Passage en revues

Par | 27 avril 2014|Catégories : Revue des revues|

Autour de : la main millénaire (7), Siècle 21 (24), Arpa (109), N47 (25) et Cahiers Mounier (1)

 

 

Nous évo­quons sou­vent les paru­tions de la très belle (et cohérente) revue de Jean-Pierre Védrines. La main mil­lé­naire, en son 7e numéro, s’ouvre sur Jacques Gil, textes et poèmes qui plon­gent dans les racines du château de Mont­laur. On sent ici la prox­im­ité de la revue et du poète avec les ter­res ocres du sud. Une ving­taine de poètes ensuite, dont Sal­ih Bolat, Françoise Védrines (« où poussent les racines de l’arbre / se penche la nuit aux yeux de lou­ve »), Jean-Claude Xuereb, André Vinas (duquel on aimerait lire de nou­veaux textes au sujet de la poésie de Paul Pug­naud), Quine Cheva­lier, ou Jean-Pierre Védrines. La mois­son est forte. Plus loin, des textes de Lydia Padel­lec dont le Péné­lope rap­pelle le car­ac­tère pro­fondé­ment sacré du Poème, Nikos Bazianas, Colette Nys-Mazure, Jo Paci­ni ou André Morel… La main mil­lé­naire est por­teuse d’âme, quelque chose d’un sud, un sud ouvert au monde. A lire. 

 

La main mil­lé­naire, numéro 7, automne 2013/ hiv­er 2014.
Rédac­tion : Jean-Pierre Védrines
Email : jean.pierre.vedrines@cegetel.net
Le numéro 15 euros. Abon­nement pour trois numéros : 36 euros.

 

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Treiz­ième année et 24e numéro de la sérieuse et de référence revue Siè­cle 21, que l’on trou­ve de plus en plus régulière­ment dans divers­es médiathèques, signe de la légitim­ité acquise au fil du temps. Les dossiers de la revue y sont pour beau­coup, sa capac­ité aus­si à remar­quer et pub­li­er des voix qui comptent dans la lit­téra­ture et la poésie française con­tem­po­raine. Ce nou­veau numéro ne déroge pas à la règle, avec un somptueux dossier sur « Prose et poésie afro-améri­caines » con­coc­té par Mar­i­lyn Hack­er (« Intérieur noir »). Le dossier s’ouvre sur un texte d’Elizabeth Alexan­der traduit de l’anglais par Cather­ine Pierre-Bon : « Nous sommes trop sou­vent pris­on­niers du réel, piégés dans les fan­tasmes de « l’authenticité nègre » qui dicte la seule façon dont nous exis­tons vrai­ment dans la doxa avec ses fan­tasmes d’authenticité. Echap­per à la force de l’imagerie qui nous entoure n’est pas un mince exploit ».  Cela fixe l’objet. Côté poésie : Robert Hay­den, Gwen­dolyn Brooks, Mar­i­lyn Nel­son, James Emanuel (dans des tra­duc­tions de Jean Migrenne), la superbe poésie de Michael Harp­er, traduite par Alice-Cather­ine Carls, un poète dont nous repar­lerons dans Recours au Poème, Quin­cy Troupe ou encore Yusef Komun­yakaa, Evie Shock­ley… Impos­si­ble de tout citer. De nou­veau un numéro dont le dossier fera date. 130 pages tout de même. Une plongée heureuse et néces­saire dans le monde des lit­téra­tures afro-américaines.

Out­re les chroniques habituelles, ce numéro de Siè­cle 21 pro­pose aus­si un éton­nant dossier inti­t­ulé « Escaliers », où l’on trou­vera des poèmes de Wern­er Lam­ber­sy, Lin­da Maria Baros ou encore Gabrielle Althen, ain­si qu’un beau texte de Brigitte Gyr. Ecrivains/poètes que l’on retrou­vera aisé­ment dans nos pages. Un pic de bon­heur per­son­nel : le poème d’Amina Saïd, Le vieil homme dans la rue.

 

Siè­cle 21, numéro 24, printemps/été 2014.
2 rue Emile Deutsch de la Meur­the, 75014 Paris.
Email : revue.siecle21@yahoo.fr
http://siecle21.typepad.fr
Le numéro 17 euros. Abon­nement pour deux numéros : 30 euros.

 

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Gérard Bocholi­er est un poète dont nous aimons l’œuvre, forte, éditée chez des édi­teurs de tal­ent, sou­vent défenseurs de la poésie pro­fonde, com­pagnon de route ami­cal et intel­lectuel de Recours au Poème, directeur de cette belle et anci­enne revue, Arpa, qui fait par­tie du paysage de la poésie authen­tique en France. Arpa a sans aucun doute pub­lié toutes les voix impor­tantes des trente dernières années (ou presque), et d’ailleurs la revue pré­pare son tren­tième anniver­saire pour 2016. Ce numéro 109 s’inscrit dans la tra­di­tion de la revue, pro­posant des textes de Pierre Delisle (comme en hom­mage au fon­da­teur d’Arpa), Pierre-Alain Tâche, Judith Cha­vanne, Isabelle Ravi­o­lo, Josette Ségu­ra, Colette Nys-Mazure, Claude Tuduri, Myr­i­am Eck, Jean-Jacques Nuel, Jean-Pierre Farines, Paul Farel­li­er, Matthieu Magne… Choix per­son­nel dans un ensem­ble bien plus riche que cela. On lira aus­si avec atten­tion le texte d’Eric Daz­zan con­sacré à André du Bouchet, que nous con­sid­érons ici comme un immense poète. Arpa, c’est une masse de gran­it dans le paysage de la poésie française.

 

Arpa, numéro 109, mars 2014.
Gérard Bocholi­er. 44 rue Morel-Ladeuil. 63000 Clermont-Ferrand.
www.arpa-poesie.fr
Abon­nement pour qua­tre numéros : 38 euros.

 

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Un « gros » numéro 25 de la revue N 4728 main­tenant dev­enue N47. Essayons de com­pren­dre cela grâce à l’éditorial : une sim­pli­fi­ca­tion demandée par les lecteurs. Bon… cela change sans doute des choses mais… pour nous peu de choses. Nous retrou­vons une revue intel­li­gente au for­mat allongée orig­i­nal. L’ancienne rubrique Mémoire vive est dev­enue Plein for­mat et ouvre ses pages au poète Serge Nunez Tolin et à son sens de la marche. Vien­nent ensuite les poèmes de Cécile Guiv­arch, Marie Huot et Thier­ry Froger.

Un cahi­er plas­tique éton­nant asso­cie poèmes et pho­togra­phies d’Amandine Marem­bert et Michel Durigneux. Un autre de Philippe Longchamp et Nél­i­da Med­i­na donne à lire et voir de « bonnes années ».

Place aux paroles poé­tiques divers­es ensuite, ou plutôt « plurielles » selon la nomen­cla­ture de la revue. Par­mi de nom­breuses voix : Eric Fried, Jean-Marc Gougeon, Régis Lefort, Isabelle Lévesque, Béa­trice Machet-Franke…

N47 est aus­si un lieu de pen­sée de la poésie, autour de « traduire/écrire », avec qua­tre con­tri­bu­tions. Vien­nent enfin des notes de lecture.

 

N47, numéro 25, jan­vi­er 2014.
Direc­tion  Chris­t­ian Vogels.
n4728@zythumz.fr
Abon­nement pour deux numéros : 25 euros.

