Vonani Bila, poète et musicien sud-africain

 

Vonani Bila, habi­tant le vil­lage de Shirley en Limpopo, nous écrit ceci au sujet de son inspiration:
 

“J’écris ce que je ressens en espérant que ce que je ressens impose la struc­ture même d’un poème. Je veux créer des poèmes forts, forts surtout de leur con­struc­tion nar­ra­tive sur­gis­sant de moi-même selon mes pro­pres rythmes. Je deviens fasciné au moment où le poème décou­vre un nou­veau vocab­u­laire qui provient de la struc­ture éthique du texte, lui don­nant une con­struc­tion unique et indépen­dante capa­ble de s’expliquer lui-même sans que l’auteur ait à venir à son sec­ours. Mes poèmes sont inspirés par la vie, les rêves, les obser­va­tions, les luttes, l’histoire, les sou­venirs d’enfance, les réc­its qui sor­tent tout spon­tané­ment des lèvres des gens dans les taxis, les bus, les trains, les avions et les bateaux, réc­its qui me reti­en­nent col­lé au poste de radio et aux pages des jour­naux et qui doivent être découpés et mis dans des dossiers pour les sauve­g­arder, des poèmes qui m’arrivent du sif­fle­ment dans les herbes des plaines, du vent qui hurle, des arbres frémis­sants ou même du silence.”

“Le Cochon” et “Pas­sage sacré” représen­tent deux reg­istres, deux tonal­ités, deux humeurs dif­férents de Bila. Tous les deux font preuve de la prédilec­tion  du poète pour les formes nar­ra­tives. “Le Cochon” est une parabole où Bila tourne en ridicule le mal­heur, sinon le Mal même, incar­né dans l’image de ce gros méchant porc qui fait penser à une gravure de Dau­mi­er ou bien aux pein­tures satiriques de Georg Grosz.

Inspiré par la mort d’une soeur bien-aimée, “Pas­sage sacré” appar­tient au genre de l’oraison funèbre au rythme solen­nel et mesuré pronon­cée au seuil même de la mai­son mater­nelle sym­bol­ique du clan qu’elle pro­tège, épopée famil­iale en rac­cour­ci où  défi­lent les généra­tions  des êtres les plus chers au poète.

La poésie de Bila présente donc une syn­thèse toute con­tem­po­raine d’éléments lyriques et  nar­rat­ifs qui puisent dans la tra­di­tion bardique la plus anci­enne selon laque­lle l’on con­fie le devoir solen­nel au poète de dire et de chanter l’histoire de son peuple.

Vonani Bila écrit ses poèmes en deux langues, le xit­songa et l’anglais. Il est édi­teur de la revue Tim­bala et fon­da­teur d’un pro­gramme rési­den­tiel pour écrivains. 

 

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