Olivier Vossot, L’écart qui existe

Par |2022-04-06T07:50:46+02:00 5 avril 2022|Catégories : Critiques, Olivier Vossot|

Il est dif­fi­cile d’évoquer ce recueil sans se reporter au précé­dent d’Olivier Vos­sot, et dont il est la pro­lon­ga­tion qua­si naturelle, en quelque sorte et en toute logique. 

J’avais d’ailleurs eu l’occasion de dire ailleurs tout le bien que j’en pen­sais et la cer­ti­tude d’assister à l’affirmation d’une vraie voix. S’il existe une fil­i­a­tion entre L’écart qui existe et Per­son­ne ne s’éloigne, elle est certes à trou­ver dans la thé­ma­tique, à savoir une cor­re­spon­dance men­tale, intime, avec un dis­paru qui est tou­jours là, tou­jours plus près parce qu’en deçà du quo­ti­di­en. Dans les brèch­es, les inter­stices, le blanc de la page, le noir de l’écriture. Les mots d’Olivier Vos­sot ne doivent rien au hasard. Ils sont pesés avec patience, triés sur le volet, non par souci d’esthétique, recherche d’effet ou de sin­gu­lar­ité séman­tique mais parce qu’ils sont les seuls qui font sur­gir la réal­ité de l’absence en même temps que son irrémé­di­a­ble pou­voir de résilience. Certes, l’absence est lisse, sourde mais elle prend corps au quo­ti­di­en, tout sim­ple­ment parce que quoi qu’on écrive ou pas, il est tou­jours ques­tion d’une lumière et que c’est en ce mys­tère que réside tout le sens de la vie humaine. S’adresser au mort pour par­ler aux vivants et se par­ler à soi-même. Laiss­er sur­gir, être à l’écoute. Des mots vien­nent dont on ne sort pas. C’est peut-être ain­si que la poésie s’accomplit, avec le silence des sou­venirs comme une pierre chaude, / à l’intérieur. Olivi­er Vos­sot ne se dérobe pas à la quête ini­ti­a­tique qu’il s’est imposée de longue date, et le lecteur ne s’y trompe pas. Il recon­naît de page en page la recherche de l’équilibre, le fardeau d’un passé sans nais­sance qui est sans doute le sien, à lui aus­si. Il ressent la mor­sure de jours noirs comme ce qui seul peut solid­i­fi­er le temps et den­si­fi­er l’espace.

Olivi­er Vos­sot, L’écart qui existe, Les Car­nets du Dessert de Lune, 2020, 88 p, 14€.

Une belle réus­site pour l’auteur, qui con­firme que sa voix est à l’unisson des poètes de l’intime et de la pro­fondeur et qu’il puise en toute con­nais­sance de cause aux sources de l’essentiel. 

Présentation de l’auteur

Olivier Vossot

Olivi­er Vos­sot est né en 1980 à Dijon. Il vit depuis 2005 en Alsace, près de Stras­bourg, où il enseigne les let­tres clas­siques. Il a pub­lié ses poèmes dans divers­es revues (Diérèse, Arpa, Con­tre-allées, Décharge, Voix d’encre, Tra­ver­sées, L’intranquille…). Son pre­mier livre Per­son­ne ne s’éloigne est pub­lié en 2017 aux édi­tions l’échappée belle et obtient le Prix du pre­mier recueil de poésie 2018 (Fon­da­tion Labbé). 

Poèmes choi­sis

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Christophe Mahy

Christophe Mahy est né en 1970 à Charleville-Méz­ières. Il réside actuelle­ment en Touraine, dans le départe­ment du Loir-et-Cher. C’est en 2001 qu’il intè­gre la revue Les Amis de La Grive (lit­téra­ture générale con­tem­po­raine) où il côtoie, entre autres, des auteurs tels que Franz Bartelt, Guy Gof­fette, Alain Bertrand, Alain Dan­tinne, Lam­bert Schlechter, Bertrand Degott et surtout Jean-Claude Pirotte, qui lui fait con­naître l’association des Amis d’André Dhô­tel et la revue La Route incon­nue. Pen­dant plusieurs années, il donne des poèmes, des arti­cles, des chroniques et des notes de lec­ture à ces deux revues puis il col­la­bore à Diérèse (poésie con­tem­po­raine) pour laque­lle il tient le rôle de chroniqueur réguli­er entre 2012 et 2014. Il noue des rela­tions avec plusieurs poètes au sein des édi­tions L’Arbre à Paroles et est invité en 2011 au Fes­ti­val Inter­na­tion­al de Poésie de Namur (Bel­gique). Son tra­vail d’écriture se con­sacre en pri­or­ité à la poésie libre ou en prose, mais aus­si au réc­it, à la chronique, la fic­tion et au spec­ta­cle vivant. Il a pub­lié à ce jour une trentaine d’ouvrages chez divers édi­teurs indépen­dants ou régionaux. Il est égale­ment l’auteur de plusieurs livres d’artistes, en tirages lim­ités ou hors com­merce, de pré­faces et de notices. Il est le lau­réat du prix du poème en prose Louis Guil­laume 2018 pour Paysages du vent, aux édi­tions Noires Terres.
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