 

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Les Cahiers Emmanuel Mounier pren­nent la suite du Bul­letin des Amis de Mounier, sous la direc­tion du penseur/poète/traducteur Yves Roul­lière. Le comité de rédac­tion réu­nit les hommes/écrivains qui, à juste titre, con­sid­èrent que la pen­sée de Mounier par­le encore et tou­jours pour aujourd’hui, cer­tains écrivant aus­si dans Esprit. La revue est la face vis­i­ble de l’association des amis d’Emmanuel Mounier, laque­lle tra­vaille à main­tenir en lumière cette œuvre fon­da­men­tale du 20e siè­cle, et la ques­tion du per­son­nal­isme. C’est un gros et ardu tra­vail, mené de longue date, par des penseurs comme Guy Coq par exem­ple, aujourd’hui en retrait, et main­tenant sous la houlette d’Yves Roul­lière. Un tra­vail absol­u­ment néces­saire.  Au som­maire de ce pre­mier numéro : des arti­cles de Mounier présen­tés par Yves Roul­lière, la repro­duc­tion d’un entre­tien avec le philosophe (1949), et un dossier sur l’expérience africaine de Mounier. Une revue que nous con­seil­lons chaude­ment, pour cette sim­ple rai­son que la pen­sée de Mounier et de la revue Esprit sont des axes de résis­tance pour maintenant.

 

Cahiers Emmanuel Mounier, numéro 1, 2014.
Rédac­tion : Yves Roullière
www.emmanuel-mounier.org
Le numéro : 10 euros.

 

 

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Par | 25 octobre 2013|Catégories : Blog|

 

Dis­ons le tout net : voici encore un excel­lent numéro du Jour­nal des Poètes, bon vin poé­tique âgé de 82 ans. Ses pages com­men­cent par un édi­to­r­i­al offen­sif de Jean-Luc Wau­thi­er, lequel pose de vrais enjeux : « Il fut un temps, pas si loin­tain, où l’on déni­ait à la poésie le droit à la beauté. Vu d’une manière à la fois intel­lec­tu­al­iste et tran­chante, l’acte poé­tique devait met­tre bas la beauté pour couron­ner à sa place la vérité. Celle-ci ne pou­vait s’épanouir qu’en détour­nant le sens, en saccageant le vers, en le trit­u­rant, en étab­lis­sant la dou­ble sou­veraineté du frag­ment et du blanc (…) En fait, le poème est seul maître à bord. Ten­ter de le définir ou de le cir­con­scrire à une mis­sion ou le con­fon­dre avec une vision intel­lectuelle des choses est une entre­prise vaine. Restent le chant intérieur et l’expression de l’humain. Ter­ri­toires illim­ités, ter­ri­toires du poème et, comme l’univers, d’âge en âge tou­jours en expan­sion ». Que le poème soit le seul maître à bord, nous souscrivons entière­ment. Qu’il ne se soit pas assigné une mis­sion en ce monde devenu fou, nous en dou­tons. Reste que la vigueur de cet édi­to­r­i­al est la bien­v­enue dans un monde poé­tique qui sem­ble peu à peu saisir de nou­veau l’importance du Poème et le rôle essen­tiel qu’ont ses mots au sein du monde dit glob­al. L’heure est venue du retour du Poème. Et ce numéro du Jour­nal des Poètes le démon­tre ample­ment, de par ses choix. On lira ain­si qua­tre superbes poèmes de Gwen Gar­nier-Duguy, par ailleurs directeur/fondateur de Recours au Poème, extraits de ses Douze poèmes d’amour dans le sein mater­nel, et l’on saisira alors ce que sig­ni­fie ce rôle que le Poème s’assigne de nou­veau en ce triste monde. C’est de la vie dont il est ques­tion et cette vie en même temps est le Grand Jeu que nous ne pou­vons pas per­dre. Il y va du sens. Et ce n’est pas rien. On lira aus­si Pierre Slad­den, Hugues Labrusse, Sil­via Här­ri, un inédit de Pierre Dhain­aut, la pre­mière par­tie d’un dossier con­sacré à la « poésie amérin­di­enne d’aujourd’hui » (sous la houlette d’Alice-Catherine Carls), les rich­es notes de lec­ture et la tou­jours revig­o­rante chronique d’Yves Namur, cette fois con­sacrée à Diérèse et Thau­ma, en atten­dant de revenir aux tox­ines de la toile.

 

Le Jour­nal des Poètes n° 3/2013
Rédac­teur en chef : Jean-Luc Wauthier
Mai­son inter­na­tionale de la Poésie Chaussée du Wavre 150. B‑1050 Bruxelles
Trimestriel, le numéro 6 euros.
Abon­nement un an : 22 euros
Email : wauthierjeanluc@yahoo.fr
Site
 : http ://www.mipah.be

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Le 23e numéro de l’importante revue lit­téraire, par essence ouverte sur tous les ailleurs, Siè­cle 21, revue qui pub­lie d’année en année tout ce qui compte en lit­téra­ture et en poésie, vient vers nous pour nous offrir trois très beaux dossiers. Et pas unique­ment dans le domaine de la poésie puisqu’on lira ici un bel ensem­ble con­sacré à Sylvie Ger­main. Son pre­mier roman, Le livre des nuits, à lire absol­u­ment, un des chefs d’œuvre de la lit­téra­ture française de la fin du siè­cle passé, ne man­quant cepen­dant pas de poésie, en son écri­t­ure comme en son fond. Bien sûr, du côté de Recours au Poème, les autres dossiers nous con­cer­nent plus. Le pre­mier est con­sacré à la « Lit­téra­ture actuelle de Syrie » et est inti­t­ulé « Pen­dant les com­bats ». Car Siè­cle 21 ne porte pas ce titre par hasard, étant volon­taire­ment une revue par­lant de ce qui s’écrit en l’époque même. Ce dossier con­stru­it autour de la Syrie par Mar­i­lyn Hack­er (dont il faut saluer l’inlassable tra­vail mené ici comme ailleurs pour faire décou­vrir des lit­téra­tures dif­férentes au lecteur français) et Golan Haji est com­posé d’une cen­taine de pages, don­nant la parole à nom­bre de très grands écrivains encore bien trop mécon­nus en France. L’ensemble est intro­duit par un texte excep­tion­nel et boulever­sant de Golan Haji, Huit sec­on­des de Damas à Alep. Golan Haji donne aus­si pour ce dossier un long poème. Vien­nent ensuite et/ou aus­si des textes poé­tiques signés Ali Jazo, la Lumière d’une musique de Lina Tibi :

 

Désert parce qu’il n’y a rien
Rien d’autre
Pas même un bais­er errant dans le vide.
 

Je n’existe pas.
 

République de Hazem Alazmeh :

 

Comme des étoiles s’éparpillent
comme des pier­res bleues dans l’herbe.
 

Des extraits des Sept jours du temps de Nouri al-Jar­râh dont on retrou­vera bien­tôt des textes dans les pages de Recours au Poème, Aref Hamzé, Hala Moham­mad, Luk­man Derky, Rasha Omran :

 

Mais je suis rev­enue de ma mort tragique
Pour démas­quer votre roman­tisme vulgaire
Pour chas­s­er ma las­si­tude de l’histoire illusoire
Me voici depuis des cen­taines d’années
Je pré­pare le théâtre chaque jour en atten­dant votre venue
Puis je me mets debout sur la scène avec ma nudité franche
Avec la vérité qui est avec moi
Avec le scan­dale total
Mais chaque jour depuis des cen­taines d’années
Vous cachez le scan­dale dans vos poches puis vous le jetez dans le pre­mier fleuve que vous rencontrez
Bran­dis­sant les doigts de votre pureté
Quand vous passez devant le théâtre
M’évitant du regard.
 

Ce dossier légitime large­ment l’acquisition de ce numéro de Siè­cle 21.
Vient ensuite un dossier con­sacré à « L’ennui ». On peut y lire des poèmes de Gabrièle Althen, poète dont Recours au Poème aime par­ti­c­ulière­ment l’atelier, de James Sacré, une belle nou­velle de Simone Bal­azard qui menait il y a peu d’années la pas­sion­nante revue Le Jardin d’Essai et bien d’autres choses.

