Il faut revenir à l’extrême qual­ité de la com­po­si­tion de cette revue de poésie inter­na­tionale. Dès la cou­ver­ture, le col­lage puis­sant de Robert Moor­head (effec­tué à par­tir de l’interprétation his­torique d’une majus­cule grecque) donne le ton de l’ouvrage : l’écriture importe et ce sous ses formes les plus par­lantes (d’ici : les USA et d’ailleurs : Algérie, Alle­magne, Angleterre, Aus­tralie, Espagne, France, Ital­ie, Québec, Ontario). Les poèmes en alle­mand de Christophe Frick­er et Gün­ter Kunert et en espag­nol d’Antonio Rodriguez Jimenez sont présen­tés avec leur tra­duc­tion.  Pour les poèmes en français (Djelfaoui, Farre et Antoine Bois­clair) et en ital­ien de Flavio Ermi­ni seule la ver­sion orig­i­nale est présente. Osiris accom­plit son œuvre, la force créa­trice est régénérée : les langues sauvées du chaos babélien se déploient les unes près des autres. Cha­cune a sa place bien orchestrée, elles se font écho. S’élève en final un chant poly­phonique où chaque langue retrou­ve et ajoute son unic­ité. Ain­si en est-il des dix-neuf poètes présents, la plu­ral­ité des tes­si­tures, des rythmes, formes ou thèmes abor­dés, garan­tit à chaque poème et à l’ensemble des textes pub­liés une belle sin­gu­lar­ité. Deux œuvres artis­tiques de Robert Moor­head Strat­i­fi­ca­tion 2 et  Dome on the Rock et une pho­togra­phie d’Andrea Moor­head Weath­er­head  Hol­low Guil­ford, Ver­mont, en noir et blanc, per­me­t­tent au souf­fle du lecteur de se pos­er et de repren­dre de plus bel. Grâce et grav­ité sem­blent être les mots clés de l’image offerte comme un inter­lude, le paysage invi­tant à une pour­suite poé­tique où l’émotion se mêle à la réflex­ion (et aux réflex­ions de la lumière). Par­mi les poètes pub­liés, joie de décou­vrir (entre autres) Irish Crapo But what does the fox, lop­ing /across my neighbor’s wind-blown mead­ow, /mean ? Ce vers de John Sib­ley Williams extrait de son poème Truce into a grand­moth­er­ly sto­ry of angels est par l’image évo­quée et la musique mag­nifique. Quant aux poèmes de Pat­ty Dick­son Piecz­ka, ils lient ardeur et pro­fondeur, orig­i­nal­ité et maîtrise, extrait de War Hymn: No onyx beads, no jas­mine candle/ nor charm from the old woman/ who reads puls­es and tides/ can know the soul of long­ing. Les qua­tre poèmes d’Andrea Moor­head sont comme des fleurs simul­tané­ment pris­es dans la glace et la brisant: where the heart still beats /redder and red­der. En quelque sorte une beauté qui se serait faite Osiris.

 

 

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Marie-Christine Masset

Marie-Chris­tine Mas­set est née à Ruf­fec en Char­ente en 1961. Après avoir vécu au Maroc et en Suède, elle a longtemps habité près des Cévennes à Saint-Jean-de Buèges. Elle vit à présent à Mar­seille où elle enseigne les Let­tres. Bib­li­ogra­phie Bib­li­ogra­phie — Dia­clase de nuit, Hors-Jeu Édi­tions, 1994 — Parole Brûlée, L’Ar­bre à Paroles, Bel­gique, 1995 — L’Em­brasée, Édi­tions Jacques Bré­mond, 1998, prix Ilar­ie Voron­ca — Ile de ma nuit, Édi­tions Encres Vives, 2006 — Et pour­tant elle tourne, Poètes des Cinq Con­ti­nents, 2007 — Yaraan, Édi­tions La Porte, 2011 — L’Oiseau rouge, ver­sion bilingue, tra­duc­tion de l’anglais (USA) Andrea Moor­head, Edi­tions Oxy­bia, octo­bre 2020. Tra­duc­tion de l’anglais (Aus­tralie) — Kevin Gilbert, Le Ver­sant noir, Le Cas­tor astral, juin 2017. Tra­duc­tion de l’anglais (USA) • Gary Sny­der, Poème pour les oiseaux, Le Cas­tor Astral, 2023, Essai • D’une rive à l’autre, quand les poètes traduisent les poètes, édi­tion Tit­ul­li 2023, Antholo­gie. — Vis­ages de Poésie, antholo­gie, Jacques Basse, Raphaël de Sur­tis, 2009 — Vis­ages de Poésie Vague de poésie en Méditer­ranée, antholo­gie, Jacques Basse, Raphaël de Sur­tis, 2014 — Là où dansent les éphémères, 108 poètes d’aujourd’hui, réu­nie et présen­tée par Jean-Yves Reuzeau, Le Cas­tor astral, 2022. Livres d’artiste Avec Joëlle Jour­dan pho­tographe et plas­ti­ci­enne : — Entre feu et cri — Trêve lumineuse — Partage des eaux, Édi­tions Trou­vailles — Eau Con­stel­lée, 2009 Avec Marc Giai-Mini­et pein­tre, graveur, et dessi­na­teur : • Lac Eyre, Les édi­tions du nain qui tou­sse, 2014