La poésie d’An­ge­line Solange BONONO

 

Sucrance

L’air se gon­fle de
La fra­grance des rires voluptueux
Des sac­cha­rum Nanas Benz .
Le goût cryp­té des Vénus d’ébène
Aux fess­es poétiques
Douci­fi­ant les motos sémillantes
Des rues vrom­bis­santes de Cotonou
Le temps s’arrête sur une onctueuse poupée Ashanti
Couleur café qui offre aux gourmets
Sa pulpeuse plastique
Sub­lime rêve corossol.

 

Por­trait

J’aime la douceur de ta mélamine d’ambre
J’aime la pour­pre auréolée d’ébène de tes lèvres
J’aime ta mau­vaise inci­sive entre l’ivoire de tes dents
J’aime le léger lamb­da de tes jambes en fuseau
J’aime la finesse de tes doigts infinis
J’aime tes sen­teurs sauvages et envoûtantes

J’aime la poésie de nos ren­con­tres éphémères
J’aime nos roucoulades qui son­nent comme un babil
J’aime la rudesse feinte de tes pro­pos glacés
J’aime tes colères et ta tiédeur biaisées
J’aime la caresse de ta voix accidentée
J’aime savoir que c’est qu’un ten­dre jeu

J’aime ta sil­hou­ette altière dans ce train qui t’emmène
J’aime la tristesse qui m’envahit quand tu pars
J’aime penser à toi avec mélancolie
J’aime tes men­aces de ne revenir jamais
J’aime espér­er que tu pars à regret
J’aime la cer­ti­tude que demain sera toi.

SOUFFLE

Eh ! Les filles !

Nos onirismes de ranis,
Vous en souvient-il ?
Nous fau­fil­ions les entrelacs d’herbes folles
Nous étions ten­dres et pas­tels comme Efagon,
Nous étions zestes de fraîcheur.
Nous étions évanescences,
Nous étions luminaires,
Nous voulions être filles d’Apollon.

Nous avons naufragé.

Aujourd’hui nos cœurs
Furonclés,
Comme des laides caboss­es de cacao
Ulcèrent le saumâtre.

La terre cra­pule a cramé
Nos arcs-en ciels.
Que nous reste-il ?
Que des fumerolles ric­tus répulsifs,
Que de la han­tise des gerçures des Vénus désenchantées.

Exquis

Pour toi !

Je gri­grise.
Je croquemitaine.
J’incinère :
Des cierges à Manon
Des abraxas à Bacchus
Des totems à Aphrodite
Des phy­lac­tères à tous les dieux de mon enfer.

 

Madri­gal

Ton verbe sara­bande des éclats de Mvet comme des chéru­bins jouis­sifs sous une ondée aurifère.

Tes can­tates fer­nan­do­tent d’ambroisie, les arcanes d’une lan­gous­tine forestière.

Ta plume de feu et d’acier
Cal­cine mes fanfaronnades.

Atarax­ie

Je frot­terai mon cœur con­tre un rocher pour que
Mes audaces brisent le ressac du typhon
Et légifèrent le bonheur.

PEPITA

Il est temps de suspendre !
Le sang en détresse, je partirai
Etriller le pavé de mes veines de mes pas écorchés
L’amour aux tripes
Je nos­tal­gi­querai notre éphémère rencontre
Je rumin­erai la sémillance
De la saveur afritude
D’une négresse de lait
Pépita !
Flam­boy­ance aurifère
Je garderai de mes errances
Le fiévreux ressac des rires.

 

L’Eternel Féminin

Le Féminin angélique scrute les nuits phosphoriques
Et les clartés lactescentes
Lais­sant  les déités gar­nir ses délices.

L’attente sat­ure l’atermoiement
La haine ampli­fie la haine
La rage nec­tarise les sarments

Et l’obscurité démo­ni­aque tra­que­ra son fatum

Les fan­tômes opaques, errants, mutants, grouillants
Seront inc­inérés dans les plac­ards de sa mémoire

Et l’Eternel Féminin aréique chéri­ra ses chemins oniriques
Et se rira de la cabale de mâtins en proie à leurs aboiements scrofuleux.

Son cœur  gam­badera du panache de son âme
Et l’amitié ali­mentera son euphorie
Et l’amour allait­era l’amour
Et la joie muni­ra ses pralines
Et l’enchantement dégustera ses chatteries

Et l’Eternel Féminin aréique, exilé, har­cèlera le soleil de ses incandescences
Pour que  le bon­heur l’habite de son éternité.

 

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