Le numéro 23 de la revue com­porte aus­si les chroniques habituelles où l’on peut lire Leïla Seb­bar, Chris­tiane Baroche, Jan Guiloineau…

 

Revue Siè­cle 21.
2 rue Emile Deutsch de la Meur­the, 75014 Paris.
revue.siecle21@yahoo.fr
http//siecle21.typepad.fr

Le numéro : 17 euros

 

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Passage en revues

Par | 12 août 2013|Catégories : Blog|

Encore un très beau numéro de cette vieille dame qu’est Le Jour­nal des Poètes. Au cœur, un hom­mage fort au poète Fer­nand Ver­he­sen, décédé en avril dernier, auquel Philippe Jones con­sacre l’éditorial de ce numéro, rap­pelant que Ver­he­sen, s’il fut poète, était aus­si édi­teur, auteur d’essai, ani­ma­teur de revues, tra­duc­teur… Un homme entière­ment engagé en poésie. En ce qui con­cerne la tra­duc­tion, il a été le pre­mier tra­duc­teur de Juar­roz. Cela pose un poète, traduire une œuvre telle que celle de l’auteur des poésies ver­ti­cales, une œuvre dont un com­mence à sen­tir l’influence extra­or­di­naire sur la poésie européenne con­tem­po­raine, sur le retour de cette dernière vers le chant de l’origine, vers la pro­fondeur. Ver­he­sen a été un passeur, et pas seule­ment de Juar­roz. Pen­sons à Huido­bro par exem­ple. L’hommage se pro­longe plus loin, sur une page, avec des textes de Jean-Marie Cor­busier, Rose-Marie François et Jacques Sojch­er. Qu’ils soient remer­ciés de l’attention portée à l’homme/poète Fer­nand Verhesen.

On a plaisir aus­si, en ce numéro, à retrou­ver la deux­ième par­tie du dossier mené par Jacques Ran­court, autre passeur s’il en est, con­sacré à « Sin­gapour, terre de poésie », dossier qui accom­pa­gne et pro­longe celui que Jacques Ran­court con­sacrait il y a peu dans sa revue La Tra­duc­tière. On décou­vri­ra ici plusieurs poètes frap­pants, traduits de l’anglais ou du chi­nois, dont Edwin Thum­boo qui dia­logue avec la riv­ière et ses eaux ou Zou Lu, lui aus­si emporté par les flots. Plaisir aus­si de retrou­ver les mots d’un poète qui nous est cher, au sein de Recours au Poème, en la per­son­ne de Gas­pard Hons. Jean-Marie Cor­busier con­sacre un « coup de cœur » aux petites pros­es mati­nales de Hons, insis­tant sur la force de cette poésie : « Le monde y est un, non seule­ment dans sa total­ité mais aus­si par la super­po­si­tion des choses, voire aus­si par leur trans­for­ma­tion ». C’est là une déf­i­ni­tion que nous pour­rions don­ner de la poésie, c’est en tout cas une fine lec­ture de l’écriture de Gas­pard Hons, poète dont on doit chaude­ment recom­man­der la lecture.

La par­tie cri­tique du Jour­nal est tou­jours aus­si riche, évo­quant cette fois, entre autres, des recueils récents signés Perche, Chatard, Ver­don­net, Jan­dl, Keeney et Put­te­mans. Il en est de même des « Paroles en archipel », pages où le Jour­nal donne à lire des poèmes de poètes con­tem­po­rains. Bob­by Rogers, Fab­rice Farre, Emilio Coco, Maciek Fron­s­ki, Jean-Pierre Par­ra et Ron­nie Scharf­man sont cette fois à l’honneur. Notons pour ter­min­er qu’Yves Namur, dans sa « chronique des revues », s’intéresse cette fois aux revues pub­liées sur le net, évo­quant Poez­ibao, Le cap­i­tal des mots et Recours au Poème. Un homme de goût. 

revue Le Jour­nal des Poètes n°2/2013, avril/mai/juin 2013

Rédac­teur en chef : Jean-Luc Wauthier

Rue des Cour­ti­jas, 24. B‑5600 Sart-en-Fagne

      wauthierjeanluc@yahoo.fr

     http//www.mipah.be

     Le numéro : 6 euros.

     Le poète Jean-Luc Wau­thi­er, rédac­teur en chef du Jour­nal, donne des chroniques  régulières à Recours au Poème. Ici :

       https://www.recoursaupoeme.fr/users/jean-luc-wauthier

 

Les trois récents numéros de la revue Il Par­ti­co­lare sont de toute beauté. Il ne s’agit pas d’une revue exclu­sive­ment dédiée à la poésie, mais d’une revue qui s’annonce comme trai­tant d’art, de lit­téra­ture et de théorie cri­tique dans laque­lle la poésie occupe une place majeure.

Le numéro 21 & 22 est cen­tré sur un cahi­er con­sacré à Pri­gent, cahi­er qui fait date. On lira des con­tri­bu­tions d’une douzaine d’intervenants, ain­si qu’un entre­tien et un choix de textes poé­tiques inti­t­ulé « Le monde mod­erne. Poèmes de cir­con­stances ». Ceux qui ne sont pas fam­i­liers de l’œuvre de Pri­gent auront tout à gag­n­er à lire ce dossier fort intéres­sant, les textes de Sophie Simon, Alain Farah, Samuel Lequette, Pas­cal Com­mère, Jean-Pierre Bobil­lot ou Muriel Pic par exem­ple. Mais l’ensemble de ce cahi­er mérite que l’on s’y plonge avec atten­tion. Aupar­a­vant, ce numéro s’ouvre sur un salut à Ouel­let, signé Eric Clé­mens, suivi de poèmes du poète. C’est d’une beauté sidérante. D’autres décou­vertes au fil des pages, ain­si la poésie de Gui­do Cav­al­can­ti traduite par Danièle Robert ou celle en forme d’aphorismes de Chris­t­ian Tarting.

Le numéro 23 s’organise autour d’un cahi­er con­sacré à Pierre-Yves Soucy. Le cahi­er com­porte aus­si une douzaine de con­tri­bu­tions, dont une très intéres­sante con­ver­sa­tion à trois voix entre Jean-Paul Michel, Pierre-Yves Soucy et Christophe Van Rossom. Et comme Il Par­ti­co­lare ne craint pas l’espace, cette con­ver­sa­tion s’étend sur une ving­taine de pages. Une revue qui prend le temps d’écouter. Le cahi­er se ter­mine par des inédits du poète. Aupar­a­vant, on lira des textes tous aus­si intéres­sants les uns que les autres, signés François Lal­li­er, Dim­itris Dim­i­tri­adis, Michel Col­lot, Jean-Patrice Cour­tois, François Ran­nou, Vic­tor Mar­tinez, Esther Teller­mann, Pedro Ser­ra­no et Paul Bélanger. Un ensem­ble de belle tenue.

À not­er que ce même numéro s’ouvre sur de très beaux con­tes signés Jean Frémon.

Le numéro dou­ble 24 & 25 com­porte aus­si un cahi­er cen­tral, c’est l’usage de la revue, cette fois con­sacré à Eric Clé­mens. De nou­veau une douzaine de con­tri­bu­tions, dont celle du regret­té Ronald Klap­ka qui nous a quit­tés en mars dernier. Un entre­tien et des poèmes du poète, asso­ciés aux textes et/ou poèmes de Pri­gent, Deguy, Bouti­bonnes, Fron­tier, Jabon, Hillaire, Ouel­let, Sev­enant, Bauduin, Gor­ril­lot et Nan­cy. Là aus­si un dossier qui fait date, et une revue qui affiche claire­ment ses posi­tion­nements intel­lectuels, dif­férents des nôtres, mais Recours au Poème ne craint aucune­ment le miroir qu’est l’autre, bien au con­traire. On retrou­ve par ailleurs des textes / poèmes de Tart­ing, Cas­tanet ou Daniel Pozner.

De numéro en numéro, Il Par­ti­co­lare s’affirme, par sa beauté physique et par la cohérence de son fond comme par la qual­ité de ses som­maires comme une revue incon­tourn­able. À découvrir. 

 revue Il Par­ti­co­lare, numéros 21, 23 et 24 & 25.

