Il y a longtemps. Il écoute une inter­jec­tion. Elle se pro­longe, se pro­longe, bruit lanci­nant, peut-être un élance­ment, loin vers un nœud inextricable.
Est-ceune pelote, un enchevêtrement, un réseau ? Tout en sort, tout y retourne.
Il déroule un ruban, le ruban n’a pas de fin, dessus on peut lire un poème qui serait une charade.
Il tire un deux­ième fil, et voilà que celui-ci le mène vers une autre sec­tion de ce poème.
Ain­si est-il con­duit sur divers seg­ments du lan­gage qui appar­tiendraient à un ensemble.
Lui, l’ig­nore. Dans cette affaire il est le seul ignorant.
Le monde autour regarde et voit ce qu’il ne peut pas percevoir. C’est ce qui se forme, cet ensem­ble. Lui, le con­tem­ple du dedans, d’un cen­tre qui ne fourni­rait pas des con­tours mais des points de vue des par­ties de cet ensem­ble en train de se con­stituer. Sa vision serait intérieure. Pour voir l’ensem­ble il lui faudrait être dehors.
Il n’est pas enfer­mé mais d’un côté qui appar­tiendrait à un élé­ment essen­tiel du lan­gage, lequel serait lui-même un élé­ment d’une équa­tion écrite, élé­ment sans quoi les jeux à l’in­térieur de cette équa­tion ne pour­raient pas se faire, c’est-à-dire acquérir une mobil­ité qui agi­rait aus­si sur celle des pièces for­mant cet ensemble.
Ces angles de vue seraient telles des facettes, facettes qui seraient telles des ailettes sus­cep­ti­bles de se met­tre en mou­ve­ment. Ain­si peut-on voir tourn­er de petits ven­ti­la­teurs encas­trés dans la vit­re d’une fenêtre.
Ceux qui voient la forme glob­ale de la découpe sont à l’extérieur.
Lui, de l’in­térieur four­nit des façons de voir les par­ties qui com­posent l’ensem­ble regardé du dehors.
Cela relève d’une bizarrerie vitale comme la nature sait en fab­ri­quer : état d’év­i­dence d’une étrangeté pra­tique, dont lui, le poète, suit le mou­ve­ment, emprunte la ligne du tra­jet qu’elle infléchit.
Il est un homme du moins celui qui, à sa place, tente de rem­plir son rôle pour que fonc­tionne le mécanisme.
Voilà ci-dessous les ten­ta­tives d’ex­pres­sion d’un de ces points de vue : le silence.

 

mar­go ohayon

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