Béatrice Marchal, Élargir le présent suivi de Rue de La Source

Par |2021-04-06T10:57:29+02:00 5 avril 2021|Catégories : Béatrice Marchal|

De tous les temps, le présent est sans doute le seul qui vaille. C’est celui de l’instant sans détour. Ici, main­tenant. Celui du poème et des poètes, qui se con­juguent à leur pro­pre temps, sur la page en cours. Présent. 

Ce qui est. Car avant n’est plus et demain n’est pas encore ou ne sera jamais. Peu importe, quoi qu’il advi­enne, Béa­trice Mar­chal fait bonne garde, ne serait-ce qu’en rel­e­vant la trace de tout ce qui passe pour en habiter l’instant. Ce n’est pas une pose ou une entre­prise hasardeuse mais bel et bien une dis­ci­pline féconde, une atten­tion portée à la nature, aux signes qu’elle nous envoie. À la vie et à la mort, à la dis­pari­tion des choses et des êtres, sans pour autant s’y oppos­er out­re mesure. Béa­trice Mar­chal regarde. Elle s’arrête sur elle-même, dans le cours de ce présent qui n’est autre que sa pro­pre exis­tence. Elle s’adresse à ce qui a dis­paru, déjà, et à ceux qui ont dis­paru, surtout, dont elle approche mot à mot, en oubliant la tyran­nie de l’absence. Elle écrit dans un élan défini­tif vers la vie, non pas celle des temps vul­gaires qui font le lit d’un monde voué à l’inquiétude, mais celle qui chem­ine à tra­vers les choses. Lesquelles ? Les saisons, la pluie de print­emps, le dernier automne, mais aus­si les flaques du chemin, l’herbe ver­doy­ante des jardins, les chants d’oiseaux dans les arbres, les aubes éblouies et les couch­ers flam­boy­ants.

Béa­trice Mar­chal, Élargir le présent, suivi de Rue de La Source, Le Silence qui roule, 2020, 104 p, 15 €.

Elle écrit non à ce qui brille mais à ce qui éclaire sa page avec patience, comme autant de sen­tiers de lenteur et d’effort. Les êtres chers veil­lent le long de la route avec cette bien­veil­lance que restitue la fidél­ité du cœur et de la mémoire. C’est sans doute la meilleure voie pour élargir le présent aux dimen­sions d’un exil intérieur dont les fron­tières s’effondrent d’elles-mêmes à mesure qu’on fait du poème la chair du monde et qu’on donne une âme à ses pro­pres mots, avant de s’en remet­tre à leur seule présence. Je me suis approchée, écrit Béa­trice Mar­chal. Des morts, des vivants, des lieux et des hori­zons. Mais avant tout d’elle-même. Pour vivre en dehors comme au-dedans de soi, avec le mod­este et grandiose espoir de con­tribuer à ce que s’intensifie la lumière.

Présentation de l’auteur

Béatrice Marchal

Béa­trice Mar­chal, née en 1956, a passé sa jeunesse dans les Vos­ges, qui ont mar­qué son imag­i­naire. Etudes de let­tres, qu’elle a enseignées jusqu’en 2011, du col­lège aux class­es pré­para­toires. Ses recherch­es sur Cécile Sauvage, la mère d’Olivier Mes­si­aen, l’ont resti­tuée dans sa vérité de femme et de poète.

Auteure de nom­breux arti­cles, elle col­la­bore à dif­férentes revues (Diérèse, Frich­es, Arpa, le Jour­nal des poètes) et a rédigé plusieurs pré­faces, dont celle du Poésie/Gallimard con­sacré, en 2015, à Richard Rognet.

Elle est prési­dente du Cer­cle Aliénor depuis jan­vi­er 2013.