Direc­tion : Hervé Cas­tanet. et Françoise San­ton

Con­tact : ilparticolare@club-internet.fr

Le numéro : entre 15 et 22 euros, selon le volume

 

Déjà le 5e numéro de la main mil­lé­naire, l’excellente revue au for­mat car­net dirigée par le poète Jean-Pierre Védrines. C’est tou­jours un bon­heur de la tenir en main puis de la lire. Deux poètes sont ici mis en avant, out­re les nom­breuses voix choisies par le comité de rédac­tion de la revue, par­fois dev­enues habituelles – ce qui con­tribue à don­ner son ton claire­ment iden­ti­fi­able à la main mil­lé­naire : Tar­ci­sio Canon­i­ca et Serge Velay. Canon­i­ca donne ici trois poèmes traduits par Jo Paci­ni. La voix est pro­fonde, « véri­ta­ble » écrit à juste titre Jean-Pierre Védrines. C’est en effet une poésie de très haut vol. Les pages de créa­tion de la revue se ter­mi­nent par un « frag­ment » de Serge Velay, texte dédié à la mémoire de son ami Jean-François Jal­let. Un hom­mage d’une très grande force.

La par­tie de voix partagées, ici nom­mée « Une flamme en un mot » est, comme sou­vent en ces pages, de haute volée. On y lira, entre autres, des textes bien­venus d’André Vinas, Matthieu Bau­mi­er, Ida Jaroschek, Marthe Bar­ris, Frédéric Miquel, « La rumeur du monde » de Gwen Gar­nier-Duguy, Matthieu Gosz­to­la, Rémy Soual ou Quine Chevalier.

Comme à l’habitude, les dernières pages de la main mil­lé­naire pro­posent des lec­tures cri­tiques de recueils ou de livres récents. On ne peut que recom­man­der chaude­ment la lec­ture de cette belle revue de poésie.

 

revue la main mil­lé­naire, numéro 5, print­emps 2013

trimestrielle

con­tact : jean.pierre.vedrines@cegetel.net

Le numéro : 15 euros

 

 

Les deux récents numéros de La Revue Alsa­ci­enne de Lit­téra­ture, numéros 118 et 119, s’orchestrent comme à l’habitude autour de thèmes. Le numéro 118 s’intitule « masques ». Le dossier sur ce thème com­porte, sans citer tout le monde et en insis­tant sur les textes poé­tiques, des con­tri­bu­tions de Gas­ton-Paul Effa (« Les vis­ages ne sont pas les hommes »), Wal­ter Hel­mut Fritz, poète que nous aimons par­ti­c­ulière­ment au sein de Recours au Poème, et dont on peut lire un recueil aux édi­tions Cheyne, recueil duquel les trois poèmes ici pub­liés sont tirés, comme pour un hom­mage au poète décédé en 2010, Tlaloc Lin­der, Jean-Paul Gun­sett, Muriel Stuck­el, Eva-Maria Berg, Lau­rine Rous­se­let ou Markus Man­fred Jung. On aura recon­nu des noms fam­i­liers pour les lecteurs de Recours au Poème. Nom­bre de poèmes sont en alle­mand et français, c’est une des sym­pa­thiques par­tic­u­lar­ités de la revue. Avant ce dossier, la revue pro­pose une par­tie « Pat­ri­moine », con­sacrée à l’œuvre d’André Weck­mann récem­ment dis­paru. Ce dernier a fait par­tie des mem­bres fon­da­teur de la RAL, et est l’auteur de poèmes et de romans. Une douzaine d’écrivains amis lui ren­dent un bel hom­mage. Ce numéro de la RAL se pro­longe par une par­tie « Voix mul­ti­ples » com­posée d’une ving­taine de con­tri­bu­tions, par­mi lesquelles on retrou­ve les voix de Alain Fab­re-Cata­lan, Muriel Stuck­el, Anne-Marie Souli­er, Ger­da Muck­er-Frim­mel, Ronald Euler, Sylvie Le Scouarnec ou Pierre Zehnack­er… Et ce poème de Jean-Claude Walter :

 

Si tu par­les au silence
L’arbre te répond

 

Si tu cardes les vents
L’herbe devient complice

 

Si tu réveille l’eau
La glaise te remercie

 

Si tu captes le temps
L’horloge t’obéit

 

Si tu écoutes les gens
Tu recon­nais ta voix

 

Si tu retiens le nuage
L’aventure te prend

 

Si tu par­les à ta prière
L’ombre devient lumière

 

Le numéro 119 de la revue s’intéresse quand à lui aux « fêtes » et s’organise lui aus­si en plusieurs par­ties, « pat­ri­moine », « dossier », « voix mul­ti­ples », « chroniques », « notes de lec­tures ». C’est un numéro anniver­saire, celui des 30 ans de la Revue Alsa­ci­enne de Lit­téra­ture. C’est l’occasion pour ses ani­ma­teurs de revenir, dans les pages « pat­ri­moine », sur quelques étapes de l’histoire de la revue, avec 8 textes. Le « dossier » qui suit, con­sacré aux « fêtes », est présen­té par Anne-Marie Souli­er, dont on peut lire poèmes et tra­duc­tions dans les pages de Recours au Poème. Il pro­pose une ving­taine de con­tri­bu­tions. C’est un ensem­ble d’une très grande force, pas­sion­nant même, dans lequel on lira, c’est affaire de goût per­son­nel, les textes/poèmes de Rémy Valle­jo (texte autour de Tauler), Fab­rice Farre, Gabriel­leAlthen, Eva-Maria Berg, Jacques Goor­ma, Anne-Marie Souli­er, Alain-Fab­re Catalan,Torild Wae­de­naer, Lil­iane Bertoli­ni, H.G. Klinkn­er… Un dossier qui mérite très ample­ment le détour. Vien­nent ensuite les « voix mul­ti­ples », une ving­taine de con­tri­bu­tions dont celles de Erik Vac­quier-Némorin, lequel donne aus­si de superbes pho­togra­phies pris­es en Bir­manie et qui accom­pa­g­nent les pages de ce numéro, de très beaux poèmes d’Odelin Salmeron, Dominic Deschênes, Ger­da Muck­er-Frim­mel, Ingrid Tem­pel, Pierre Zehnack­er, Danièle Faugeras, poète et ani­ma­trice de l’excellente col­lec­tion Po&Psy des édi­tions Eres, Claude Van­cour. Ce poème de Vancour :

 

Tenir le compte
des cadeaux du silence
con­cen­trés en cette seconde
et refer­mer le cercle
des cours­es immobiles.

 

La revue se ter­mine comme il se doit par des notes de lectures. 

  

Revue Alsa­ci­enne de Lit­téra­ture, numéros 118 et 119 

Semes­trielle. Le numéro : 22 euros

Revue ani­mée par Alain-Fab­re Cata­lan, Lau­rent Bayard, Jacques Goor­ma, Gas­ton Jung, Paul Schwartz, Anne-Marie Souli­er, Maryse Staiber, Marie-Thérèse Wack­en­heim, Jean-Claude Wal­ter et Patrick Werly.

Con­tact : ral@noos.fr

Les Amis de la Revue Alsa­ci­enne de Lit­téra­ture. BP 30210. 67005 Stras­bourg cedex.

