L’horreur est humaine, hélas, et ne peut se résumer à quelques erreurs conjoncturelles.

J’essaie de garder à l’esprit que chez tout être peu­vent cohab­iter le meilleur et le pire.

Pour avoir le dernier mot, coûte que coûte, cer­tains revi­en­nent à la charge, armés de toute leur artillerie rhé­torique pour unique con­nais­sance. Est-ce par orgueil qu’ils tien­nent à avoir absol­u­ment rai­son, en dépit de tout argu­ment valable ?

La notion de par­don m’est incom­préhen­si­ble et totale­ment étrangère. Celle de  vengeance l’est tout autant.

La haine est un lent et puis­sant poi­son pour celui qui en use. Elle con­sume son hôte à petit feu.

S’il m’est impos­si­ble de par­don­ner, je ne demande pas non plus à être pardonnée.

Ma ran­cune n’implique ni vengeance, ni haine. Mais elle per­siste au fond de moi quand l’oubli est impos­si­ble, quand la dés­in­vol­ture et la trahi­son lais­sent des traces trop vives.

L’oubli n’existe qu’en sur­face. Il n’efface pas tout.

Comme si bre­douiller quelques mots d’excuses avait le pou­voir de tout effac­er par mir­a­cle ! Mais cer­tains sont même inca­pables de ce minimum.

Les blessures se cica­trisent indépen­dam­ment du par­don et de la vengeance… ou ne se cica­trisent pas.

Il y a des blessures sans reproche, sans ressen­ti­ment ni rancœur, qui lais­sent silen­cieuse­ment  leur douleur infinie et irrémé­di­a­ble au plus pro­fond, leur déchirure invis­i­ble, insoupçonnée.

Le par­don me sem­ble à l’origine de bien des com­porte­ments les plus igno­bles dans nos sociétés à morale judéo-chré­ti­enne. Il exonère d’avance toutes les bassess­es et toutes les lâchetés.

Sans le par­don, nous seri­ons oblig­és de réfléchir avant d’agir, sachant que toute trahi­son est irrémédiable.

La pos­si­bil­ité du par­don per­met toutes les igno­minies sans état d’âme.

Par­don et vengeance ne s’opposent nulle­ment. Au con­traire, ils for­ment  les deux principes fon­da­teurs de nos sociétés. C’est pourquoi notre his­toire a été si sanguinaire.

Il y a dans le binôme haine / par­don quelque chose d’une rela­tion sado­masochiste et malsaine.
 

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