 

 

Œuvre poé­tique :

Aux édi­tions Les Lieux-Dits, Cahiers du Loup bleu, Inquié­tude de l’autre et des mots, 2020
Aux édi­tions Al Man­ar, L’ombre pour berceau, 2020
Aux édi­tions Le silence qui roule, Élargir le présent, suivi de Rue de la source, 2020
Aux édi­tions L’herbe qui trem­ble, Au pied de la cas­cade, 2019 ; Un jour  enfin  l’accès suivi de Pro­gres­sion jusqu’au coeur, 2018 (Prix Louise Labé 2019) ; Réso­lu­tion des rêves, 2016, Aux édi­tions Dela­tour France, D’Absence et de lumière, 2016
Aux Cahiers de Poésie Verte, La Cloche de tour­mente, (Prix Trou­ba­dours 2014)
Aux édi­tions Edit­in­ter, Équili­bre du présent, 2013
Aux Edi­tions de l’Atlantique, Une Voix longtemps cher­chée, 2011, La Remon­tée du courant, 2010, L’Epreuve des lim­ites, 2010
Aux Edi­tions La Porte, La Baguette de coudri­er (2010), Tant va le regard  (2007)

 

Livres d’artiste : 

Un poème extrait  D’Absence et de lumière, illus­tré par cinq gravures sur bois d’ Eva Gallizzi,
Buchgestal­tung, Holzschnitte und Kün­st­lerisches Konzept : Eva Gal­lizzi, Zürich 2010.
Où va la route, illus­tré par qua­tre gravures de Dominique Pen­loup, Le Galet bleu, décem­bre 2013.
La neige comme un appel, livre pau­vre Béa­trice Marchal/Dominique Penloup
Ban­nières de mai, Béa­trice Marchal/ Dominique Penloup
Insai­siss­ables mes­sages, Béa­trice Marchal/ Agnès Delat­te, Revue Ce qui reste, jan­vi­er 2017
Quelque chose d’enfoui, Béa­trice Marchal/ Sarah Wiame (éd. Céphéides, mai 2017)
Tout un monde, Béa­trice Marchal/ Maria Desmée (octo­bre 2017)
Lumière préservée, Béa­trice Marchal/ Dominique Pen­loup (éd. du Galet bleu, 2018)
Oser la chute, Béa­trice Marchal/ Dan Stef­fan (Ban­des d’artistes, Les Lieux-Dits, 2018)

 

Poèmes choi­sis

Autres lec­tures

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Christophe Mahy

Christophe Mahy est né en 1970 à Charleville-Méz­ières. Il réside actuelle­ment en Touraine, dans le départe­ment du Loir-et-Cher. C’est en 2001 qu’il intè­gre la revue Les Amis de La Grive (lit­téra­ture générale con­tem­po­raine) où il côtoie, entre autres, des auteurs tels que Franz Bartelt, Guy Gof­fette, Alain Bertrand, Alain Dan­tinne, Lam­bert Schlechter, Bertrand Degott et surtout Jean-Claude Pirotte, qui lui fait con­naître l’association des Amis d’André Dhô­tel et la revue La Route incon­nue. Pen­dant plusieurs années, il donne des poèmes, des arti­cles, des chroniques et des notes de lec­ture à ces deux revues puis il col­la­bore à Diérèse (poésie con­tem­po­raine) pour laque­lle il tient le rôle de chroniqueur réguli­er entre 2012 et 2014. Il noue des rela­tions avec plusieurs poètes au sein des édi­tions L’Arbre à Paroles et est invité en 2011 au Fes­ti­val Inter­na­tion­al de Poésie de Namur (Bel­gique). Son tra­vail d’écriture se con­sacre en pri­or­ité à la poésie libre ou en prose, mais aus­si au réc­it, à la chronique, la fic­tion et au spec­ta­cle vivant. Il a pub­lié à ce jour une trentaine d’ouvrages chez divers édi­teurs indépen­dants ou régionaux. Il est égale­ment l’auteur de plusieurs livres d’artistes, en tirages lim­ités ou hors com­merce, de pré­faces et de notices. Il est le lau­réat du prix du poème en prose Louis Guil­laume 2018 pour Paysages du vent, aux édi­tions Noires Terres.
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