 

 

Le numéro de Juin/Juillet de la revue Europe, une insti­tu­tion dans le paysage lit­téraire français, est cen­tré sur l’œuvre et la vie du grand écrivain grec Con­stan­tin Cavafy. Un immense poète, né en 1863, mort en 1933, dont l’état de l’être a été imprégné de ce qu’était alors Alexan­drie. Dire que Cavafy était grec revient sim­ple­ment à don­ner une sorte de repère, car sinon cela n’a pas grand sens : le poète (et l’homme) vivait dans un rap­port mul­ti­cul­turel à l’autre homme, les yeux cen­trés sur l’humanisme. Cet état de l’esprit « cos­mopo­lite », pour repren­dre un mot forte­ment en usage à cette époque, a joué un rôle essen­tiel dans sa poésie, bien sûr, mais aus­si dans l’ensemble de la poésie grecque con­tem­po­raine. C’est une des raisons pour ou par lesquelles Cavafy à reviv­i­fié la langue grecque. Il est aujourd’hui lu dans le monde entier, traduit dans de très nom­breuses langues, recon­nu comme l’un des très grands poètes du 20e siè­cle. Ceci, alors que Cavafy n’a pas pub­lié de livres de son vivant, dif­fu­sant ses poèmes sur des feuilles volantes, adressées à des amis, par­fois réu­nis en pla­que­ttes au tirage très lim­ité. C’était son mode de vie et d’être. Et cela, comme le par­cours posthume, de l’œuvre de Cavafy ne peut qu’impressionner en notre époque, un temps ou tout un cha­cun ayant écrit qua­tre lignes voudrait voir sa bouille pass­er en boucle sur les chaînes d’information con­tin­ues, avec le mot « écrivain » écrit en let­tres lumineuses. Drôle et triste époque. Cavafy ne risquait pas de manger de ce pain là, con­scient qu’il était qu’une œuvre creuse longue­ment ses sil­lons pour par­venir à être, c’est-à-dire à demeur­er au-delà des con­jonc­tures d’un éphémère présent. Sont ici con­viés à écrire au sujet de Cavafy, en plus de la tra­duc­tion de textes de Auden, Forster et Séféris, une quin­zaine de con­tribu­teurs / écrivains, dont Xénopou­los, Zananiri, Tsout­soura, Grand­mont, Dimoula, Arnoux-Farnoux ou Bilos, au sujet de la rela­tion Cavafy/Herbert placée « sous le signe d’Hermès »… On lira aus­si des poèmes de Cavafy, dont des inédits. Bien évidem­ment, comme sou­vent avec la revue Europe, ce dossier est incon­tourn­able dès le moment où il paraît, pour qui s’intéresse à la poésie con­tem­po­raine et/ou à Cavafy.

Un sec­ond dossier vient comme un pro­longe­ment de celui con­sacré à Cavafy, trai­tant de « La Grèce au cœur ». Les textes sont signés Stavrakakis, Mossé, Hat­zopou­los (dont on ne peut que chaude­ment recom­man­der la lec­ture des poèmes édités chez Cheyne), Sotiropou­los, Kalout­sas et Panay­otopou­los.  Para explique en avant-dire la rai­son d’être de ce dossier, en un moment où la Grèce est bête­ment stig­ma­tisée par des médias et par­fois des jour­nal­istes à l’ignorance choquante : « don­ner la parole » à la réal­ité de la vie intel­lectuelle grecque con­tem­po­raine. Et ain­si don­ner une image plus authen­tique du réel de cette Grèce.

Le vol­ume se pour­suit par un cahi­er de créa­tion et se ter­mine par un ensem­ble e notes de lec­tures fort riche et pertinent.

 

Europe4 rue Marie-Rose. 75014 Paris.
Men­su­elle.

www.europe-revue.net/

Rédac­tion en chef : Jean-Bap­tiste Para et Charles Dobzynski

Le numéro : 20 euros.

 

 

Le numéro 59/60 de la revue Diérèse ani­mée par Daniel Mar­tinez et Isabelle Lévesque pro­pose un riche et impor­tant dossier con­sacré au poète Nico­las Dieter­lé. Ce dossier s’ouvre sur un superbe poème en hom­mage à Dieter­lé, poème signé Isabelle Levesque. On trou­vera ici ample­ment de quoi faire con­nais­sance avec l’œuvre du poète : chronolo­gie, poèmes, bib­li­ogra­phie, repro­duc­tion de let­tres man­u­scrites… Un numéro de revue qui se lit puis se con­serve dans sa bib­lio­thèque. Des poètes ont été con­viés à don­ner des poèmes en hom­mage : Pirotte, Sylvie Fab­re G, Bocholi­er, Mar­tinez, Lades, Le Gouic, Per­se­chi­ni, Per­roy. Il est rare qu’une ten­ta­tive de cette sorte (la réu­nion de poèmes en hom­mage) atteigne à ce degré de den­sité et d’intensité. Vien­nent ensuite une quin­zaine d’articles en hom­mage au poète et à son œuvre, là aus­si l’ensemble est de haute tenue. On peut lire ici, entre autres : Angèle Paoli, Richard Blin, Pierre Dhain­aut, Yves Leclair, Pierre Tan­guy, Gérard Pfis­ter, Bernard Per­roy… La qual­ité du som­maire dit aus­si beau­coup sur l’impact de Dieter­lé sur la poésie de notre temps. Comme à son habi­tude, Diérèse pro­pose ensuite de dens­es pages de lec­tures de recueils. Avec ses 300 pages en grande par­tie con­sacrées à l’œuvre de Dieter­lé, ce numéro fait date et s’avance d’emblée comme un numéro de référence. Il faut saluer le tra­vail réal­isé depuis plusieurs années par l’équipe de cette revue, impres­sion­nante par nom­bre d’aspects.

 

Diérèse, revue trimestrielle, numéro 58.

Direc­tion : Daniel Martinez

8 avenue Hoche. 77330 Ozoir-la-Ferrière.

 Le numéro 15 euros.

contact@diereseetlesdeuxsiciles.com

 http://www.diereseetlesdeuxsiciles.com     

 

 

Autre revue d’importance dans le paysage lit­téraire et poé­tique français, Nunc. Une revue que l’équipe de Recours au Poème appré­cie par­ti­c­ulière­ment, dans une sorte de prox­im­ité. Le for­mat grand cahi­er, la qual­ité du papi­er, la force et l’intelligence des som­maires, tout cela con­tribue à faire de Nunc une des grandes revues lit­téraires de notre présent. Il y a un ton et une âme spé­ci­fiques aux pages de cette très belle revue. Après un lim­i­naire engagé signé Pier­rick de Cher­mont (« Nous n’en avons pas fini d’être homme. Nous ne lâcherons rien de ce que nous sommes »), un « Axis Mun­di » donne à lire de beaux poèmes de Sylvie Fab­re G, dont le tra­vail a été primé au print­emps 2013, et qui est actuelle­ment forte­ment présente dans les pages des revues de poésie. Un cahi­er « Vivant jusqu’à la mort » pro­pose ensuite deux textes signés Jacques Ricot et Pia Petersen, puis l’on retrou­ve la poésie avec un dossier très intéres­sant con­sacré à Frédéric Jacques Tem­ple, dossier dirigé et présen­té par Jacque­line Assaël. Out­re des textes et des poèmes inédits du poète, ain­si que sa tra­duc­tion de Rino Cor­tiana, on lira les con­tri­bu­tions de Jacques Lovichi, Pierre Nepveu, Chris­tine Amiech, Jacque­line Assaël, Pier­rick de Cher­mont et Joan-Clau­di Forêt. Ce dossier est une réus­site. Vient ensuite une par­tie inti­t­ulée « Shekhi­na » dans laque­lle on retrou­ve des poèmes de Gérard Bocholi­er (8 psaumes), un texte de Jacques Cat­teau con­sacré au « mythe lit­téraire d’Oblomov », des poèmes d’Alda Meri­ni traduits par Patri­cia Dao, un entre­tien avec Jean-Philippe Pier­ron, autour de l’imagination, des poèmes de Jean-Pierre Boulic. C’est alors le tour des « Péré­grins », par­tie don­nant à lire le Car­net de l’oiseleur d’Antoine de Meaux :

 

Ils ont l’âge du cercle
Autour de la table
Et moi le tabli­er aux reins
Qui passe avec la poêle
Je me hâte de les nourrir

 

Puis un texte de Flo­ri­an Michel inti­t­ulé « Messe dans le Far North West cana­di­en ». On ne fera pas abstrac­tion de cette revue, à lire.

