CONVERGENCES


L’atlas de nos pas
chargeait le lit des marées

Rameaux envolés
par d’infinis contraires

J’ai vu leurs visages
dans la nais­sance de l’appel

 

—————————————

 

Immuable cohorte
aux allures filées d’orient

Fon­dues dans l’altération
de nos sen­tiers baldaquins

Nous nous rassemblions
au large des grands estuaires

 

———————————

 

Adossées le soir
à l’écharpe des steppes

Étoles teintes volantes
sous le regard des vêpres

Nous amen­dions le vide
dans le bat­te­ment des récoltes

 

———————————-

 

Un mer­le sur la colline
sif­fla la fin de l’été

La mous­son
dans ses ver­tiges de bruine

Chan­tait à main levée
la lente inflex­ion de l’exode

 

——————————–

 

Il glis­sait dans nos bouches
soule­vait nos cheveux

Remous frémis­sant
à l’orbe de nos sens

On le vit cavalier
on le vit danse

On le vit murmure
au chevet de l’enfance

Le mou­ve­ment


_____________________

 

 

On attela la lumière
aux cour­roies des aînées

La pous­sière accueillait
nos dernières aquarelles

Lev­ées en contre-jour
dans l’étirement des grands ciels

Nous étions prêtes

 

—————————-

 

Quit­tez vos faibles soleils
vos lam­pes enrouées de tristesse
vos nus striés de naufrages
 

Cin­glez l’oxyde du printemps
cin­glez fort ses pollens
rien ne restera de ses larmes

Lais­sez aux sil­lons aux leurres
aux fièvres de l’entrevent
vos har­nais alour­dis de matière

Ajournez le bât des vagues
le givre des voiles étein­dra seul
le ven­tre tiède des marées

Ne con­servez en bout de corps
de l’écorce fumée des bois
qu’un copeau de lave blanche


MIGRATIONS


Froisse­ments au chemin
des pre­mières feuilles d’automne

Nous avan­cions
l’étoile ser­rée en cœur de poing

La terre tremblait
de ne pas être femme

 

_________________

 

Assis­es sur la grève
nous entendîmes s’armer

Lisières arrachées
au print­emps des montagnes

Les présages suspendus
des octaves du fleuve

 

___________________

 

Nous avons remon­té le fleuve

Chas­sé la glaise
et l’eau verte des brumes

Vidé les heures
bu aux cen­dres volées des berges froides

Nos mains jointes brûlaient
de l’œuvre du cri des lunes 

 

——————————

 

Nous avons remon­té le fleuve

Dans les soirs escarpés
de nos chants d’espérance

Par les haut-plateaux
sous l’ombre des grands cierges

Nous accé­dions aux soleils
des hivers blancs du foehn

 

__________________

 

Nous avons remon­té le fleuve

Arrimé aux épaves
l’ancre voilée des courants

Fendu les contours
des pro­ces­sions de nos rêves

La nuit cassée riait
de nos hanch­es étouf­fées sous les feuilles

 

——————————-

 

Nous avons remon­té le fleuve

Une espiè­gle tristesse
marel­lait nos sourires

Ver­sant aux épis
dévastés de la houle

Nos larmes répondaient
à l’insolence du hêtre

 

——————————

 

Alors que sombraient
les pavés froids
de la ville

Miroirs enlisés
dans le visage
des foules

Iner­tie que scellait
l’ap­proche
de l’hiver

Dans un mirage
d’eau claire
on cria

Terre

 

 

 

 

image_pdfimage_print