Sabine Dewulf et Florence Saint-Roch, Tu dis délivrer la lumière

Par |2021-10-06T13:07:47+02:00 6 octobre 2021|Catégories : Florence Saint-Roch, Sabine Dewulf|

Voici un char­mant petit ouvrage où se mêlent de façon rigoureuse et har­monieuse la pho­to et le texte. Cela est rare et mérite d’être souligné.

Dès le début, se pré­cise com­ment un pro­to­cole s’est mis en place, fondé sur le don et le con­tre-don. Entre deux femmes, deux amies. « Lorsque Flo­rence m’a offert la pre­mière pho­togra­phie, je me suis sen­tie déli­cieuse­ment entraînée dans une démarche inédite » dit Sabine. Et Flo­rence de lui répon­dre : « Alter­na­tive­ment, cha­cune de nous deux pro­po­sait à l’autre une pho­to qu’elle avait prise, à charge d’écrire l’une et l’autre un poème en regard. Puis, après avoir partagé nos poèmes, nous en écriv­ions un sec­ond en répons. (…) » Treize fois, donc, revient un ensem­ble for­mé d’une pho­to, alter­na­tive­ment pro­posée par Flo­rence puis Sabine (sauf une excep­tion), suiv­ie par qua­tre poèmes, deux de Sabine, deux de Flo­rence. Les polices de car­ac­tère, italique ou romaine, per­me­t­tant de recon­naître les deux poètes et les deux voix.

Sabine Dewulf et Flo­rence Saint-Roch,Tu dis délivr­er la lumièreEdi­tions Pourquoi viens-tu si tard, ISBN 978–2‑919113–99‑6.

Il s’agit, en « sautant dans l’inconnu de l’Autre » de trou­ver « de l’inédit en soi », en même temps « préserv­er l’énigme » et « trouer l’obscur ». Quel beau pro­jet ! Cha­cune à sa manière et selon sa com­plex­ion ou son énergie répond à l’autre, répond de l’autre, se répond à soi l’autre et les textes se tis­sent ain­si à l’écoute de ce que « Tu dis ». Ce « Tu » qui dit, ou qui tait autrement, il con­vient d’en enten­dre sans pour autant la saisir, la sin­gu­lar­ité. Et les pho­tos qui ouvrent ain­si les échanges sont le plus sou­vent évo­ca­tri­ces, énigmatiques.

Un livre sans ver­so, tout s’y écrit et s’y voit au rec­to, comme s’il fal­lait laiss­er de la place au blanc, au silence, à l’envers, à la lenteur de ce qui est dit, de ce qui est écouté, de ce qui est « tu » dans le « Tu ». Ain­si glisse-t-on d’un dia­logue à l’autre de façon flu­ide. Et se tis­sent ensem­ble le « on », le « nous », le « je » le « tu » comme autant de décli­naisons au mys­tère d’être, de dire, de voir, d’entendre, de s’entendre.

Un livre ques­tion­nant, où cha­cune pro­pose et répond et chaque réponse, à son tour, ques­tionne « On appareille pour cess­er d’être les mêmes » et cha­cune se deman­dant tour à tour jusqu’où cela va la men­er : « Cela ne nous mèn­era pas loin / On le sait » Pour­tant, « Bondir de l’avant » (…) « On com­prend l’essor et l’envol / Jusqu’au chant des oiseaux qui s’élucident » … « l’eau elle ira jusqu’au bout » et le petit livre, lui, nous con­duit des feuilles mortes jusqu’aux étoiles.

Présentation de l’auteur

Florence Saint-Roch

Née en 1965 à Saint-Omer (62) — pas de mer, mais beau­coup d’eau — où elle vit et tra­vaille. A pub­lié Le Sens du vent (Tara­buste, 2015), Embar­que (Les Ven­terniers, 2017), Par­celle 101 (P.i.sage intérieur, 2018), Éclipses (Vin­cent Rougi­er, 2018). Con­tribue à la revue “Décharge” et à “Terre à ciel”.  