 

Revue Nunc, n° 30, juin 2013, 130 pages, chaque n° 22 euros. Direc­tion : Franck Damour et Régi­nald Gail­lard. Rue Alphonse Hot­tat, 26. Brux­elles 1050 (Bel­gique) La revue est pub­liée par les édi­tions Cor­levour : www.corlevour.fr

 

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Passage en revues

Par | 3 juillet 2013|Catégories : Revue des revues|

Les Chroniques du ça et là, la revue de Philippe Bar­rot, n’est pas à pro­pre­ment par­ler une revue « de poésie » mais elle pro­pose des textes poé­tiques et des poèmes. Les numéros 2 et 3 s’organisent autour d’un thème, écri­t­ure et ordi­na­teur, de fic­tions, de nou­velles, de poèmes, de textes inclass­ables. Le numéro 2 pour­suit un tra­vail autour de la fic­tion, sous toutes ses formes, et étudie les effets de la tech­nolo­gie sur la cri­tique lit­téraire, la lec­ture, l’écriture… Philippe Bar­rot choisit ensuite d’inscrire sa revue dans le présent his­torique en pub­liant des textes qui s’apparentent à des jour­naux ou des car­nets. On lira, par exem­ple, Atom-Nâmeh (l’épopée de l’atome), d’Iraj Valipour, pas­sion­nante plongée dans l’Iran actuel ou récent. Vien­nent ensuite des nou­velles, de superbes pho­tos, et enfin des poèmes inédits de Marie Gabriel Guez Ricord, pub­liés sous le titre de Lacrima Ver­rae. Le numéro 3 présente un doc­u­ment d’actualité, étant don­né les com­mé­mora­tions à venir : des extraits du jour­nal inédit d’un poilu dont le nom n’a pas été retrou­vé. C’est tou­jours impres­sion­nant de lire ce genre de doc­u­ment, de se sou­venir qu’il y a cent ans, sim­ple­ment cent ans, les grands pères de nos pères vivaient cette atroc­ité : 14–18. Puis, le som­maire donne à lire L’intranquille assoupie, de belles notes sur Lis­bonne, évidem­ment, signées Philippe Bar­rot. Vient ensuite un fort texte de Jorge Arave­na, Jeunesse au Chili, sur l’époque de Pinochet, et l’enfance sous la dic­tature. Tou­jours de superbes pho­tos, une dizaine de nou­velles, et un ensem­ble inti­t­ulé « Poésie per­sane & post-islamisme », présen­té par Sepi­deh Jodeyri, dossier qui à lui seul légitime l’acquisition de ce troisième numéro des Chroniques du ça et là.

 

Revue Chroniques du ça et là. 

Directeur : Philippe Barrot

La revue est semestrielle.

75 rue d’Hautpaul. 75019 Paris. 

http://www.chroniques-du-ca-et-la.fr/970A5236-B7BF-4349-BCF3-3F7960E3A85D/Accueil.html

Le n° : 12 euros

Abon­nement : 19 euros pour deux numéros.

 

 

Troisième numéro de la revue inter­na­tionale de poésie de Paris Sor­bonne, Place de la Sor­bonne, née en même temps que Recours au Poème. Un beau pavé de près de 300 pages comme à son habi­tude. L’aventure est menée par Lau­rent Four­caut et on retrou­ve quelques amis proches de nos pages au sein de son comité de rédac­tion, Joëlle Gardes ou Pierre Maubé par exem­ple. La revue pro­pose un entre­tien éclairant et fort intéres­sant avec Jean-Pierre Siméon, puis une ving­taine de poètes de langue française, dont Lionel Bourg, Lau­rent Demoulin, l’atelier superbe de Pierre Dro­gi, Dominique Grand­mont, Philippe Mathy ou James Sacré. Ensuite, une par­tie « langues du monde » avec des tra­duc­tions pro­vi­soires de beaux textes de la poète bul­gare Kéva Apos­tolo­va, ou encore ceux de l’américaine Rosan­na War­ren. La par­tie « con­tre­points » donne à lire de très beaux poèmes de José Angel Cuevas, en com­pag­nie d’œuvres de Manuel Tor­res. Enfin, on est heureux de pou­voir lire les réflex­ions de Michel Deguy sur la poésie et la quête du sens. Quelle autre ques­tion en effet ?

 

Revue Place de la Sorbonne. 

Rédac­teur en chef : Lau­rent Fourcaut.

29 rue Bour­sault. 75017 Paris.

Mail : pls@edrelief.fr

La revue est éditée par les édi­tions du Relief. 

Le numéro : 15 euros.

 

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Passage en revues

Par | 31 mars 2013|Catégories : Revue des revues|

Diérèse, revue dirigée par Daniel Mar­tinez, avec l’aide d’Is­abelle Lévesque, par ailleurs poètes, que nous appré­cions ici, en est à son 58e numéro. Une vie. Mais une vie ouverte sur l’ailleurs, ce que traduit l’exergue de la revue, ces mots de Man­di­ar­gues : « La poésie, comme l’art, est insé­para­ble de la mer­veille ». Bien sûr, cela nous par­le ici, comme l’on dit, au sein de Recours au Poème : la poésie et la mer­veille, cet au-delà de l’illusion du réel directe­ment dici­ble, oui, la mer­veille. Ce que nous pou­vons être amenés, avec de la chance et du tra­vail, à percevoir, peut-être, une fois… ou deux, au cours d’une exis­tence. Cette ouver­ture vers ce « plus que réel » sur­réal­iste entre autres) auquel, d’une cer­taine manière, Man­di­ar­gues adhérait. La mer­veille est là, la poésie en est le chemin, ce qui ne sig­ni­fie pas que l’ascension soit chose aisée. Dau­mal le dis­ait : avant d’entreprendre le chemin vers le som­met du Mont, il con­vient de se ren­dre compte, d’abord, qu’il faut lever un peu le pied et le pos­er sur la pre­mière marche. La deux­ième vient après. Gravir, comme vivre, cela se fait par étapes, mais il n’est pas inutile de voir que ces étapes exis­tent. Man­di­ar­gues était plus qu’un poète, plutôt : il était poète au sens plein de ce mot.

En ce récent numéro, Diérèse con­sacre un impor­tant dossier, mené par Isabelle Lévesque, à l’œuvre de Gérard Titus-Carmel. L’occasion d’une belle décou­verte pour les lecteurs qui ne con­nais­sent pas son univers poé­tique et plus générale­ment artis­tique (car l’homme est aus­si pein­tre, graveur…). Les veines, le minéral, le végé­tal, le sable, la pierre, les dia­logues en silence… Tout ce qui fait la poésie de Titus-Carmel se retrou­vera dans les pages ici pub­liées et extraites de livres parais­sant en ce début 2013 chez Galilée (Le huitième pli ou le Tra­vail de la beauté) ou chez Fata Mor­gana (Albâtre). Le poète évoque cette « pre­mière lampe qu’on allume / au bout de la nuit » et sa marche intérieure vers le « plus loin que l’air ». Les extraits du huitième pli font entr­er le lecteur dans l’intimité de la pen­sée du poète, lequel ne donne pas de réponse mais des pistes ancrées dans ses pro­pres con­vic­tions. On y décou­vri­ra les méan­dres d’un dia­logue per­son­nel avec l’art conçu comme quête de la beauté.

Diérèse se découpe ensuite en plusieurs par­ties. « Poésies du monde », d’abord. Avec des textes bilingues du poète ital­ien Gia­co­mo Cer­rai, Du Fu (poète vivant durant la dynas­tie des Tang) et du poète alle­mand Durs Grübein. Mon goût per­son­nel va au pre­mier des trois. Puis vien­nent trois car­nets réu­nis­sant des textes et des poèmes d’Isabelle Lévesque, Françoise Ascal, Pierre Chap­puis, Daniel Mar­tinez, Emanuel Moses (un Nurem­berg d’une poignante beauté), Lau­rent Cen­namo, Fabio Scot­to, Olivi­er Massé, Jacques Kober (pour la poésie duquel j’ai une ten­dresse par­ti­c­ulière depuis une quin­zaine d’années), Marie de Qua­tre­barbes, ain­si qu’une pas­sion­nante étude de Monique Labidoire con­sacrée à la poésie de notre ami et col­lab­o­ra­teur Max Alhau, étude ponc­tuée de poèmes inédits. Et comme Diérèse est une revue généreuse, elle se ter­mine par une cen­taine de pages mêlant, en deux par­ties, chroniques, textes divers et notes de lec­ture. Cette revue est une grande revue de poésie.

