Dès son édi­to­r­i­al, Daniel Brochard prévient le lecteur, « on ne croit plus au change­ment, qui d’ailleurs nous fait peur » (…) 

« Il ne nous reste plus que la vie à porter les bras ten­dus vers le ciel » (…) « Nous sommes con­damnés à mourir, ignorés, méprisés … Créer une revue est l’acte le plus dés­espéré qui soit ». Le poète ne chang­era rien, il ne sauvera per­son­ne, il ne croit pas à sa pro­pre « éter­nité », il reste mar­gin­al et ignoré, pour­tant, « cha­cun dans son coin » « organ­ise sa riposte ». Riposte à quoi ? Au monde tel qu’il croit aller ? La poésie ques­tionne tout d’abord celui qui l’écrit. D’ailleurs, ce même Daniel Brochard, dans son beau plaidoy­er pour l’autoédition, plus loin dans la revue, dénonce les « faux édi­teurs sur Inter­net » et ter­mine son argu­men­taire en affir­mant : « Halte au compte d’auteur abusif ! Autoéditez-vous ! » Être poète serait avouer son peu d’importance tout en dénonçant les impos­tures de celles et ceux qui « s’approprient la mis­ère des plus pau­vres » ain­si que leurs rêves.

La revue est riche de voix très dif­férentes, de sujets très divers, jus­ti­fi­ant l’éditorial : har­cèle­ment physique ou moral dans le monde du tra­vail, réchauf­fe­ment cli­ma­tique, etc.

Revue Mot à Maux Numéro 19, décem­bre 2021, 4 euros, directeur de la pub­li­ca­tion Daniel Brochard, 9, avenue des Tacon­nettes 85440 Tal­mont-Saint-Hilaire ISSN : 1773–9098

Par­mi ces voix sin­gulières, toutes intéres­santes, je retiendrais en par­ti­c­uli­er celle de Cather­ine Andrieu qui par­le de son « vieux Paname », un « chat de gout­tière », dont elle a déposé les cen­dres dans le ven­tre de son piano, et qui fait un détour par son père : « Non, papa, tu n’as pas cogné un ange ». En quelques pages, fleu­rit tout un jardin d’imaginaire autour du chat, du père et du piano … Ou encore, Litho­pe­dion, à la poésie-malaise, qui évoque l’énigme d’une con­science : « MA LANGUE ME GÈNE ». On y entend des choses qu’on n’ose pas tou­jours s’avouer. 

Ma langue me gêne
Elle m’étouffe
Elle est de trop.
Si je pou­vais la laiss­er dégorger
Tiède
Sur un sup­port propre (…) 

 

Ou encore le « Dies irae » de Michel Lamart, type même d’une poésie anti poé­tique, à pro­pos de l’urgence climatique.

J’ai beau­coup aimé, dans cette revue, la var­iété des tons ain­si que leur sim­plic­ité, laque­lle s’allie fort bien à la sobriété de sa maque­tte. Chaque poète porte avec lui un monde mod­este mais irrem­plaçable. Mer­ci de l’avoir si bien souligné.

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Alain Nouvel

1998, pre­mier recueil de poèmes : Trois noms her­maph­ro­dites, puis deux nou­velles : Octave Lamiel, dépuceleur suivi de Edouard et Alfred au val de l’eau. En 1999, suiv­ent His­toires d’ISLES, Con­tre-Voix, Mots ani­més recueil d’aphorismes, et, en 2000, Maux ani­maux, recueil de six nou­velles, aux édi­tions « L’Instant per­pétuel ». En 2001, pub­li­ca­tion aux édi­tions « La Chimère » créées pour l’occasion de D’Etrangère, puis Dames des trois douleurs en 2004, Vari­a­tions sur une femme don­née, et reprise en 2005, Con­tre-voies en 2008 et Nou­velles d’Eurasie en 2009. En 2014, il com­pose avec sa com­pagne des chan­sons qu’ils inter­prè­tent tous deux. Maud Leroy des « Édi­tions des Lisières », pub­lie Au nom du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest, un recueil de sept nou­velles sur les Baron­nies provençales où il vit désor­mais. Une suite à ces sept nou­velles voit ensuite le jour avec pour titre Anton. Sur les bor­ds de l’Empire du milieu (texte sur la Chine où A. Nou­v­el a vécu qua­tre ans, de 1981 à 1985, longtemps resté inédit mais dont cer­tains extraits étaient parus dans la revue « Corps écrit », numéro 25, de mars 1988 : Vues de Chine), paraît pour la fête du Print­emps 2021. Les deux ouvrages aux édi­tions « La Chimère ». Il col­la­bore régulière­ment, désor­mais, à la revue « Recours au poème ». En 2020, les édi­tions « La Cen­tau­rée » à Rennes, ont pub­lié un pre­mier recueil : Pas de rampe à la nuit ? suivi, en 2021 de Comme un chant d’oubliée.