Présentation de l’auteur

Sabine Dewulf

Née en 1966 à Cam­brai, agrégée de let­tres mod­ernes, doc­teur ès let­tres et for­mée en psy­ch­analyse rêve-éveil­lé, Sabine Dewulf se pas­sionne pour la poésie, la con­nais­sance de soi et toutes les formes de spir­i­tu­al­ité. En 2003, elle a fondé avec Hen­ri Mer­lin l’association des « Amis de Jules Super­vielle », actuelle­ment dirigée par Hélène Claire­fond. Tous les ouvrages qu’elle a pub­liés sont en lien étroit avec la poésie.

 

Bibliographie

Jules Super­vielle ou la con­nais­sance poé­tique (2 tomes), L’Harmattan, 2001.
Les Jardins de Colette – Par­cours sym­bol­ique et ludique vers notre Eden intérieur, illus­tra­tions de Josette Dele­croix, édi­tions du Souf­fle d’Or, 2004.
La Fable du monde – Jules Super­vielle, coll. « Par­cours de lec­ture », Bertrand-Lacoste, 2008.
Pierre Dhain­aut, coll. « Présence de la poésie », Les Van­neaux, 2008.
Jules Super­vielle aujourd’hui, actes du col­loque d’Oloron-sainte-Marie, textes réu­nis et présen­tés par Sabine Dewulf et Jacques Le Gall, Press­es Uni­ver­si­taires de Pau, 2009.
Le Jeu des miroirs – Décou­vrez votre vrai vis­age avec Dou­glas Hard­ing et Jules Super­vielle, illus­tra­tions de Josette Dele­croix, Le Souf­fle d’Or, 2011
Les Trois cheveux d’or – Par­cours de guéri­son avec les frères Grimm et Pierre Dhain­aut, avec la col­lab­o­ra­tion de Stéphanie Del­court et Eric Dewulf, Le Souf­fle d’Or, 2016.
Ray­mond Fari­na, coll. « Présence de la poésie », Les Van­neaux, 2019.
Et je suis sur la terre (poèmes), avec les aquarelles de Car­o­line François-Rubi­no, L’Herbe qui trem­ble, 2020.
Tu dis délivr­er la lumière, coécrit avec Flo­rence Saint-Roch, poèmes et pho­togra­phies, Pourquoi viens-tu si tard, 2021.
En regard, à l’écoute — La poésie de Pierre Dhain­aut à tra­vers les livres d’artiste, Ville de Lille et Inven­it, 2021.

Poèmes choi­sis

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Alain Nouvel

1998, pre­mier recueil de poèmes : Trois noms her­maph­ro­dites, puis deux nou­velles : Octave Lamiel, dépuceleur suivi de Edouard et Alfred au val de l’eau. En 1999, suiv­ent His­toires d’ISLES, Con­tre-Voix, Mots ani­més recueil d’aphorismes, et, en 2000, Maux ani­maux, recueil de six nou­velles, aux édi­tions « L’Instant per­pétuel ». En 2001, pub­li­ca­tion aux édi­tions « La Chimère » créées pour l’occasion de D’Etrangère, puis Dames des trois douleurs en 2004, Vari­a­tions sur une femme don­née, et reprise en 2005, Con­tre-voies en 2008 et Nou­velles d’Eurasie en 2009. En 2014, il com­pose avec sa com­pagne des chan­sons qu’ils inter­prè­tent tous deux. Maud Leroy des « Édi­tions des Lisières », pub­lie Au nom du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest, un recueil de sept nou­velles sur les Baron­nies provençales où il vit désor­mais. Une suite à ces sept nou­velles voit ensuite le jour avec pour titre Anton. Sur les bor­ds de l’Empire du milieu (texte sur la Chine où A. Nou­v­el a vécu qua­tre ans, de 1981 à 1985, longtemps resté inédit mais dont cer­tains extraits étaient parus dans la revue « Corps écrit », numéro 25, de mars 1988 : Vues de Chine), paraît pour la fête du Print­emps 2021. Les deux ouvrages aux édi­tions « La Chimère ». Il col­la­bore régulière­ment, désor­mais, à la revue « Recours au poème ». En 2020, les édi­tions « La Cen­tau­rée » à Rennes, ont pub­lié un pre­mier recueil : Pas de rampe à la nuit ? suivi, en 2021 de Comme un chant d’oubliée.
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