Diérèse, revue trimestrielle, numéro 58.

Direc­tion : Daniel Martinez

8 avenue Hoche. 77330 Ozoir-la-Ferrière. 

 Le numéro 15 euros.

contact@diereseetlesdeuxsiciles.com

 http://www.diereseetlesdeuxsiciles.com     

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Ecrit (s) du Nord est une revue se présen­tant comme un « col­lec­tif annuel » pub­lié par les édi­tions Hen­ry. Elle est dirigée par le poète / édi­teur Jean Le Boël, cette fois aidé par Max Alhau et Patrice Houzeau. On la recon­naît à son beau papi­er et sa superbe présen­ta­tion. Out­re cela, Ecrit (s) du Nord s’ouvre sur deux hom­mages. Le pre­mier, signé Max Alhau, est con­sacré à Bernard Mazo, poète com­pagnon de la revue depuis ses pre­miers numéros, comme il fut un des pre­miers com­pagnons de Recours au Poème, aven­ture dont Mazo n’a mal­heureuse­ment pas vu le développe­ment. Le texte de Alhau com­mence par des extraits du dernier recueil de Bernard Mazo, Dans l’insomnie de la mémoire (Voix d’encre, 2011), recueil majeur du poète, dont nous par­lions ici :

https://www.recoursaupoeme.fr/chroniques/bernard-mazo‑o%C3%B9‑l%C3%A9criture-pour-mieux-vivre/antoine-beck

Cet hom­mage est un texte très émou­vant, un texte de poète et d’ami. Cela se ter­mine ainsi :

« Entre ombre et lumière demeure une poésie à laque­lle on ne peut que se référ­er car elle ne se paie pas de mots : elle incar­ne une parole juste et forte, humaine avant tout ».

Human­isme, oui, un maître mot au sujet de Mazo. Il devait faire paraître une biogra­phie de Jean Sénac, elle était sur le feu, et l’on se demande bien ce que ce livre, qui était ter­miné, prêt à paraître, est devenu. Que son édi­teur le donne à lire serait sans aucun doute le plus bel hom­mage ren­du à Bernard Mazo. Comme à Jean Sénac d’ailleurs. Vient ensuite un hom­mage à Robert Sabati­er par Lionel Ray, ce dernier voy­ant en l’amoureux de la poésie récem­ment dis­paru un « prince » de la poésie. Ecrit (s) du Nord, en cette livrai­son, se divise ensuite en deux par­ties, « poèmes » puis « réc­its ». Mon goût per­son­nel m’entraîne vers la pre­mière par­tie, des pages où je décou­vre avec plaisir et intérêt de nom­breux poètes, dont François- H. Charvet, Car­ole Dail­ly (long et fort ensem­ble), Tris­tan Félix, par ailleurs ani­ma­teur de la revue La Passe, Valérie Har­ck­ness, Chris­t­ian Poiri­er, Jean Pon­cet, Line Szöl­lösi, entre autres. Une ving­taine de poètes en tout. De belles décou­vertes. La revue offre à lire des voix que l’on ne con­naît pas for­cé­ment ou que l’on con­naît peu, que l’on ne ren­con­tre pas for­cé­ment par ailleurs. Cela est aujourd’hui d’importance.

Ecrit (s) du Nord, revue en forme de col­lec­tif annuel, numéros 21–22, édi­tions Henry.

Direc­tion : Jean Le Boël

www.editionshenry.com

Le numéro : 12 euros

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La revue trimestrielle Phoenix pub­lie ce mois de mars son numéro 9, ce qui ne manque pas de sym­bol­isme, étant don­né les préoc­cu­pa­tions intérieures de l’aventure. Il y a un « ton » Phoenix, c’est indé­ni­able. Une cohérence dans le choix des poètes et des préoc­cu­pa­tions, ce qui en fait l’une des plus belles revues français­es de poésie de ce début de 21e siè­cle. Une revue qui s’inscrit dans la droite ligne de ses ancêtres, Sud puis Autre Sud, tout en pro­posant un objet « mod­ernisé », par son papi­er et le touch­er de sa cou­ver­ture. Ici, nous appré­cions Phoenix. Pour ces raisons, bien sûr, mais surtout pour ce qu’on lit dans ses pages depuis main­tenant plus de deux ans. Ani­mée par André Ughet­to, Marie-Chris­tine Mas­set (poètes que l’on peut lire ou que l’on lira bien­tôt dans nos pages) ou encore François Bor­des (dont on peut lire de très beaux textes dans un récent numéro de Nunc), Joëlle Gardes, Jean Blot, Téric Bouce­b­ci et Jean Orizet, la revue s’architecture tou­jours autour de qua­tre grandes par­ties : un dossier con­sacré à un poète con­tem­po­rain majeur, un « Partage des voix » don­nant à lire des écri­t­ures de main­tenant, une « Voix d’ailleurs », dont le choix est générale­ment de haute tenue, et des chroniques /lectures sur dif­férents sujets. En ce numéro, le lecteur ren­con­tr­era un Philippe Jac­cot­tet moins con­nu, poète voyageur, avec des extraits de ses car­nets inédits, ses pas le con­duisant en Espagne et en Grèce. Les textes de Jac­cot­tet sont accom­pa­g­nés d’études éclairantes signées Jean-Luc Stein­metz (sur Cristal et Fumée), Sébastien Labrusse, ques­tion­nant le lien entre poésie/voyage/religion, dans cet espace géo­graphique que l’on appelle « proche ori­ent », ce qui induit une réflex­ion sur le sacré et la poésie, Judith Cha­vanne (sur Jac­cot­tet et l’Italie), Alain Freixe (Voir l’Autriche), Jean Blot (A par­tir du mot Russie) et Mar­cel Migozzi au sujet de Beau­re­gard. Un dossier qui fera référence.

Le « Partage des voix » donne à lire neuf poètes dans l’atelier desquels André Ughet­to voit un socle com­mun : « les vifs accents de spir­i­tu­al­ité per­cep­ti­bles dans ces poèmes ». Et, en effet, les poèmes pub­liés ici sont poèmes en pro­fondeur et intéri­or­ité, comme reliés. On lira : Pierre Dhain­aut, Clau­dine Helft, Matthieu Bau­mi­er, Marie-Claude Bour­jon, Gwen Gar­nier-Duguy, Jacque­line Persi­ni Pano­rias, Karim de Brouck­er, Joëlle Gardes et Fran­cis Chenot. Les grands chemins sous la haine, de Chenot, en regard du livre de Georges Bernanos, est un texte que l’on garde longtemps en tête. « Voix d’ailleurs » donne à lire des poèmes de la même eau, signés Eli­cu­ra Chi­huailaf, poète chilien écrivant en mapuzu­gun et en espag­nol. Ici, chaque poème est précédé de sa ver­sion en mapuzu­gun et traduit par Math­ieu Murua. Une poésie reliée au chant des ancêtres, et par là au Chant tout court, celui pronon­cé et éten­du jusqu’à nous par la brisure orig­inelle de l’œuf de cet univers (pro­vi­soire) sur lequel nous flot­tons. Le poète con­duit son lecteur au cœur du « silence sacré » en un ensem­ble de poèmes légiti­mant à eux seuls l’acquisition de ce numéro de Phoenix. La revue se ter­mine par ses tra­di­tion­nelles chroniques et notes de lec­tures. Encore un excel­lent numéro de Phoenix.

Phoenix, numéro 9.

Direc­tion : Yves Brous­sard et André Ughetto

www.revuephoenix.com

revuephoenix1@yahoo.fr

4, rue Fénelon. 13006 Marseille.

