beau­coup font fausse route en accor­dant tant de place au discours.

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