Ce numéro de la revue con­tem­po­raine de poésie Con­tre-Allées a ceci de béné­fique qu’il sec­oue le paysage édi­to­r­i­al. Romain Fusti­er le revendique dans son avant-pro­pos : Con­tre-Allées se doit d’accueillir le poème d’où qu’il provi­enne –du haut des crêtes, de la mi-pente ou du fond de la vallée‑, pourvu qu’il soit cette expéri­ence ryth­mée. Quitte à aller à l’encontre des atten­dus de la vérité poé­tique offi­cielle. Ce numéro accueille de nom­breuses voix (17), formes et thèmes var­iés mais aucune dis­so­nance dans cette plu­ral­ité, l’exigence opère comme un fil directeur. Joël Bas­tard ouvre le recueil, poèmes en prose où le pro­pos, con­den­sé, donne à voir une pho­togra­phie  révélant mys­térieuse­ment l’enfance, retrou­vée, elle propulse vers la con­nais­sance de soi ce temps entre aujourd’hui et demain. Plus loin, ce vers de Sylvie Durbec deuil deuil arbre mort pour arbre vif illus­tre bien cette expéri­ence ryth­mée d’un sujet face au monde ligne de faîte des revuistes. Exem­ple de cette riche plu­ral­ité dans ce numéro, la poésie de Jacques Moulin est incan­ta­tion et hymne du vivant. Le souf­fle des allitéra­tions fait explos­er les images et pousse au parox­ysme la force créa­trice du poème Poésie sonore. Les grues haussent le ton//Il est chas­seur jaseur oise­leur agricul­teur arboricul­teur accom­pa­g­na­teur et dis­trib­u­teur de tri­pailles pour vautours//. Quant à elle, la douceur des vers d’Erwann Rougé n’enlève rien à leur grav­ité : Ce matin les oiseaux sont calmes. Le silence tout autour n’est à per­son­ne. L’intérêt porté par la revue à l’acte créa­teur se retrou­ve dans les deux ques­tions posées cha­cune d’elles à qua­tre poètes, l’une : Une cham­bre à soi : depuis quel lieu ‑réel ou imag­i­naire- écrivez-vous ? L’autre : Lorsque vous écrivez un poème, com­ment se fait l’enjambement ? La scan­sion douce du vers est-elle de prime abord sonore ou visuelle ? Les pro­pos sont recueil­lis par Cécile Glas­man et Matthieu Gosz­to­la. La moitié des notes de lec­ture est con­sacrée aux revues. Oui, l’espace ouvert par Con­tre-Allées est, de façon man­i­feste, défense de la poésie contemporaine.

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Marie-Christine Masset

Marie-Chris­tine Mas­set est née à Ruf­fec en Char­ente en 1961. Après avoir vécu au Maroc et en Suède, elle a longtemps habité près des Cévennes à Saint-Jean-de Buèges. Elle vit à présent à Mar­seille où elle enseigne les Let­tres. Bib­li­ogra­phie Bib­li­ogra­phie — Dia­clase de nuit, Hors-Jeu Édi­tions, 1994 — Parole Brûlée, L’Ar­bre à Paroles, Bel­gique, 1995 — L’Em­brasée, Édi­tions Jacques Bré­mond, 1998, prix Ilar­ie Voron­ca — Ile de ma nuit, Édi­tions Encres Vives, 2006 — Et pour­tant elle tourne, Poètes des Cinq Con­ti­nents, 2007 — Yaraan, Édi­tions La Porte, 2011 — L’Oiseau rouge, ver­sion bilingue, tra­duc­tion de l’anglais (USA) Andrea Moor­head, Edi­tions Oxy­bia, octo­bre 2020. Tra­duc­tion de l’anglais (Aus­tralie) — Kevin Gilbert, Le Ver­sant noir, Le Cas­tor astral, juin 2017. Tra­duc­tion de l’anglais (USA) • Gary Sny­der, Poème pour les oiseaux, Le Cas­tor Astral, 2023, Essai • D’une rive à l’autre, quand les poètes traduisent les poètes, édi­tion Tit­ul­li 2023, Antholo­gie. — Vis­ages de Poésie, antholo­gie, Jacques Basse, Raphaël de Sur­tis, 2009 — Vis­ages de Poésie Vague de poésie en Méditer­ranée, antholo­gie, Jacques Basse, Raphaël de Sur­tis, 2014 — Là où dansent les éphémères, 108 poètes d’aujourd’hui, réu­nie et présen­tée par Jean-Yves Reuzeau, Le Cas­tor astral, 2022. Livres d’artiste Avec Joëlle Jour­dan pho­tographe et plas­ti­ci­enne : — Entre feu et cri — Trêve lumineuse — Partage des eaux, Édi­tions Trou­vailles — Eau Con­stel­lée, 2009 Avec Marc Giai-Mini­et pein­tre, graveur, et dessi­na­teur : • Lac Eyre, Les édi­tions du nain qui tou­sse, 2014