Le numéro : 16 euros

 

 

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Passage en revues

Par | 11 octobre 2012|Catégories : Revue des revues|

 Autour de Arpa, Europe, La Passe, La main mil­lé­naire et Phoenix

 

Les revues demeurent un lieu de pas­sage obligé pour les poètes comme pour les lecteurs amoureux de poésie, elles per­me­t­tent sou­vent de pren­dre langue avec une poésie dont on igno­rait tout ou bien de décou­vrir le tra­vail d’un poète dont on vous avait par­lé mais que vous n’aviez pas eu l’occasion de lire. Écrire ces phras­es au démar­rage d’une chronique, il y a 15 ans, eut été écrire une lapalis­sade. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, en une époque où nom­bre de mau­vais­es langues ergo­tent régulière­ment sur la pré­ten­due mort de la poésie, et a for­tiori sur l’acte de décès des revues. Elles meurent, les revues, c’est vrai. C’est d’ailleurs ce qu’elles ont tou­jours fait, vivre, dévelop­per ce qu’elles avaient à dire, et s’effacer le moment venu. Nous n’irons pas ici dans le sens des mau­vais­es langues, bien au con­traire : nous lisons, aimons, cri­tiquons quand ce n’est pas le cas, nom­bre de revues parais­sant en France. Et en effet elles sont nom­breuses. Et men­acées. Tou­jours. Par le manque de chevilles ouvrières et d’argent. Et alors ? On lit par­fois ici et là qui si les poètes et auteurs de poèmes (ou pré­ten­dus tels) achetaient des revues, elles vivraient tran­quille­ment. Sans doute. Et encore… Reste que ce n’est pas le prob­lème. Le poète n’est pas le grand argen­tier des revues de poésie sous pré­texte qu’il est poète, et puis quoi encore ! Et encore moins le financier des revues qui pub­lient ses poèmes. Ce n’est pas dans cette cour que se font les choses. Cha­cun son ate­lier. Le poète écrit. Le directeur de revue aide à lire la poésie en ten­tant de faire vivre sa revue. Cha­cun son rôle. Et tous les chemins sont bons qui mènent à la poésie (je ne par­le évidem­ment pas ici des « revues » qui s’apparentent à des poubelles de l’écriture paroissiale).

 

Ouvrant les pages du n° 104 de la revue Arpa, dirigée par notre ami et chroniqueur Gérard Bocholi­er, revue qui est aujourd’hui une incon­testable insti­tu­tion du paysage poé­tique, on crois­era les mots de nom­bre de poètes que nous aimons ici, dans Recours au Poème : Philippe Mac Leod, Jean-François Mathé (dont on lira par ailleurs les recueils chez Rougerie, ou bien son éton­nant frag­ment de poème paru au Cad­ran ligné sous le titre La rose au cœur), Bernadette Engel-Roux ou encore Régis Lefort… Ain­si que les deux viv­i­fi­ants essais de Jean-Yves Mas­son (« Au com­mence­ment était la forme, qui est le récep­ta­cle du silence », superbe con­clu­sion de l’envoi !) et Eric Daz­zan, par ailleurs édi­teur d’un superbe cat­a­logue de recueils aux édi­tions L’Arrière Pays, au sujet de Pirotte.

Arpa. Gérard Bocholi­er. 44 rue Morel-Ladeuil. 63 000 Clermont-Ferrand. 

www.arpa-poesie.fr

 

 Le n° de juin-juil­let 2012 de la revue Europe est un des grands numéros de cette excep­tion­nelle aven­ture lit­téraire. Un numéro con­sacré à l’œuvre de Jacques Dupin, dont le vis­age ornant la cou­ver­ture paraît sur­plomber avec colère un monde dépoétisé (en apparence). Ce vol­ume est incon­tourn­able, d’une richesse extra­or­di­naire. Dans ce dossier, on lira un entre­tien pas­sion­nant avec Paul Auster, proche ami et com­plice de Dupin, des textes de Dominique Viart, Jean-Claude Math­ieu, Nico­las Pesquès, Patrick Quil­li­er, Piero Bigongia­ri, Jean Bol­lack, Jean-Patrice Cour­tois, Alain Vein­stein, Rémi Labrusse… ain­si que les textes de deux col­lab­o­ra­teurs de Recours au Poème, Michèle Finck et Jean Maison

Et des poèmes de Jacques Dupin.

La par­tie poésie de ce numéro d’Europe est de très belle fac­ture, avec des poèmes d’Esther Teller­mann, John Ash­bery, François Zénone, Emmanuel Laugi­er et Franck André Jamme. Ce vol­ume est de ceux que tout lecteur de poésie doit pos­séder en 2012.

Europe. 4 rue Marie-Rose. 75014 Paris.

www.europe-revue.net/

 

En son quinz­ième numéro, la non con­formiste revue « des langues poé­tiques » La Passe se penche sur les « révérences à corps per­dus ». Des textes et poèmes de Paul Badin, Tris­tan Félix (superbe Gnossi­enne), Philippe Blondeau, Pierre Dela­porte, Mau­rice Mouri­er, Anne Pes­li­er… Un superbe ensem­ble textes / images de Jean-Daniel Doutre­ligne, Frédéric Moulin et Emma Moulin-Desvergnes. Qua­tre poèmes de notre col­lab­o­ra­teur Matthieu Bau­mi­er, extraits de ses Mystes en cours d’écriture. La Passe est une revue orig­i­nale, dif­férente en son ton de bien des aven­tures revuis­tiques récentes. A découvrir.

La Passe. Philippe Blondeau. 3 rue des moulins. 80 250 Remiencourt.

http://lusineamuses.free.fr/?-revue-LA-PASSE-

 

 

La main mil­lé­naire a déjà plus d’un an. Belle revue menée par Jean-Pierre Védrines, que les lecteurs de Recours au Poème con­nais­sent bien, et qui en son troisième opus met Chris­t­ian Vigu­ié à l’honneur. La revue s’ouvre d’ailleurs sur un ensem­ble for­mi­da­ble de textes du poète avant de laiss­er la place à des voix qui, pour être var­iées, n’en sont pas moins sou­vent fortes. Ain­si : Gérard Farasse, Max Alhau, Jo Paci­ni, Quine Cheva­lier, André Morel, Julien Forti­er ou encore Ida Jaroschek. On lira aus­si les poèmes de Pas­cal Boulanger, Gwen Gar­nier-Duguy et Math­ieu Hil­figer ou l’échange de let­tres entre Matthieu Gosz­to­la et André du Bouchet, qua­tre col­lab­o­ra­teurs réguliers de notre mag­a­zine. Jean-Pierre Védrines en cette main mil­lé­naire a réus­si son pari : relancer une revue tal­entueuse du côté de Montpellier.

La main mil­lé­naire. Jean-Pierre Védrines. 126 rue du Can­neau. 34 400 Lunel.

jean.pierre.vedrines@cegetel.net

www.lamainmillenaire.net

 

 De toutes les revues dont je par­le ici, Phoenix est mal­gré les apparences la plus anci­enne. Un numéro 6 appa­raît sur la cou­ver­ture, lui don­nant moins de deux ans d’âge mais cela est trompeur : Phoenix suc­cède à Autre Sud laque­lle suc­cé­dait à Sud. Ouvrir ses pages, c’est entr­er de plain-pied dans l’histoire des revues français­es de poésie, his­toire mar­quée au 20e siè­cle par la résis­tance dans le sud de la France. Une aven­ture mon­u­men­tale, aujourd’hui menée par André Ughet­to. Ce numéro est con­sacré à Jean Métel­lus, une poésie engagée du côté de la négri­tude et mar­quée par le lan­gage des Antilles. On lira ce vol­ume en accom­pa­g­ne­ment du récent recueil du même poète paru aux édi­tions Le Temps des Ceris­es. Le dossier est orchestré par Jea­nine Baude. Beau dossier qui per­met d’appréhender en pro­fondeur la poésie de Métel­lus. Puis vient un hom­mage à Bernard Var­gaftig dont la voix nous a quit­tés depuis peu. Un ensem­ble fort de poèmes aus­si, signés Georges Dra­no, Alber­tine Benedet­to, Yves Brous­sard entre autres. Et en ver­sion bilingue la force de la voix du poète péru­vien Por­firio-Mamani-Mace­do, dont plusieurs recueils sont disponibles en France. Une revue incontournable.

Phoenix. 4 rue Fénélon. 13006 Marseille.

www.revuephoenix.com

 

 

 

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